Un programme pilote de dépistage du cancer du poumon sera déployé en France d’ici la fin de l’année, une étape clé avant la probable généralisation du dépistage organisé.
C’est un pas de plus vers la mise en place d’un dépistage organisé du cancer du poumon, première cause de mortalité par cancer en France selon l’Inca (Institut national du cancer), avec 30 000 décès chaque année.
Les premiers volontaires devraient être inclus dans ce projet de recherche qui combinera un scanner thoracique à faible dose avec une proposition d’arrêt du tabac. Tout doit commencer d’ici le début du second semestre 2025, explique à BFMTV le professeur Norbert Ifrah, président de l’Institut.
“Il n’existe pas aujourd’hui de dépistage organisé du cancer du poumon”, explique ce dernier. Mais “suite à des études qui ont montré son intérêt, nous avons décidé de lancer un programme de recherche permettant de répondre à quelques questions restées sans réponse et de permettre ensuite la généralisation du dépistage organisé sur le territoire”.
La Haute autorité de santé avait, début 2022, recommandé « la réalisation d’essais en vie réelle pour le dépistage du cancer du poumon ». Et cela parce qu’elle a estimé que “l’analyse des nouvelles données disponibles montre que le dépistage par scanner à faible dose chez les personnes fortement exposées au tabac entraîne une réduction de la mortalité spécifique” tout en indiquant la nécessité d’informations complémentaires via un programme pilote. . Ce programme doit donc permettre d’apporter des réponses à la HAS avant un éventuel déploiement à grande échelle.
Selon l’Inca, « l’objectif du dépistage est de permettre une détection précoce des cancers, avant tout symptôme, afin que le traitement ou l’intervention puisse être efficace ».
“L’intérêt du dépistage est majeur pour la santé publique” étant donné que le cancer du poumon est le plus meurtrier en France, avec plus de 30 000 décès chaque année, a souligné le professeur Ifrah, ajoutant que “cette année, on s’attend à ce que les décès par cancer du poumon dépassent les décès par cancer du sein chez les femmes”. .
La plupart des cas sont détectés à un stade avancé de la maladie, ce qui réduit les chances de traitement et de guérison. Le tabac reste le principal facteur de risque.
20 000 fumeurs ou ex-fumeurs
Baptisé Impulsion, le projet pilote, choisi après examen par un comité d’évaluation international et appel à candidatures, est porté par un consortium coordonné par le Professeur Marie-Pierre Revel (Assistance Publique – Hôpitaux de Paris) et par le Professeur Sébastien Couraud (Hospices Civils de Lyon). Il devrait être lancé d’abord en Ile-de-France et à Lyon, avant d’être étendu à d’autres régions.
L’étude prévoit d’inclure 20 000 participants. Le projet pilote s’adresse aux “personnes âgées de 50 à 74 ans, fumeurs et ex-fumeurs sevrés depuis moins de 15 ans avec une consommation cumulée de tabac d’au moins 20 paquets/an”, détaille l’Inca, soit l’équivalent d’un paquet. de cigarettes par jour pendant cette période ou deux paquets de cigarettes par jour pendant 10 ans ou encore “un peu moins de cigarettes mais plus longtemps”, ajoute Norbert Ifrah.
Les participants se verront proposer un scanner thoracique à faible dose : deux scanners à un an d’intervalle puis un examen tous les deux ans. Un suivi pris en charge par l’Assurance Maladie explique l’Inca.
« C’est l’équivalent du scanner que l’on connaît mais avec des doses d’irradiation infiniment plus faibles et un temps d’examen beaucoup plus court », commente le président de l’Institut.
L’inclusion des participants sera envisagée via plusieurs modalités, certains professionnels de santé, certains centres d’Assurance Maladie, ou encore via une plateforme numérique, ou par téléphone, lit-on dans le communiqué de l’Inca.
L’Inca financera l’organisation à hauteur de 6 millions d’euros. En France, trois cancers (sein, colorectal, col de l’utérus) font l’objet d’un dépistage organisé, proposé systématiquement à une population cible.
Selon le panorama inca des cancers, les cancers les plus fréquents chez l’homme restent la prostate (59 885 cas), le poumon (33 438 cas) et le côlon-rectum (26 212 cas). Chez la femme, celles du sein (61 214 cas), colorectale (21 370 cas) et pulmonaire (19 339 cas).