Depuis sa réélection en novembre, le président américain joue au Canada, s’amusant à s’amuser avec ce qu’il considère comme son potentiel 51e État. Être à la merci des humeurs d’un homme qui pense qu’il est plus fort que le monde entier est dangereux. Tout d’abord, parce que les concessions que les gouvernements d’ici et d’ailleurs lui offrent déjà le droit aux pays souverains pour établir leurs propres priorités.
Une guerre est donc en cours. Heureusement, c’est “seulement” commercial, bien en dessous des horreurs d’une confrontation armée. Mais c’est la même mécanique d’humiliation qui est à l’œuvre et nous voulons riposter avec autant de ferveur que les peuples attaqués avec des chars et des bombes.
Les derniers jours sont la preuve de ceci: injustement pris à la partie, les Canadiens n’ont pas l’intention de se laisser faire. Ils le démontrent en accrochant l’hymne national américain lors des réunions sportives; En creusant la tête pour éviter les produits des États-Unis; En affirmant sur tous les stands qu’ils annuleront leur abonnement à Netflix ou à un voyage prévu au sud de la frontière …
Notre fureur collective est magnifique à entendre. J’essaie toujours de l’observer avec prudence: cela ressemble à tant de débuts enthousiastes de “vraies” guerres, les sanglantes.
Je vois les Ukrainiens qui, il y a trois ans, le 24 février, ont affiché une fière résistance à la Russie qui a envahi leur pays. Pour croire les enquêtes au printemps 2022, près de la moitié d’entre eux ont dit que tout serait réglé en moins de six mois. Aujourd’hui, il n’y a pas l’ombre d’une fin à venir.
Je vois également les soldats français qui, il y a plus de cent ans, étaient partis au combat, sauf avec des fleurs à la fin du fusil, comme la légende le veut, au moins convaincue qu’ils seraient de retour quelques semaines plus tard … La Première Guerre mondiale allait enfin durer quatre ans.
Les dirigeants qui rêvent d’agrandir leur empire – et c’est le cas de Donald Trump qui vise à prendre le contrôle économique du Canada ou du Groenland territorial – ne cède pas si facilement. Leur ténacité, motivée par la cécité et l’adoration de leur propre pouvoir, est infiniment plus grande que l’indignation des peuples.
Il est d’autant plus vrai qu’indigner est une émotion difficile à maintenir à long terme: c’est si vide! Changer vos habitudes, si la consommation, c’est tout aussi exigeant.
Les Canadiens dureront-ils longtemps pas “acheter américain”? Vous devez être discipliné et informé, et avoir le temps, d’assurer l’origine exacte de vos achats. Et la motivation peut se pencher si le gouvernement fédéral envoie des messages contradictoires: par exemple en renforçant la surveillance des frontières pour satisfaire un caprice présidentiel, tandis que la situation ne nécessite pas une telle attention.
Nous pouvons donc s’attendre à une relaxation des troupes, surtout si l’achat local coûte plus cher, car nous ne pouvons pas ignorer le contexte actuel. Les banques alimentaires s’effondrent car les Canadiens ont du mal à terminer leur budget. Et au Québec, nous avons quelques semaines à partir d’une forte augmentation des loyers …
Il faut donc admettre que monter seul au combat, ou avec d’autres “seuls”, sans être organisés, est de spontanéité sans demain (certaines personnes vivent selon leurs principes, mais elles ne sont pas si nombreuses). “La guerre est menée par des groupes, et non par des foules”, comme résumé par une étude de 2004 du Comité international de la Croix-Rouge ayant le titre Origines du comportement dans la guerre.
Et pour s’accumuler, un groupe a besoin de supervision. Par exemple, si les entreprises guident les consommateurs dans l’achat local et ont l’intention de le faire à long terme, nous sommes déjà à un autre niveau. L’interdiction officielle de l’hymne national américain des arènes canadiennes serait également un signal fort et organisé d’insatisfaction.
De plus, les cibles doivent être bien identifiées sur le champ de bataille. C’est pourquoi j’ai trouvé la déclaration si intéressante que le Premier ministre du Québec, François Legault, publié dimanche sur Facebook. Nous devons, écrit-il, riposté aux menaces américaines, mais “tout en veillant à ne pas nous blesser”.
J’ai vu un avertissement contre les réactions prématurées, de ceux qui nécessitent un boycott pur et simple dans un univers commercial plus complexe qu’il n’y paraît.
Je me demandais même dans quelle mesure je devais pénaliser les producteurs du Vermont, tandis que leur sénateur Bernie Sanders est férocement au front contre le président Trump et les oligarques autour de lui. Ne devrions-nous pas également identifier nos alliés et les garder de notre côté? Sans oublier le poids écologique de nos choix, a soudainement passé en silence. Acheter un produit dans le Maine, une terre démocratique qui a soutenu Kamala Harris et cela nous appartient, n’est-ce pas mieux que de se tourner vers la lointaine de la Colombie-Britannique?
Bref, soyons unis, mais qui? Quoi ? En temps de guerre, le patriotisme doit-il tout effacer? Je préfère la proposition la plus modeste du Premier ministre: achetons québécois quand nous le pouvons. Qui comprend des voyages et des produits culturels!
Legault avait également raison de souligner dans sa missive que “les prochains mois seront difficiles”. Il avait même une phrase prémonitoire: “Nous pourrions dire que cela ne durera pas, mais il serait dangereux de penser comme ça.” “
Ainsi, même si Donald Trump vient de faire une première baisse, il est loin d’avoir rassuré ses partenaires économiques. Au cours des quatre prochaines années, les gouvernements et les entreprises devront toujours garder les mesures à prendre à l’esprit pour contrer les coups inattendus qu’il pourrait assurer. La guerre des nerfs sera formidable.
J’ai donc apprécié le fait qu’en finale de son message du dimanche, qu’il a réitéré ce mardi à l’Assemblée nationale, François Legault nous invite à la solidarité. “Mobilisons, pressons nos coudes”, lui-même étant ouverts aux contributions des partis d’opposition.
En fait, même lorsqu’il est joué dans une muette, il faut comprendre qu’une guerre s’épuise soit elle-même, ou dans l’impulsivité, soit dans un trouble. Et comme nous ne sommes pas sortis du bois …