Une étude publiée le 10 février dans la prestigieuse revue scientifique Nature Medicine raconte un cas étrange. Un individu, dont le patrimoine génétique aurait dû l’amuser à développer la maladie d’Alzheimer, qui y a échappé pour une raison encore inconnue. Décroisser ce mystère pourrait permettre de mieux comprendre et traiter cette pathologie.
C’est un étrange “mouton à cinq pattes” qui intrigue la communauté scientifique. Le cas d’un homme, dont le patrimoine génétique familial l’a destiné à ressentir une apparition précoce de la maladie d’Alzheimer, qui a finalement remporté un séjour d’au moins vingt ans. Un cas isolé et quasi-pièce, en contradiction avec nos connaissances actuelles sur cette condition. Et un espoir potentiel?
Cette anomalie fait l’objet d’un article prévu publié ce lundi 10 février dans la prestigieuse revue scientifique Nature Medicine. Chercheurs américains Découvrez les antécédents médicaux d’un homme – à une identité inconnue – dont la famille est systématiquement affectée par la maladie de manière héréditaire avec une apparence précoce de symptômes, entre 48 et 58 ans.
L’individu au cœur de l’étude a maintenant 72 ans … et n’a jamais souffert de démence spécifique à ce trouble, contrairement au reste de sa famille. Cependant, il est comme eux portant une rare mutation génétique, la préséniline, responsable de l’apparition de cette forme héréditaire d’une maladie dévastatrice attaquant le cerveau.
“Cette affaire nous remet en question”, a déclaré le professeur Philippe Amouyel, directeur général de la Fondation Alzheimer. “Pourquoi? Parce que nous disons que cette personne, bien qu’il ait eu cette mutation extrêmement pathogène, est protégée.”
“Elle a une résilience à la maladie d’une manière ou d’une autre”, poursuit le spécialiste.
Cette affaire est la combinaison de deux phénomènes de l’ordre de l’improbable. Premièrement, être atteint par une mutation héréditaire résultant en cette maladie. Puis après avoir échappé à la démence pendant au moins vingt ans. “Nous sommes vraiment dans une situation statistique très improbable”, a déclaré Jean-Charles Lambert, directeur de recherche chez Interm, spécialiste de la maladie d’Alzheimer.
“La question intéressante est: pourquoi?”
L’étude publiée dans la revue Nature Medicine fournit une quantité très utile d’informations sur cette affaire. Données collectées pendant dix ans: imagerie, analyses, suivi biologique -Up … “un fichier extrêmement fourni” selon le professeur Philippe Amouyel. Malgré tout ce qui aurait pu être partagé dans le reste de la communauté scientifique, un grand vide se fait sentir.
“La question intéressante est la suivante: pourquoi? L’article ne répond pas”, a déclaré le chercheur Interm.
Cette étude est purement observationnelle. Son objectif, de mettre les données collectées à la disposition de tous, pour faire avancer la recherche plus rapidement, une approche scientifique ouverte si appelée. Si aucune réponse ferme n’est éliminée, certaines portes sont ouvertes. Le défi consiste à déterminer si un ou plusieurs facteurs génétiques ou environnementaux sont responsables de sa résistance. Et si oui, lesquels?
Plusieurs éléments de réponse potentiels ont déjà été rejetés. C’est particulièrement le cas avec une mutation observée en 2019 chez un patient précédent. La seule autre cas documenté d’une personne souffrant également d’une forme héréditaire d’Alzheimer, encore plus agressive et d’où elle était également protégée.
Dans ce cas, l’origine de sa résilience pourrait être identifiée. Il a été protégé grâce à la mutation d’une protéine, “apolipoprotéine E”. Mais le patient dont le cas vient d’être rendu public semble bénéficier d’une protection grâce à un autre facteur encore inconnu.
L’une des hypothèses présentées par les auteurs de l’étude est liée à son environnement de travail. “C’est quelqu’un qui a travaillé dans un contexte particulier, avec des moteurs diesel … il a longtemps été exposé dans sa vie à des températures élevées (…), ils croient que cela peut être une piste, mais c’est un peu tiré par cheveux, “juge Jean-Charles Lambert.
Certaines spécificités ont été observées dans son corps: la présence plus grande ou inférieure de certaines protéines, en particulier celles qui apparaissent en réponse à une exposition à la chaleur. Mais difficile à tirer des conclusions, car c’est un cas unique. Il est tout à fait possible que ce ne soient que des spécificités spécifiques à l’individu sans rapport réelle avec sa capacité à se protéger de la maladie.
Comprendre l’anomalie pour mieux comprendre la maladie, puis la traiter
Le cas exposé à la communauté scientifique est susceptible d’attirer l’attention. Parce que cela pourrait permettre une nouvelle approche thérapeutique, les chemins de traitement pour retarder ou guérir Alzheimer. Si ce nouveau cas est particulièrement intéressant, c’est parce que les images de son cerveau montrent que la première étape du processus proprement dite à l’apparition de la maladie s’est bien produite.
Très à peu près, ce trouble se manifeste en deux étapes. “Il existe d’abord des lésions d’une espèce de protéine collante (amyloïde) qui se propage dans le cerveau entre les neurones. La deuxième étape, le développement d’anomalies au sein des neurones,” l’hyperphosphorylation de la protéine du tau, qui conduit à la mort des neurones “, Résume le directeur général de la Fondation Alzheimer.
Cependant, dans cet homme est bien observé dans de nombreux dépôts amyloïdes, encore plus que chez certaines personnes symptomatiques de sa famille. La deuxième étape n’a pas été manifestée.
Trouver la cause de cette résilience sans précédent pourrait peut-être permettre de trouver un moyen plus général de traiter la deuxième partie du développement de la maladie et la mort des neurones entraînant les formes de démence qui suit. Sur ce point, le cas de 2019 est déjà à l’origine d’une nouvelle approche thérapeutique, qui devrait bientôt être mise à disposition en Europe. Son intérêt est ainsi renforcé.
Malgré les espoirs, la prudence reste en ordre pour Philippe Amouyel qui appelle à ne pas crier trop tôt. Cependant, il est ravi de cette nouvelle et de ce qu’elle pourrait impliquer dans la lutte presque sans fin contre la maladie d’Alzheimer. “La recherche progresse, elle n’ira jamais assez vite, mais ce type de cas est important”, dit-il. “Nous découvrons tous les jours et nous devons rendre les gens aux gens par la recherche.”