
Peu avant minuit le jeudi 20 février, la gauche a remporté une victoire hautement symbolique pour la justice fiscale. Grâce à l’abstention de l’extrême-droite du parti national de Rassembement (RN), la proposition des Verts pour une taxe sur les richesses sur les individus «ultra-riches» a été adoptée par l’Assemble nationale. Un succès clair: le projet de loi, mis en avant par Eva SAS et d’autres députés verts, a reçu 116 voix en faveur et seulement 39 contre. “L’impunité fiscale des milliardaires est terminée”, a immédiatement salué SAS. Avec ce vote, la France a envoyé un message au monde entier, selon elle: il est possible d’arrêter “l’évasion fiscale des ultra-riches”.
Bien que ce soit certainement une victoire, c’était, surtout, symbolique. En effet, il n’y a pratiquement aucune chance qu’après cette première lecture à l’Assemblée, le projet de loi sera validé par la majorité de droite de Sénat, qui a été très hostile à une telle taxe. De plus, même si cet obstacle était surmonté, il ne serait pas hors de question que le Conseil constitutionnel pourrait considérer la taxe «confiscatoire» et la renverser. “Cette mesure ne sera jamais appliquée”, a assuré jeudi le député Fabien Di Filippo. Di Filippo, le législateur des Républicains (LR, à droite), a été l’adversaire le plus déterminé de la taxe à l’Assemblée, et a rédigé 26 modifications au projet de loi – qui ont tous été rejetés.
Était-ce un grand geste pour rien, après qu’un amendement sur le même sujet a été voté en octobre 2024, pour être par la suite abandonné avec toute la première version du budget? Pas tout à fait. Le débat dans l’Assemblée nationale a effectivement confirmé l’importance du sujet.
Pendant des années, les inégalités de richesse sont en augmentation – en France et ailleurs – avec la fortune de nombreux hommes d’affaires et héritiers en flèche grâce au marché boursier. Pourtant, bon nombre de ces individus très riches échappent à l’imposition, en structurant leurs actifs afin qu’ils génèrent peu de revenus imposables. Compte tenu de ces conditions, l’idée d’imposer la richesse plutôt que par le revenu, économiste Gabriel Zucman, a gagné du terrain dans le monde entier. “Nous devons trouver un moyen de capturer une partie de la richesse qui échappe à la fiscalité”, a admis le député aligné par Macron, Pierre Cazeneuve.
Le gouvernement a ses propres plans
Le projet de loi a voté jeudi serait l’une des premières demandes mondiales d’une “taxe Zucman”. Il prévoit l’introduction d’un taux d’imposition minimum de 2% sur la richesse des personnes dont la valeur nette dépasse 100 millions d’euros, soit environ 1 800 ménages fiscaux en France. Selon ses partisans, cela permettrait au gouvernement de rapporter entre 15 milliards et 25 milliards d’euros par an.
Cependant, le débat a également mis en évidence les complexités du plan: comment déterminer la valeur des actifs non cotée? Est-il possible d’empêcher la taxe de conduire des personnes ultra-riches pour quitter le pays? Certains fondateurs de nouvelles entreprises innovantes ne doivent-elles pas vendre leurs entreprises pour payer la taxe? Ce ne sont que quelques-uns des problèmes qui doivent être résolus. Le projet s’est également affronté contre la résistance anti-fiscale typique de la droite: bien que limitée à 2%, la “taxe de Zucman” a été critiquée comme une mesure “matraque”, une “raquette irréaliste” qui effrayerait les riches, ce qui ne donnait peu de choses Revenus, et prouvent «destructeur pour l’emploi».
La session parlementaire de jeudi a également permis au gouvernement de clarifier ses propres plans. Consciente de la «suroptimisation» pratiquée par certaines personnes, le ministre des comptes publics Amélie de Montchalin a déclaré qu’elle présenterait un nouveau système fiscal en mai.
Avec sa «taxe minimale différentielle» proposée, l’État garantirait que la somme des différentes taxes payées par un individu serait, au moins, égal à 0,5% de sa valeur nette – plutôt que 2%. Il s’agissait d’une version plus douce de la «taxe Zucman», en ce sens que les actifs professionnels en seraient exclus, même s’ils constituent la partie principale des actifs des individus ultra-riches. Cette taxe rapporterait 2 milliards d’euros par an, soit 10 fois moins que celle adoptée jeudi.