Selon une étude de l’IFOP pour les Donons de solidarité de l’association, 47% des Français limitent leur consommation de produits d’hygiène par manque de moyens et 17% d’arbitrage entre l’achat de produits alimentaires ou d’hygiène.
Hygiène, un luxe? Selon une enquête réalisée par IFOP et dévoilée par la Solidarity Donons Association le lundi 7 avril, 8 millions de Français doivent arbitrer entre l’achat de produits alimentaires ou d’hygiène, ou 17% de la population. Un chiffre qui grimpe à 39% dans les plus précaires.
“Depuis 2019”, le baromètre d’hygiène et de précarité “met en évidence la progression alarmante de la précarité hygiénique, qui met en place à un niveau critique” L’Association des dons de solidarité dans un communiqué de presse.
47% des plus de 4 000 personnes interrogées en novembre 2024 indiquent également que le contexte économique les a encouragés à limiter leur consommation de produits d’hygiène. Ces restrictions concernent 71% des personnes dans la pauvreté, un “niveau record” selon des dons de solidarité.
Ceux de moins de 35 ans sont particulièrement en difficulté: plus de 6 jeunes sur 10 (62%) affirment qu’ils restreignent leur consommation de produits d’hygiène en raison de difficultés financières et 25% disent qu’ils ont dû choisir entre l’achat de produits alimentaires ou d’hygiène.
8% abandonnent l’achat de gel de douche
En première ligne, des produits cosmétiques tels que le maquillage ou les produits de coloration des cheveux. Viennent ensuite des hydratants, des rasoirs ou des déodorants auxquels 12% des personnes abandonnent. Lorsque 9% abandonnent l’achat de linge ou de shampooing par manque d’argent, 8% du gel de douche, du savon ou du dentifrice et 7% du papier hygiénique.
22% des Français, ou 11 millions, limitent la consommation de papier hygiénique. 15% arborent leurs shampooings pour économiser et 10% de lavage sans utiliser de gel de douche.
“Nous le faisons avec les moyens à portée de main, nous utilisons du shampooing pour laver le corps ou vice versa gel de douche pour la tête […] Et je fais rarement la lessive, je mets les vêtements à ventiler pour éviter qu’il y ait des odeurs “, explique Françoise, 63 ans, sans emploi, avec des dons de solidarité.
23% des parents de jeunes enfants et 44% des familles uniques doivent abandonner les couches d’achat par manque de moyens. Cela les oblige à “espacer les échanges ou à trouver des solutions de fortune, avec des conséquences directes sur l’hygiène et le bien-être des bébés”, note les solidaires.
Les femmes rencontrent un autre problème majeur: la précarité menstruelle. 16% des femmes interrogées disent régulièrement des protections périodiques et 13% ont déjà dû utiliser une protection de fortune telle que le tissu ou le papier hygiénique. Une situation qui a des répercussions sur leur vie sociale ou professionnelle: une Française sur dix a déjà renoncé à quitter la maison ou a raté des travaux en raison d’un manque de protections hygiéniques.
Précarité hygiénique, “Source d’inconfort et d’isolement”
Plus généralement, le sentiment d’inconfort, de stress et de préoccupation est perceptible dans une grande partie de personnes concernées par la précarité hygiénique. La moitié des personnes concernées déclarent un impact négatif sur leur estime de soi. Ainsi, 31% de ces répondants disent qu’ils évitent de sortir et 23% de fuir les interactions sociales. 28% se sentent mal à l’aise au travail, 15% abandonnent le travail et 14% d’un entretien d’embauche.
“La précarité hygiénique ne se limite pas à l’inconfort quotidien: elle commence un cercle vicieux. Source d’inconfort et d’isolement, il alimente l’exclusion sociale et renforce la précarité”, insiste l’association.
Hourria Taleb, le secrétaire national de Secours Populaire, a déclaré à BFMTV que les personnes qui traversent les portes de l’association n’osent pas toujours demander des produits d’hygiène. “IIS a l’impression que c’est un luxe, qu’il ne se rend pas en cas d’urgence (…) ou n’abuse pas de solidarité en lui demandant”, a-t-elle dit des chiffres qui ont augmenté d’année en année depuis la crise covide.
“Nous apportons souvent la précarité à la nécessité de manger, mais l’hygiène fait partie du bien-être”, explique Homeria Taleb.
L’enquête a été menée par l’Institut IFOP avec un échantillon de 4003 répondants, représentatifs de la population française de plus de 18 ans. La représentativité de l’échantillon a été assurée par la méthode du quota (sexe, âge, profession de la personne interrogée) après stratification par région et catégorie d’agglomération. Les entretiens ont été réalisés par Internet du 14 au 20 novembre 2024.