Karl Bélanger a travaillé pendant près de 20 ans sur la colline parlementaire à Ottawa, notamment en tant qu’attachement de presse principal de Jack Layton et du secrétaire principal de Thomas Mulcair. Il a ensuite agi en tant que directeur national du NPD avant de mettre fin à sa carrière politique à l’automne 2016. En plus d’agir en tant que commentateur et analyste politique à la télévision, à la radio et sur le Web, Karl est président de Traxxion Strategies.
Avec l’approche de la mi-campagne, les sondages confirment la polarisation du vote entre le Parti libéral (PLC) et le Parti conservateur (CCC) du Canada, qui fait que les autres cours de formation sont trouvés avec des miettes.
Le contexte de la guerre commerciale lancée par le président américain, Donald Trump, laisse peu de place à d’autres problèmes. Le Bloc Québécois et le New Democratic Party (NPD) recherchent ainsi l’oxygène pour essayer de donner une nouvelle vie à leurs campagnes respectives, car si la tendance est maintenue, les deux cours de formation peuvent perdre leur statut officiel de parti à la Chambre des communes, rien de moins. Pour le garder, ils doivent gagner au moins 12 sièges.
Ces derniers jours, il a été observé que les Blquistes et les néo-démocrates tentent de s’adapter. De toute évidence, les deux parties font des propositions en réponse aux gestes des États-Unis, juste pour s’intégrer dans la conversation principale de la campagne.
Mais ils militent également de plus en plus ouvertement en faveur de l’élection d’un gouvernement minoritaire libéral. Parce que c’est peut-être leur porte de sortie.
Le chef du Bloc Québécois, Yves-François Blanchet, parle souvent de l’obtention de l’équilibre des pouvoirs à la Chambre des communes. La création d’un tel équilibre des pouvoirs permettrait au bloc de jouer un rôle clé dans la vie parlementaire et de matérialiser la défense des intérêts du Québec dans les gains concrètes. Dans un parlement majoritaire, le bloc n’a qu’une influence limitée sur le cours des événements. “En 2025, le Bloc Québécois empêchera la majorité de quiconque! A récemment lancé le chef de bloc.
Pour le bloc, l’élection d’un gouvernement minoritaire avec un NPD relégué à l’oubli serait le scénario idéal, même en perdant quelques sièges. Lors de la dernière version du gouvernement Trudeau, le NPD a mis le bloc hors du jeu en signant un accord de gouvernance avec les libéraux. Lorsque Jagmeet Singh a mis fin à cet accord l’automne dernier, le bloc de facto a augmenté l’équilibre des pouvoirs. Le parti a tenté d’en profiter pour obtenir des concessions, sur les pensions et la gestion de l’offre. Malheureusement pour les Blquaïstes, Justin Trudeau a toujours pu continuer à compter sur les néo-démocrates pour assurer la survie de son gouvernement sans rien abandonner en retour.
Jagmeet Singh a également commencé à revoir son discours et son espoir pour un gouvernement minoritaire. Pour lui, la tactique est délicate à mettre en œuvre. D’une part, continuer à affirmer qu’il se présente pour être Premier ministre serait peu crédible avec la chute du NPD dans les urnes. D’un autre côté, arrêter de faire campagne pour élire un gouvernement néo-démocratique pourrait être perçu comme un moyen d’admettre la défaite et de conduire encore plus le parti. La salle pour la manœuvre est très mince.
Le chef du NPD concentre désormais son message sur les gains de sa formation dans les deux derniers gouvernements minoritaires: le régime d’assurance-médicaments, les soins dentaires, la loi interdisant les travailleurs de remplacement, les deux semaines de congé de maladie payées pour les travailleurs en vertu de la réglementation fédérale. La liste est importante et Jagmeet Singh aimerait recevoir le mérite des électeurs. La capacité du parti à obtenir d’autres gains sous un gouvernement minoritaire suivant est au cœur de l’argument néo-démocratique.
À l’heure actuelle de la campagne, le NPD souhaite sauver les meubles et avoir un nombre suffisant de députés élus pour empêcher l’élection d’un gouvernement libéral majoritaire et ainsi garder son influence sur un gouvernement libéral minoritaire. Un gouvernement conservateur minoritaire? Pas de question. “Je peux vous dire une chose très claire: les néo-démocrates et moi-même en tant que chef ne soutiendront jamais Pierre Hairy en tant que Premier ministre”, a déclaré Jagmeet Singh.
Contrairement à Yves-François Blanchet, qui refuse d’exprimer une préférence, le chef du NPD essaie ainsi de rapatrier les électeurs qui ont abandonné sa formation au profit des libéraux, car ils ont été effrayés par Donald Trump ou ce qu’ils perçoivent comme son émulateur canadien, Pierre Hairyvre.
La prochaine étape consiste à convaincre les électeurs que les conservateurs ne pourront pas combler le vide avec les libéraux. Paradoxalement, la probabilité de l’élection d’un gouvernement libéral doit devenir une certitude afin que la peur des électeurs s’évapore. Soudain, les électeurs anticonscentiels pourraient se sentir libérés de l’obligation de voter stratégiquement pour empêcher Pierre Hairy de l’accès au pouvoir.
Le problème pour les néo-démocrates et les Blquists est que Pierre Hairy ne collabore pas. Le chef du Parti conservateur mène une bonne campagne sur le terrain. Partout où il s’arrête, il attire des foules. Des milliers de partisans se déplacent pour l’entendre, même dans des endroits qui ne sont pas nécessairement des bastions conservatrices. Et, comme notre collaborateur Philippe J. Fournier l’a expliqué dans son analyse du lundi, les sondages ne disent pas tous la même chose et certaines maisons détectent un resserrement des intentions de vote. Trois semaines avant les élections, rien n’est joué. C’est la beauté de la chose pour le NPD et le bloc: ils ont encore le temps de renverser la vapeur, de récupérer des voix et de garder plus de sièges, comme l’indiquent les Pallas /Nouvelles publié aujourd’hui. Pour réussir, ils doivent espérer que la peur s’estompe, que Mark Carney trébuche et que Donald Trump se tient tranquillement.