Chaque dimanche, L‘équipe Nouvelles vous invite à lire (ou à relire) dans sa newsletter Miroir L’un des rapports les plus frappants de la riche histoire du magazine. Vous pourrez revenir au cœur de certains défis du passé, avec l’apparence de maintenant.
J’ai l’impression ferme qu’après la météo et le Canadien, l’accès à un médecin de famille se retrouve à la troisième étape du podium des discussions les plus vivantes du Québec. Confession: Je pense que j’étais plus ému quand j’ai appris qu’un endroit m’a été accordé sur la liste des patients pris en charge par ce médecin qui m’a suivi pendant ma grossesse que lorsque j’ai appris ladite grossesse. Je peux être exagéré. Ou non?
En 2009, le journaliste Dominique Forget a consacré à juste titre un rapport à l’omnipratique en médecine, où il a été constaté qu’un quart des Québécois n’avaient pas de médecin de famille.
Aujourd’hui est Encore Le trimestre des Québécois qui n’ont pas de médecin de famille (26,7% pour être précis, selon l’Institut des statistiques du Québec).
On pourrait avoir tendance à croire que l’accès direct aux soins de premier plan, avec une personne de confiance – qui connaît notre famille et les antécédents médicaux – est la base. Cependant, je ne compte plus le nombre de personnes qui me disent d’être enregistrées sur une liste d’attente pendant des années. Parfois même, dans des cas rares (mais réels), pendant une décennie.
Quelques jours après Pâques, cette idée d’un “code couleur” est ressuscité dans l’espace public. Une façon pour le Québec de classer les patients en fonction de leur état de santé, dans le but de “affecter uniquement les patients vulnérables à un médecin de famille”, selon ce qui a été libéré dans de nombreux organes de presse. “Personne ne perdra son médecin”, a promis le ministre Christian Dubé. Rien de rassurant, cependant, pour les personnes qui n’ont pas… perdant.
Pour les gens ordinaires, les omnipraciens semblent être de plus en plus inaccessibles. Les raisons expliquant cette perception (et cette réalité) sont multiples et persistent malheureusement. Il y a plus de 30 ans, Nouvelles déjà mentionné dans ses pages ces difficultés d’accès (“votre médecin et vous”, Nouvelles1992). Puis, en 2009, Dominique Forget a mis en évidence cette vague de retraites des omnipraciens qui se profilent tranquillement, nous avertissant des conséquences possibles. Nous vivons en course, 16 ans plus tard.
Le journaliste a également démontré que nous ne nous sommes plus bousculés dans la porte de la spécialité omnipratique au tournant des années 2010, au profit des spécialités (plus payantes) telles que la chirurgie ou l’anesthésiologie. Si les médecins de famille sont en quelque sorte le Saint-Graal des contribuables du Québec, ils sont malheureusement considérés comme de simples “Gripologistes” (juste bon pour traiter la grippe) ou dépôurs (Bon à diriger les gens vers des spécialistes) dans les écoles de médecine.
Les solutions pour effacer cette stigmatisation existent: plusieurs initiatives telles que les tables de concert et les mesures conjointes créées par le gouvernement et les fédérations des médecins ont depuis contribué à restaurer l’image de l’omnipratique.
La bonne nouvelle (parce qu’il y en a une) est que, lentement, nous voyons les fruits. Nous avons appris au début de la semaine que sur les 943 futurs résidents qui commenceront leur pratique supervisée en juillet 484 avait choisi la médecine familiale. Ils font partie du plus grand contingent de résidents omnipratiques jamais formés au Québec. Cette cohorte, même qualifiée comme “historique”, semble avoir voulu se disperser dans la belle province: 154 de ces futurs médecins travailleront dans des établissements en dehors des principaux centres urbains.
Assez pour commencer à rêver dans (code de) couleurs.
Bonne lecture!
Angie Landry, journaliste à Nouvelles
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