Selon une étude publiée par Public Health France, mardi 29 avril.
“Mangez au moins 5 fruits et légumes par jour”. Un message largement disséminé, mais loin de s’être intégré aux habitudes alimentaires des Français. Selon une double étude publiée ce mardi 29 avril dans le Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH) en santé publique, 71% des Français connaissent cette recommandation. Mais seulement un quart des femmes, et moins d’un cinquième des hommes disent avoir la consommation de fruits et légumes dans l’adéquation, avec au moins cinq portions de fruits et légumes par jour.
Pour obtenir ces résultats, les auteurs de l’étude étaient basés sur les résultats en 2021 du baromètre de santé publique, menés avec plus de 30 000 personnes, en France et à l’étranger. Ils ont examiné l’écart entre, d’une part, les recommandations du programme National Nutrition Health (PNNS), qui vise depuis 2001 à améliorer l’état de la santé de l’ensemble de la population en agissant sur la nourriture et, d’autre part, à la nourriture déclarée des Français.
Plusieurs groupes alimentaires ont été étudiés: fruits et légumes, aliments féculents complets, légumineuses et boissons sucrées.
Résultat: “En France en France, en 2021, 19,3% des hommes et 25,2% des femmes âgées de 18 à 85 ans ont déclaré une consommation de fruits et légumes conformément aux recommandations (au moins cinq fruits et légumes par jour)”.
En détail, la consommation d’au moins cinq fruits et légumes par jour est associée à être une femme, ayant un niveau de diplôme égal au BAC et occupe une profession intellectuelle plus élevée ou une profession intermédiaire. Selon l’étude, ces disparités reflètent une supériorité des “niveaux de connaissances générales dans la nutrition des femmes et des plus diplômés”.
“Nous savons que les femmes ont un biais de désirabilité sociale plus élevé en ce qui concerne la nourriture et la santé. Ils sont donc plus susceptibles de vouloir être de bons étudiants” avance Valérie Deschamps, experte en nutrition en santé publique en France et l’un des auteurs de l’étude.
Moins de fruits et légumes chez les jeunes
L’appartenance aux recommandations nutritionnelles varie en particulier en fonction de l’âge. Seulement 17% des 18-24 ans disent manger au moins cinq fruits et légumes par jour, près de la moitié de l’âge de 65 à 74 ans, le groupe d’âge “modèle” avec 30,1% des bons étudiants.
Plus nous sommes âgés, plus nous avons tendance à respecter la recommandation et il y a surtout un dégradé social assez marqué, c’est-à-dire que les personnes les plus instruites sont plus en mesure de le respecter, résume Valérie Deschamps
Mais ces pourcentages restent faibles et baissent. L’étude sur la santé environnementale, la biosurveillance, l’activité physique et la nutrition (Esteban) au cours de la période 2014-2016, ont coûté la part des hommes à 30,6% de conformer à la recommandation de cinq fruits et légumes par jour. Ou une perte de 11 points, que la nouvelle étude, menée conjointement par l’équipe de surveillance nutritionnelle et d’épidémiologie (ESEN), la France de la santé publique et la Sorbonne Paris Nord, attribue aux dernières années, ainsi qu’aux différences de méthodologies.
Malgré ces différences, les pourcentages de l’adéquation aux recommandations décrites restent cependant faibles en 2014-2016 comme en 2021, selon les auteurs de l’étude.
Ils se souviennent également que la nourriture est reconnue “comme l’un des principaux facteurs de risque, ou protection, modifiant les maladies chroniques les plus répandues dans le monde industrialisé”. Une étude publiée dans la prestigieuse revue The Lancet a estimé qu’en 2017, la nourriture était responsable d’environ 1 sur 5 dans le monde et représentait ainsi l’un des risques les plus importants de facteurs de mortalité.
L’excès de produits salés, le manque de céréales et de fruits entiers ont été particulièrement mis en évidence. La consommation inadéquate de fruits et légumes est «liée à la survenue d’une maladie cardiovasculaire ou de certains cancers» rappelle Valérie Deschamps.
“Chaque petit pas compte”
Pour améliorer la situation en France, l’étude de santé publique France suggère un changement d’approche: sortir de la seule référence “cinq fruits et légumes par jour”.
“Nous avons réalisé que les gens qui étaient très loin de ces recommandations se sentaient si loin que ce n’était aucun effort pour y arriver. Parce que c’était si distant, cela impossible”, explique Valérie Deschamps.
Il recommande de s’orienter au lieu de recommandations plus flexibles du type “chaque petit pas” pour favoriser toute augmentation des fruits et légumes “, quelle que soit sa magnitude et le niveau initial de consommation”.