
FOu ces derniers mois, les maillots de football ont été partout dans la ville, sur des hommes et des femmes, des fans et des non-fans dévoués et vieux qui ne savent rien de l’arrière droit de l’équipe dont ils arborent les couleurs.
Une fois confiné sur le terrain et les stands, le maillot de football semble être devenu un vêtement ordinaire. Pire encore, étant donné les combinaisons improbables que nous rencontrons parfois (le souvenir d’une jeune fille qui a associé un maillot du Real Madrid avec des shorts en jean et des bottes de cowboy me hante), c’est devenu un morceau de mode à part entière.
Que pouvons-nous faire de tout cela? Premièrement, la transition des vêtements de sport du terrain à la ville est un classique absolu. Deuxièmement, c’est loin d’être une tendance spontanée, car les clubs de football se sont efforcés de déplacer leurs marchandises du sport aux sections de style de vie, libérant de nouveaux articles comme les maisons de mode déploient leurs collections.
Valeur symbolique
Dans cette histoire, le maillot lui-même est l’objectif principal. De quoi parlons-nous? Un vêtement flashy et voyant qui sculpte les corps formés mais serre les autres. Un morceau de mode rapide fabriqué à partir de matériaux synthétiques bon marché qui favorisent la transpiration. Une toile textile pour les logos des compagnies aériennes ou les marchands de saucisses. Une bannière, numérotée et arborant le dos, pas toujours avec goût (le souvenir d’un jeune homme portant un maillot de Saint-germain Paris arborant le mot “covide” et le nombre “19” me hante également, mais moins violemment).
Dans ces conditions, et malgré tous les efforts de gentrification entrepris par des clubs, aucun maillot de football ne peut être beau ou élégant. En réalité, et à des degrés divers, ils sont tous laids parce que leur valeur symbolique l’emporte de loin sur leur valeur esthétique. Un vêtement tribal, précieux uniquement pour le sentiment d’appartenance ou de rejet qu’il génère, ainsi que pour les bons ou les mauvais souvenirs qu’il apporte à la surface, le maillot de football n’est pas réellement fait pour être porté. Il est là pour être détesté ou détesté, adoré ou méprisé. Ce qui est évidemment beaucoup plus important.