Des chercheurs français ont développé une technologie permettant de cibler avec précision, en utilisant l’échographie, les régions du cerveau impliquées dans la dépression.
Une étude encourageante. Les chercheurs français tentent de traiter la dépression en utilisant des échographies et afficher des “résultats prometteurs”, rapporte un communiqué de presse de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (INSERM) le lundi 5 mai.
La dépression est une maladie psychique qui affecte “une personne sur cinq au cours de leur vie”. “Les épisodes dépressifs caractérisés sont les troubles mentaux les plus fréquents au monde”, a déclaré Interm et le risque suicidaire est “responsable de plusieurs milliers de morts par an en France”.
Selon un baromètre français de la santé publique, 12,5% des adultes âgés de 18 à 85 ans interrogés en 2021 ont déclaré avoir connu un épisode de dépression caractérisé. Un nombre accru depuis 2017.
Si les traitements médicamenteux de la dépression ont progressé, ils ne sont pas suffisants pour faire face à la maladie. Un tiers des patients ne répondent pas suffisamment aux antidépresseurs qui ont également une période d’action de plusieurs semaines.
“Une avancée technologique de premier plan”
Avec une approche thérapeutique plus rapide, les scientifiques avaient déjà essayé dans le passé la stimulation cérébrale des régions impliquées dans la dépression. Mais jusqu’à présent, cette stimulation nécessitait une implantation d’électrodes intracérébrales. “Une procédure invasive associée à un risque neurochirurgical significatif, limitant son accessibilité à un petit nombre de patients”, note l’interm.
Dans l’étude menée par des chercheurs et des médecins de GHU Paris, Interm, CNRS, Paris Cité University et ESPCI Paris-PSL et publié le 29 avril dans la revue médicale de stimulation cérébrale, une nouvelle méthode est ainsi présentée après 25 ans de recherche. C’est l’utilisation de “lentilles acoustiques concentrant l’échographie avec une précision sans précédent”.
Ces lentilles, “fabriquées de manière unique et personnalisée pour chaque patient”, permettent à l’échographie “de compenser les distorsions des ondes ultrasoniques induites par la traversée de la boîte crânienne”, explique l’interm. Sans ces lentilles, l’irrégularité de l’épaisseur du crâne peut détourner l’échographie et limiter leur capacité à atteindre la zone ciblée.
“La stimulation transcrânienne ultrasonique de la précision ainsi obtenue représente une avancée technologique de premier plan dans le domaine de la médecine et des neurosciences personnalisées”, accueille l’institut.
Avant d’ajouter: “Il permet pour la première fois de stimuler de manière ciblée, précise et non invasive les structures cérébrales profondes (…) avec un dispositif transportable”.
Autres études nécessaires
Pendant cinq jours, ce traitement par échographie a été testé sur cinq personnes souffrant de dépression sévère et résistante au médicament. Le cinquième jour du protocole, la gravité de la dépression a été réduite en moyenne de plus de 60%. Interm note également “l’absence d’un événement indésirable grave” et l’absence de douleur ou d’inconfort ressentie par les patients pendant les séances.
Cependant, cette étude ne suffit pas. “Bien que les résultats soient encourageants, ils doivent être interprétés avec prudence, car il s’agit d’une première étude de sécurité sur un nombre limité de patients et sans groupe placebo”, ont déclaré des chercheurs. D’autres études sur des cohortes plus importantes sont prévues.