Arrête par la dissolution de l’Assemblée nationale en juin dernier, le projet de loi de fin de vie revient dans l’hémicycle ce lundi 12 mai via deux textes distincts. L’un sur les soins palliatifs, l’autre sur la création d’une aide à mourir qui divise les députés.
Ce sujet promet de transcender les clivages, de toucher directement certains parlementaires et de céder la place aux débats imprégnés de gravité: la fin de vie revient à l’hémicycle de l’Assemblée nationale ce lundi 12 mai via deux textes.
L’un, consensuel, concerne le renforcement des soins palliatifs, avec la création d’un “droit exécutoire”, tandis que selon un rapport de la Cour des auditeurs de juillet 2023, seulement la moitié des besoins ont été fournis. L’autre, sous réserve de divisions, vise à créer une aide à mourir qui revient, selon le cas, pour aider le suicide ou l’euthanasie.
Les députés débattront de ces projets de loi pendant deux semaines, y compris les week-ends si nécessaire, avant un vote solennel prévu pour le 27 mai. Dans le programme: plus de 3 300 amendements, dont plus de 700 sur le deuxième texte déposé par le député du groupe Ciottiste Gérault Verny, soutien d’Eric Zemmour en 2022.
Pour quelle issue? Celui de la première version a peu de doutes. Quant à l’aide à mourir, il a été approuvé par 28 députés contre le 15 le 2 mai en comité. Un vote sans ambiguïté qui permet d’espérer au Rapporteur du texte Olivier Falorni (groupe de modem) qu’il y a une majorité importante dans l’hémicycle en faveur du texte, même s’il ne veut pas “préjuger (r) de rien”.
Divisions dans la base du gouvernement
Pour cela, il sera nécessaire qu’une partie de la base du gouvernement (ensemble pour la République, les républicains, le modem, les horizons) vote en faveur de cet appareil aux côtés de la gauche qui lui est largement favorable. Cependant, les différents membres de l’équipe de François Bayrou – lui-même contre la création de l’aide à mourir – sont divisés sur le sujet.
Certains ont montré leur opposition, comme le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau qui a de nouveau dénoncé ce week-end un “texte de rupture anthropologique”.
Dans la même ligne, sept députés de son camp dont le docteur d’urgence Philippe Juvin avaient critiqué dans une tribune de Le Figaro un texte ne fournissant pas suffisamment de garanties, que ce soit à temps, la traçabilité de la procédure, la collégialité de la décision ou la vérification du libre arbitre de celui qui demande l’euthanasie.
D’autres ont monté dans la niche pour défendre ce développement sociétal. Ainsi, le ministre de la Justice, Gérald Darmanin, avait souligné son “désaccord assez profond” avec le locataire de Beauvau le 15 avril.
Le président Emmanuel Macron a déclaré qu’il était prudent, considérant devant les francs-maçons de la Grande Loge de France que le débat ne pouvait pas “être réduit” à ou contre la vie, mais a dû poser la question du “plus petit mal”.
Le patron des députés EPR, Gabriel Attal, s’est engagé plus franchement en fournissant son soutien au texte dans une galerie signée avec la ligne de chanteuse Renaud, fiancée depuis longtemps sur ce sujet.
La ministre de la Santé Catherine Vautrin a également réitéré dimanche au Parisien, son souhait de répondre à une “forte attente des Français” tout en faisant “l’accès à aider à mourir est très supervisé”.
Quels critères pour aider à mourir?
La question des critères d’ouverture de l’accès à cette nouvelle loi sera particulièrement débattue. Le ministre avait défendu au printemps 2024 parmi les conditions requises le fait que le patient souffre “d’une condition grave et incurable qui a engagé son pronostic de vie à court ou à moyen terme”.
Cette notion de «moyen terme» a été rejetée par les députés, jugée trop vague et inefficace. Le texte d’Olivier Falorni Falorni prévoit maintenant que le patient “souffre d’une affection grave et incurable, quelle que soit la cause, qui engage le pronostic vital, en phase avancée ou terminale”. Une définition jugée trop large par plusieurs députés, dont Philippe Juvin et beaucoup de ses collègues.
L’autorité élevée pour la santé a estimé mardi dans une opinion qu’il n’y avait “pas de consensus médical sur la définition du pronostic vital commis” à moyen terme “”.
Il a également défini la “phase avancée”, telle que “l’entrée dans un processus irréversible marqué par l’aggravation de l’état de santé qui affecte la qualité de vie”. Une définition que le gouvernement a l’intention de reprendre dans un amendement.
“Cela correspond aux patients à la fin de leur vie qui ont un pronostic vital extrêmement engagé et qui souffrent de douleurs insupportables et réfractaires dans les traitements”, a déclaré Catherine Vautrin, soucieuse de désarmer les critiques.
Après s’être engagé en 2022 à confier une réflexion sur le sujet d’une convention citoyenne, Emmanuel Macron avait dévoilé en mars 2024 les principales lignes d’un projet de loi en fin de vie. Mais la dissolution de l’Assemblée nationale a arrêté son examen.
Sous réserve d’une forte pression des députés, François Bayrou a ensuite remis le travail sur la profession, mais en sciant le projet de loi en deux, afin de laisser la liberté aux députés pour voter pour un texte mais pas pour l’autre.