Agathe Tupula Kabola est l’orthophoniste, le conférencier, l’auteur et le chroniqueur dans les médias. Chargénée et directrice clinique à l’Université de Montréal, elle a également publié en 2025 son quatrième travail, Dites-moi tout: le dessous incroyable de la communication. Nous pouvons la suivre Facebook,, Liendin,, Instagram,, Youtube,, Tiktok et sur son site Web.
À l’ère de l’information numérique, les écrans sont devenus omniprésents dans notre vie quotidienne, souvent dès leur plus jeune âge. Chez les poussettes, à la maison ou au restaurant, les tout-petits sont exposés à cette technologie qui, bien que offre des possibilités, soulève également ses préoccupations concernant ses effets sur le développement humain et les interactions.
Gestion des écrans: un défi du berceau
Les études sont unanimes: les premières années de vie sont cruciales pour le développement du cerveau. La Société pédiatrique canadienne (SCP) recommande d’éviter les écrans pour les enfants de moins de deux ans, à l’exception des appels vidéo supervisés et limitant leur utilisation à une heure par jour pendant deux à cinq ans, puis moins de deux heures jusqu’à la fin de l’adolescence.
Cependant, les jeunes enfants passent en moyenne deux heures et demie par jour devant les écrans, selon une récente étude américaine. Au Québec, 16% des enfants de la maternelle utilisent plus de deux heures par jour. Ces chiffres mettent en évidence un problème croissant: “TechnofSeference”, ou l’interférence de la technologie dans les moments d’interaction parent-enfant.
Ces interactions sont essentielles. Le parent attentif construit un environnement propice au développement de la langue et des compétences sociales de l’enfant. Lorsque les écrans prennent trop de place, ces échanges qualitatifs sont souvent remplacés par des moments de solitude numérique. Les résultats peuvent être une diminution de l’attention, une baisse de l’apprentissage et même une diminution de la capacité d’exprimer vos émotions.
Écrans supplémentaires, moins de mots
Le processus d’apprentissage des langues est profondément enraciné dans les interactions sociales. Les parents jouent un rôle clé dans ce développement en répondant de manière réactive et sensible aux signaux de leurs enfants. Cependant, lorsque les écrans interviennent, ces échanges essentiels ont tendance à diminuer. Une étude australienne de 2024 a révélé que chaque minute passée devant un écran réduit les vocalisations des enfants et leur exposition aux mots adultes. Les diminutions les plus importantes ont été observées chez les enfants de trois ans: chaque minute d’écran supplémentaire a été associée à une réduction de 6,6 mots d’adultes entendus par l’enfant et à 4,9 vocalisations produites par ce dernier.
Paradoxalement, les livres électroniques interactifs présentent des avantages dans des contextes spécifiques, en particulier lorsqu’un parent ne peut pas accompagner la lecture. Cependant, il est crucial de désactiver certaines fonctionnalités telles que les animations et les fenêtres contextuelles (surgir), qui peut distraire l’enfant et limiter sa concentration sur l’histoire. Les résultats d’une étude américaine publiée dans American Academy of Pediatrics En 2021, indiquez que les enfants participeraient davantage à la lecture d’histoires dans des livres imprimés que sur des tablettes électroniques, en exprimant plus sur l’histoire. Ainsi, bien que le livre électronique ne soit pas diabolisé, aucune technologie ne dépasse le bon vieux livre papier.
En outre, un enfant ne peut pas développer sa langue ou apprendre une nouvelle langue par une simple exposition aux écrans, que ce soit des applications “éducatives”, à noter qu’il n’y a pas de normes universelles autour de ce terme), de télévision, de films ou de vidéos sur le Web. L’enfant peut au mieux répéter ce qu’il a entendu, sans nécessairement attribuer le sens. Apprendre une langue, que ce soit la langue maternelle ou une deuxième langue, nécessite une exposition répétée et fréquente, en plus de nombreuses opportunités de parler et d’interagir dans cette langue.
Une étude publiée en 2023 dans le Journal of the American Medical Association Pediatrics a révélé qu’une exposition prolongée aux écrans chez les enfants d’un an était associée à des difficultés de communication entre 2 et 4 ans.
Parents et écrans: le défi de l’exemplarité numérique
Les enfants apprennent avant tout par l’imitation. Ils observent et reproduisent le comportement de leurs parents. Par conséquent, la gestion des écrans sains commence par l’exemple donné par les adultes. Réduisez votre propre utilisation des appareils en présence d’enfants, établissez des règles claires pour des moments sans écran et promouvoir des interactions significatives sont des stratégies clés pour une utilisation équilibrée.
Voici quelques recommandations concrètes pour une gestion optimale des écrans à la maison:
● Éteignez les écrans pendant les repas ou des moments de famille.
● Promouvoir les activités sans écran Comme la lecture familiale, les jeux ou le sport. Adopter des moments sans technologie, lorsque l’attention est pleinement payée sur les interactions familiales, augmente le sentiment de connexion entre les parents et les enfants.
● Évitez d’utiliser des écrans pour calmer ou occuper un enfant. Apprenez-lui plutôt à reconnaître et à exprimer ses émotions.
● Utilisez les paramètres des appareils Pour limiter le temps d’écran.
● Réservez l’utilisation des écrans aux zones communes Et évitez-les dans les chambres.
D’autres conseils et astuces visant à promouvoir le développement du langage des tout-petits se trouvent dans mon travail Dites-moi tout: le dessous incroyable de la communication (Cardinal, 2025).
À la recherche d’un équilibre technologique
Alors que certains gouvernements légiférer pour limiter l’accès des jeunes aux écrans, les solutions les plus durables résident souvent au sein des familles. L’idée n’est pas de diaboliser la technologie, mais de l’utiliser comme complément, et non comme substitut, aux expériences du monde réel. L’interaction parent-enfant est essentielle pour le développement du langage, les relations sociales et la réussite scolaire. La technologie nécessite un minimum de maturité. En lisant le comprimé de nuit à la concentration d’un enfant préscolaire, il y a un risque de passer plus de temps à superviser son comportement que de lire avec lui.
Les enfants apprennent mieux grâce à des interactions directes avec ceux qui les entourent et les activités réelles. La lecture d’un livre papier, une balade dans la nature ou un moment partagé dans la cuisine offre de riches opportunités de connexion et de découverte que les écrans ne peuvent pas remplacer. Cultiver ces moments, dès son plus jeune âge, non seulement réduit la dépendance à l’égard des technologies, mais aussi pour jeter les fondements d’un développement harmonieux.
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