Situé à mi-chemin entre Hawaï et l’Australie, Tuvalu, un petit archipel de 11 000 habitants, est menacé de devenir inhabitable vers 2060 en raison de l’élévation du niveau des océans causés par le réchauffement climatique, estime le groupe d’experts intergouvernementaux sur l’évolution climatique (GIEC). Face à ce sort tragique, le gouvernement Tuvaluan milite avec des organismes internationaux afin de pouvoir maintenir son statut d’État dans l’irréparable.
Selon la Convention de Montevideo sur les droits et les devoirs des États, en vigueur depuis 1933, un pays est composé d’un territoire défini, d’une population permanente, d’un gouvernement et de la capacité d’interagir avec d’autres États. La crise climatique pouvait cependant forcer la communauté internationale à mettre à jour ces critères, établi bien avant que la disparition des pays entiers ne devienne une menace concrète. Parce que d’autres petits pays à basse altitude courent ce risque, comme Nauru, Kiribati et les îles Marshall, dans le Pacifique.
En septembre 2023, Tuvalu a modifié sa constitution à cet égard, spécifiant que “l’État de Tuvalu, dans son cadre historique, culturel et juridique, restera perpétué à l’avenir, malgré les impacts du changement climatique ou d’autres causes entraînant la perte du territoire physique de Tuvalu”.
Le pays souhaite notamment conserver la souveraineté sur son territoire maritime actuel, qui s’étend sur plus de 900 000 km2La pêche commerciale étant sa principale activité économique.
“Nous soulevons une question juridique: un pays peut-il exister sans territoire physique?” C’est une toute nouvelle approche en droit international car elle ne s’est jamais produite auparavant “, a déclaré le ministre des Transports, de l’énergie, des Communications et de l’innovation de Tuvalu, Simon Kofe, que Nouvelles rencontré dans son bureau dans la capitale, Funafuti.
Le pays a ainsi créé l’initiative Future Now, qui vise à préserver numériquement le patrimoine géographique, historique et culturel de l’archipel. En fin de compte, la vie démocratique de Tuvalu (registre des naissances, élections, etc.) serait régie via cette plate-forme. De cette façon, “Tuvalu deviendrait la Première nation numérique à exister à l’avenir”, a déclaré Simon Kofe. Le gouvernement de cet État devrait être compris avec celui du (s) pays où ses réfugiés climatiques se régleront – l’Australie s’est offerte.
Au cours de sa participation à l’Assemblée générale des Nations Unies en septembre dernier, le Premier ministre de Tuvalu, Feleti Teo, élu en janvier 2024, a profité de sa galerie pour éduquer ses homologues sur cette question. “Un principe qui me tient à cœur est la continuité de l’État. Peu importe ce qui se passera avec la montée des océans, notre État tel qu’il est actuellement reconnu aux Nations Unies doit le rester”, a-t-il déclaré dans une interview à sa résidence officielle.
En 2023, le Pacific Islands Forum, une organisation politique de coopération régionale, a soutenu cette approche par une déclaration signée par ses 18 États membres, y compris plusieurs petits pays d’Océanie, mais aussi l’Australie et la Nouvelle-Zélande.
Cependant, le défi sera d’établir un nouveau cadre juridique international pour les futures nations numériques, estime Jean-Baptiste Dudant, professeur de droit international à l’Université de Versailles, en France, et spécialiste de l’autodétermination des États. “Les conséquences d’un État déterritorialisé restent à spécifier”, a-t-il nuance. C’est le pieu et le principal obstacle: obtenir le soutien de la communauté internationale, bien sûr, mais pour quel effet concret en droit? Les questions essentielles restent sans réponse. Sur quelle base juridique solide la continuité de l’État pourrait-elle se reposer? Et comment le garantir concrètement? »»
Ce rapport a été produit grâce à une bourse du Fonds du Québec pour le journalisme international (FQJI).
Cet article a été publié dans le numéro de juin 2025 de NouvellesSous le titre “un pays malgré tout”.