L’auteur est un chercheur associé à la chaire Raoul-Dandurand, où son travail se concentre sur l’étude et l’analyse de la politique américaine.
Lorsque Donald Trump est arrivé au pouvoir la première fois, en 2017, il avait promis de faire adopter un grand nombre de lois. Parmi les plus importants, il y a eu l’abrogation puis le remplacement de la réforme du système de santé surnommé “Obamacare”, un plan national d’infrastructure, une simplification de la fiscalité et bien d’autres.
À la fin de son mandat, il n’avait presque aucun adopté.
De toute évidence, en retournant à la Maison Blanche, il ne voulait pas rejouer dans le même film. Il a donc mis tous ces désirs dans une seule loi. Presque tout ce qu’il espère accomplir la majeure dans ce mandat en est bourré. Cela comprend le renouvellement des réductions d’impôts de son premier mandat, avec l’ajout de nouveaux avantages, tels que l’abolition de la pointe et des heures supplémentaires; Financement accru pour le contrôle des frontières; et de nouvelles restrictions imposées aux programmes tels que Medicaid (assurance maladie pour les moins riches).
C’est son “Big Beautiful Bill Act”, le vrai nom dont il a refusé cette pièce législative.
Bien que le projet de loi ait été adopté par la Chambre des représentants et est maintenant étudié par le Sénat, le jeu politique habituel aura lieu. Les partisans républicains du projet de loi loueront sa capacité à stimuler l’économie américaine, ses critiques démocratiques déploreront qu’elle enrichit les riches et appauvra les pauvres.
Mais l’une des principales conséquences de cette belle et grande loi est la prérogative des deux parties: elle provoquera des déficits budgétaires des monstres.
Depuis Bill Clinton, le dernier président à gérer les finances publiques de manière responsable et à avoir même publié un excédent budgétaire, toutes les administrations et tous les congrès suivants – à commencer par les républicains sous George W. Bush – ont enregistré des déficits records.
Le “Big Beautiful Bill” ajouterait à cette dette, selon les projections du budget du budget du Congrès, quelque 3 800 milliards de dollars de déficits accumulés au cours des 10 prochaines années.
Certains républicains rares, comme le sénateur Rand Paul du Kentucky, promettent de voter contre la loi, compte tenu de ses conséquences financières considérables. Mais la majorité d’entre eux se replient plutôt sur l’argument selon lequel les projections ne sont pas “dynamiques”: ils sous-estimeraient, selon eux, l’effet positif sur la croissance (et donc sur les recettes fiscales) du projet de loi.
L’argument n’est pas nécessairement sans fondement: après les réductions d’impôts promulguées par Bush au début des années 2000, les revenus du Trésor américain ont augmenté. Mais pas assez pour couvrir l’augmentation des dépenses.
Cependant, le même problème se pose 20 ans plus tard. Les républicains n’osent pas attaquer les positions réelles des dépenses fédérales, c’est-à-dire des programmes comme Medicare (assurance maladie pour les personnes âgées) et la sécurité sociale (pension de vieillesse) – mais aussi la défense. En plus de toutes les “coupes” (peut-être inconstitutionnelles et ainsi appelées à être invalidées par les tribunaux) de l’équipe Elon Musk, l’administration Trump a soumis un budget il y a quelques semaines un budget accordant plus de 1 000 milliards de plus à la défense nationale. Par année.
Et c’est même avant de donner naissance au projet continental de Shield anti-missiles, évalué à un nombre infini de milliards de dollars.
Les démocrates n’ont guère fait mieux: toute prétention de la rigueur fiscale a cessé d’exister à la maison avec le départ de Bill Clinton et Al Gore. Sous Barack Obama comme dans Joe Biden, les dépenses ont explosé avec la création de grands programmes, tels que “Obamacare” ou la soi-disant loi sur la réduction de l’inflation signée par Biden en 2022, qui a injecté plus de 1 000 milliards de secteurs tels que la santé et les énergies renouvelables.
Résultat: En termes de dette par rapport au produit intérieur brut (PIB), les États-Unis sont le pays le plus redevable de la planète, avec six exceptions-argentine, l’Érythrée, l’Italie, le Japon, Singapour … et le Soudan!
Trump invoque souvent les présidences de la fin du 19e sièclee siècle en tant que modèle de gestion économique. Il serait conseillé de lui rappeler qu’il n’a pas seulement imposé des prix, il a également recueilli un excédent budgétaire. Leur taille était telle qu’ils étaient devenus un problème politique plutôt qu’une manne.
En ce sens, Donald Trump est en effet président de son temps. Et pas seulement pour ses déficits considérables. Ainsi, s’il parvient à signer cette “grande belle facture”, Trump sera le quatrième chef de la Maison Blanche dans un suivi pour avoir la loi la plus importante de sa présidence adoptée sur une base strictement partisane, sans aucun soutien du camp adverse.
Les États-Unis aimaient le répéter ces derniers mois, ont été un pays très distinct du Canada. L’une des principales différences est l’existence, dans l’oncle Sam, d’un système politique sans une ligne de parti rigide visant en théorie pour assurer un minimum de consensus et de compromis dans un pays comme hétérogène et divisé.
Nous disons “en théorie”.