
Saint-Germain-des-Pres, dans la rive gauche de Paris, était son domaine. Vivant au coin de la place de Furstenberg, Pierre Nora était à quelques pas du Quai Conti, qui abrite l’Académie Française, dont il était membre, et du siège de la prestigieuse maison d’édition Gallimard, où il a supervisé des collections dans les sciences sociales et les sciences humaines. De ce triangle, le fondateur du Journal Le débat était une figure centrale pour façonner la vie intellectuelle et les débats en France. Son élégante silhouette ne sera plus vue en sillonnant ces rues. Nora est décédée le lundi 2 juin à Paris, à l’âge de 93 ans, a déclaré sa famille à Agence France-Press. Il était devenu un «historien public» essentiel que les journalistes ont appelé à l’analyse de l’évolution du sentiment national ou du sens des commémorations et des symboles nationaux.
Son nom restera avant tout associé à l’une des entreprises historiographiques les plus innovantes des 40 dernières années: Les lieux de mémoiretraduit par Royaumes de mémoire et Repenser la FranceUn projet monumental en sept volumes publié entre 1984 et 1993. En tant que directeur, Il a réuni 130 historiens, dont Raoul Girardet, Maurice Agulhon, Antoine Prost et Pascal Ory, notamment pour déchiffrer les symboles de la République française (le drapeau tricolore, le calendrier républicain, La Marseillaise) et ses monuments (le Panthéon, les mairies, les monuments de guerre).
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