Chaque dimanche, L‘équipe Nouvelles vous invite à lire (ou à relire) dans sa newsletter Miroir L’un des rapports les plus frappants de la riche histoire du magazine. Vous pourrez revenir au cœur de certains défis du passé, avec l’apparence de maintenant.
Les résidents de Saint-Ambroise, une petite municipalité de quelque 4 000 âmes à la limite de la rivière Saguenay, doivent désormais voyager à près de 25 km au sud pour recevoir des services financiers en personne à Desjardins. Leur centre de service vient de subir le même sort que des centaines d’autres au Québec au cours des dernières décennies: il est fermé pour de bon.
Comme c’est toujours le cas, Desjardins a justifié sa décision par une baisse du trafic, à la fois au comptoir et au comptoir automatique. Et comme c’est presque toujours le cas, le fonctionnaire élu local a plutôt digéré la situation. «Le mouvement Desjardins nous a toujours vendu un service de coopération, à proximité des citoyens. Progressivement, pendant plusieurs années, nous pensons qu’il s’éloigne», a élevé le maire de Saint-Ambroise, Lucien Gravel, dans une interview avec Radio-Canada, lors de l’annonce en janvier dernier.
Près de 400 km, le sort du point de service local a également semé une préoccupation dans Saint-Alexis-des-Monts, à Mauricie. «En 10 ans, mon village a perdu son école et son bureau de poste. […] Maintenant, nous voulons prendre notre Caisse Populaire pour nous emmener. Pourquoi ne pas fermer le village, aussi longtemps qu’il est? “Dit Martine Mercier, administrateur bénévole, dans un rapport de Nouvelles Publié… il y a plus de 25 ans!
Nouveau patron
Nous avons appris cette semaine que Denis Dubois succéderait à Guy Cormier en tant que président et chef de la direction de l’institution financière en septembre prochain. Nous en saisissons l’occasion pour vous présenter cet article sur la couverture du numéro de mars 1999, signé par Louise Gendron, qui a permis à l’ensemble du chemin parcouru par Desjardins depuis, mais aussi pour noter que l’institution fait toujours l’objet des mêmes critiques, des décennies plus tard.
Le mouvement Desjardins compte beaucoup plus de membres et de clients (7,8 millions de nos jours, contre 5 millions à l’époque), et son total d’actifs (488 milliards de dollars le 31 mars 2025) n’a rien à voir avec les 73 milliards de dollars à la fin du XXe siècle.
Sauf que dans différentes localités du Québec, la nécessité de maintenir un “cas pop” au cœur du village continue de parler. Dans son rapport, Louise Gendron décrit le mouvement des fonds populaires qui ont eu lieu au cours de ces années: leur nombre a dû passer de 1 500 à 800 à long terme, nous avons alors appris le Big Boss, Claude Béland. Aujourd’hui, il y en a près de 200 au Québec et en Ontario.
Le traitement minceur n’est pas terminé. En janvier 2024, Desjardins a fait connaître son intention de réduire le nombre de centres de service et de compteurs automatiques par son réseau d’ici la fin de l’année 2026. Depuis l’annonce, le réseau a perdu 90 centres de service et 256 compteurs automatiques.
Au-delà des statistiques sur l’empreinte régionale de Desjardins, l’article de Louise Gendron nous rappelle avec éloquence que le jeu d’équilibrage auquel l’institution financière n’est pas nouvelle. De toute évidence, rivaliser avec les grandes banques canadiennes tout en conservant l’esprit coopératif inculqué par Alphonse Desjardins il y a 125 ans n’est pas une tâche facile.
“Alors? Montons-nous les coffres ou les réinventions-nous pour leur assurer un avenir? Écrire le journaliste en 1999. Desjardins peut-il garder sa place sur le marché sans perdre son âme coopérative? Une question qui n’a pas vieilli.
Bonne lecture!
Karl Rettino-Parazelli, journaliste à Nouvelles