Adjoint libéral au Québec de 2007 à 2022, Christine St-Pierre a été ministre de la Culture, des Communications et de l’état des femmes, ainsi que le ministre des Relations internationales et La Francophonie. Journaliste à Radio-Canada de 1976 à 2007, elle a été parlementaire à Québec et à Ottawa, puis correspondante à Washington.
Les glissements de terrain s’accumulent au Québec, laissant des trous béants et des cratères. En lisant sur ce phénomène, quelque chose me fait dire que le gouvernement de Legault et la coalition Avenir Québec (CAQ) vivent leur glissement de terrain.
Pour l’avoir vécu dans ma vie politique précédente, je peux témoigner de l’état de crise dans lequel un caucus se trouve à chaque mauvais sondage, même si les députés doivent afficher un air satisfait devant les médias. En interne, les mauvaises sondages écrasent l’état d’esprit des troupes. Le Whip Bureau peut organiser des activités sociales, rien ne aide. Les députés sentent le sol glisser sous leurs pieds et ils ne peuvent pas faire grand-chose pour empêcher de s’affaisser: la grande majorité d’entre eux ont été élus en raison de la popularité de leur formation politique, et en particulier de celle de leur chef.
À l’Assemblée nationale, chaque parti politique a accès à une foire de députés, où ils se réunissent à la fin de la journée après la fermeture des travaux parlementaires. C’est à cet endroit qu’ils remontent au monde en sirotant un verre de vin. C’est aussi là que de nombreuses frustrations sortent. Vous pouvez facilement imaginer ce qui se passe ces jours-ci dans le salon CAQ.
François Legault aura eu le mérite d’avoir créé un tout nouveau parti politique qui l’a conduit en quelques années à une brillante victoire en 2018, et à une victoire encore plus brillante en 2022, qui a laissé en lambeaux le Parti libéral du Québec et le Parti Québécois.
Mais alors que 2026 se profile, le terrain glisse dangereusement et suggère le pire. Parmi les piliers économiques de 2018, Pierre Fitzgibbon est déjà parti et Christian Dubé a confirmé qu’il ne serait pas candidat l’année prochaine. Nous pouvons également douter des intentions du ministre des Finances, Eric Girard, de faire un autre mandat, même s’il n’a rien dit à ce sujet. Geneviève Guilbault a vu que sa star était pâle depuis qu’elle était en transport. Les révélations de Chocs de la galante de la Commission sur le scandale de la compagnie d’assurance automobile du Québec ne l’aident pas non plus, et ses nombreuses déclarations compliquées sur le troisième lien. Martine Biron a déclaré dans une mêlée de presse la semaine dernière qu’elle pensait à son avenir … “Aujourd’hui, j’aime ça, mais j’ai hâte que la session se retrouve. Des députés tels que Daniel Bernard et Pierre Dufour ont publiquement critiqué le CAQ pour ignorer leur région Abitibi en interne.
La presse canadienne a dévoilé la semaine dernière que les députés de la feuille de grand-équilibre n’avaient répondu à aucune question de l’opposition depuis janvier, une pratique qui avait cependant été établie pour leur donner plus de visibilité et réévaluer leur rôle. “Cela dépend toujours des questions posées”, a déclaré l’officier de presse du ministre Simon Jolin-Barrette. La vérité est à mon avis très différente: les sujets sont beaucoup trop chauds pour laisser un député réagir à la place du ministre responsable. Cela témoigne de la position difficile dans laquelle le gouvernement est, un peu plus d’un an à partir des prochaines élections.
Partial à Arthabaska, qui devra être tenu au milieu de l’automne, promet d’être douloureux pour le CAQ. Le fait que le parti n’a pas encore trouvé son candidat à une circonscription qui lui appartient en dit long sur sa force d’attraction – on m’a dit qu’une bonne personnalité en vue dans la région avait refusé l’offre.
Les élus de Caquis quitteront donc le Québec vendredi, à la fin des travaux parlementaires, moral dans les talons … et ils devront affronter des électeurs malheureux cet été. Ces derniers n’hésitent généralement pas à dire la substance de leurs pensées à leur adjoint et à lui faire savoir qu’ils ne se sentent plus écoutés. Sans oublier que lors des réunions de l’association de district, les membres ont répandu les récriminations qu’ils entendent également sur le terrain.
Les députés auront également l’occasion de penser à leur avenir. Quant aux ministres, François Legault leur demandera de partager leurs intentions au moins six mois avant les élections, si ce n’est pas déjà fait.
Le gouvernement a tenté de reprendre l’opinion publique avec la carte d’identité, mais ce thème semble avoir perdu son effet magique. Bernard Drainville a présenté son projet de loi visant à renforcer la laïcité dans le réseau éducatif et son collègue Jean-François Roberge a déclaré qu’il était très fier de sa loi sur l’intégration dans la nation du Québec qui cible les immigrants. Mathieu Lacombe a marqué un coup dur en déposant sa loi sur la découverte du contenu culturel français dans l’environnement numérique, affirmant ainsi la souveraineté culturelle du Québec. Mais cela n’a aucun effet dans les sondages.
Cet été, François Legault devra faire sa propre réflexion. Pour le moment, il prétend avoir voulu se battre avec les autres partis en 2026 – il serait gravement conseillé de dire le contraire. Cependant, s’il décide de partir, il devra l’annoncer dès le début de l’année scolaire.
Contrairement au scénario que Justin Trudeau a vécu (une fronde de ses députés l’a poussé vers la sortie), il serait surprenant que le chef du Caquiste subit un tel affront. Ses troupes ont encore une affection pour ceux qui les ont déjà conduits à la victoire. L’avenir nous dira s’il peut les convaincre de sa capacité à répéter l’exploit, échouant à quels élus pourraient être tentés d’aller voir ailleurs.