Le tribunal pénal de Versailles devrait rendre ce mardi 8 juillet, sa décision concernant l’influenceur Rym Renom, a tenté en juin d’avoir, entre autres, favoriser un faux injecteur. Malgré l’interdiction, ces publicités sur les réseaux sociaux continuent d’exister et ne sont pas très contrôlées.
Une décision de justice pour l’exemple? Le tribunal pénal de Versailles est prévu pour ce mardi 8 juillet, sa décision sur l’influenceur Rym Renom, le mardi 8 juillet, juin en juin pour des pratiques commerciales trompeuses.
La jeune femme, qui compte près de deux millions d’abonnés sur Instagram, a continué d’avoir promu, entre mai et novembre 2022 dans les Yvelines, divers produits (verres, chaussures, vêtements pour enfants, thé …) en omettant de mentionner explicitement qu’elle a été rémunérée pour ces services. Elle est également apparue pour avoir publié sur Instagram Stories louant les mérites des injections sous-cutanées tandis que ces pratiques chirurgicales n’ont pas été menées par un médecin.
Rym Renom, qui vit à Bali (Indonésie), avait été condamné en son absence à un an de prison en février dans ce dossier. Elle s’était opposée à sa condamnation, qui avait conduit à un nouveau procès. Au cours de ce dernier, l’accusation a demandé une peine de cinq mois de prison avec sursis et une amende de 25 000 euros contre l’influenceur.
Depuis plusieurs années, les autorités tentent de lutter contre ces publicités réalisées par des influenceurs pour les injections et autres services de médecine esthétique effectués illégalement. Mais avec quelle efficacité?
Risques pour la santé importants
Les organisations professionnelles, les victimes et les dénonciateurs signalent régulièrement le danger de pratiques telles que les injections pour gonfler les lèvres ou pour remplir les rides, lorsqu’elles ne sont pas faites par des médecins.
Entre août et septembre 2024, huit femmes ont dû être hospitalisées parce qu’elles présentaient de graves symptômes de botulisme, une maladie neurologique grave, après avoir reçu des injections de Botox effectuées par des personnes non qualifiées dans un centre de la région de Paris.
Les injections d’acide hyaluronique peu effectuées peuvent provoquer une nécrose, ce qui peut nécessiter une amputation, une perte de vue, des troubles neurologiques …
Selon l’ordre des médecins, les actes médicaux et chirurgicaux illégaux pour les Cosmers connaissent une croissance inquiétante en France. En 2024, le nombre de rapports à l’ordonnance a atteint un record de 128, contre 123 en 2023 et 62 en 2022.
“Injections entre la cuisine et le salon”
Le développement de ces activités illégales a notamment pu être favorisée par les publicités faites par certains influenceurs sur les réseaux sociaux. C’est en partie ce qui a amené la renommée de Rym en cour mardi. En 2022, l’influenceur annonçant un “médecin” qui n’était pas médecin, étant en train de recevoir des injections de Botox à l’avant.
Ces histoires Instagram ressemblent à celles réalisées par de nombreux autres influenceurs pour ces services. Nous voyons souvent une femme, revendiquant une esthéticienne ou même un médecin, qui propose des injections de Botox ou d’acide hyaluronique dans un appartement ou même à la maison. Les influenceurs mettent en évidence les offres à des prix attractifs, souvent bien en dessous de ceux du marché.
“Nous parlons de publicités pour les femmes qui ont des injections entre la cuisine et le salon”, déplore Jean-Baptiste Boisseau, membre des victimes des influenceurs Avi et co-fondateur du site de Signal Arnques.
Une petite loi appliquée
En 2023, les députés voulaient mettre fin à toutes ces pratiques problématiques, interdisant complètement aux influenceurs de publier la publicité pour la médecine ou la chirurgie esthétique, même réalisée par de vrais médecins.
Un échange lunaire qui a eu lieu le 22 juin à l’Assemblée nationale illustre le vide qui existe toujours sur ces sujets. Ce jour-là, des représentants de la DGCCRF, un service du ministère de l’économie responsable de la répression de la fraude, ont été interrogés par la Commission d’enquête sur les effets psychologiques de Tiktok. Commission présidée par le député Arthur Delaporte, qui a concentré la loi de 2023 sur la réglementation des influenceurs.
Interrogé sur les moyens dont le DGCCRF doit lutter contre le contenu frauduleux des influenceurs, les représentants expliquent que si la loi de 2023 interdit les influenceurs dans une publicité pour la chirurgie esthétique, “personne n’est autorisé, en matière de police de contrôle, sur ces dispositions de la loi”. De toute évidence, l’interdiction existe bien, mais personne n’est responsable de contrôler que personne ne va au-delà et, si nécessaire, pour infliger des sanctions administratives.
Face à ce contenu illicite, les enquêteurs du DGCCRF ne peuvent donc être transférés qu’à la justice. Mais en 2024, selon les chiffres présentés lors de cette audience, le DGCCRF n’a fait que 13 rapports à la justice, pour toutes les infractions identifiées et donc non seulement la promotion de la médecine ou de la chirurgie esthétique. Avec bfmtv.com, elle a confirmé qu’elle avait noté, en 2024, des cas de “promouvoir des actes de chirurgie par des personnes non qualifiées” des influenceurs, sans en dire plus sur leur nombre ou leur nature.
Drifts toujours notés
Les lanceurs d’alerte confirment que les histoires faisant la promotion des fausses injecteurs n’ont pas disparu. “Il y a eu une pause depuis un an, ce qui est sûrement un effet de la loi sur les influenceurs qui a été effrayant. Mais depuis la mi-2014, il a repris plus belle”, a déclaré Jean-Baptiste Boisseau.
“J’ai l’impression que presque rien n’a changé”, abonde Audrey Chippaux, derrière le compte Instagram, vos stars en réalité, qui alerte les escroqueries des influenceurs. L’auteur du livre Derrière le filtre, enquête sur le système d’influence Note également de nombreuses publicités pour les médecins à l’étranger, à Türkiye en particulier, qui ne peut assurer un véritable suivi postopératoire.
En avril, par exemple, l’influenceur Assia Lynne, suivi de près de 300 000 personnes sur Tiktok, a annoncé une entreprise britannique qui fait “la tournée BBL” (Brésilien Butt Lift, une opération qui consiste à augmenter le volume des fesses en injectant la graisse tirée d’une autre zone du corps) en Europe. La jeune femme a souligné un prix très bas par rapport à ceux qui sont normalement pratiqués, garantissant qu’il s’agissait de “vrais médecins”. Une affirmation qu’il est néanmoins impossible à vérifier.
Jean-Baptiste Boisseau estime que le problème ne tient pas seulement dans ce vide législatif qui empêche le DGCCRF de prononcer des sanctions envers ces influenceurs: “Le problème est la réaction des autorités dans son ensemble”, explique ce porte-parole du collectif AVI, appelant à une forte réponse.
“Tant que nous avons des points sur la licence, nous pouvons nous permettre de conduire rapidement”, illustre également Audrey Chippaux. En l’absence de sanctions fortes, elle s’efforce de faire de la pédagogie sur ses propres réseaux: “Les gens doivent comprendre que ce n’est pas parce qu’ils voient ces pubs qu’ils sont autorisés”. Il reste à voir si le procès de Rym Renom servira d’exemple à ses collègues.