Chaque dimanche, L‘équipe Nouvelles vous invite à lire (ou à relire) dans sa newsletter Miroir L’un des rapports les plus frappants de la riche histoire du magazine. Vous pourrez revenir au cœur de certains défis du passé, avec l’apparence de maintenant.
À la fin des années 1970, un jeune journaliste de 23 ans nommé Nathalie Petrowski a été chargé d’une tâche imposante: encapsule dans les pages de Nouvelles Les origines, l’essence et les ambitions du groupe Québec de l’heure, Harmonium, et son chef, Serge Fiori. Ce qu’elle ne sait pas, c’est que son portrait de quelque 4 000 mots constituera, près de 50 ans plus tard, un “Polaroid” essentiel de l’époque qui a vu la naissance de la légende musicale à laquelle le Québec rend cet hommage final ce mardi.
L’article publié dans le numéro de décembre 1977 ne peut pas mieux tomber. Harmonium termine la tournée de son troisième album, Heptade -Une création unique qui repose sur les sept niveaux de conscience et commence à parler au-delà des frontières du Québec. “Le groupe était en pleine gloire”, se souvient Nathalie Petrowski.
À l’époque, Harmonium, cependant, n’était pas seulement une formation musicale à la mode, a écrit le journaliste. «C’est de la musique, mais c’est aussi un mode de vie, un état d’esprit comme la nouvelle jeunesse québécoise. Celui qui a une sagesse universelle et régule le sort du monde en trois accords de guitare.» »»
Parmi ses nombreuses interviews, la journaliste a une mémoire vive de sa rencontre avec un Fiori Serge avec un regard “intense et fiévreux” dans une maison désordonnée à Saint-Césaire, à Montérégie. “Il a été porté par le culte autour de lui, mais en même temps, il fuyait. C’était beaucoup de pression pour lui”, dit-elle aujourd’hui.
L’article a également cela fascinant: il décrit ce qui semble être le début de quelque chose de plus grand (la tournée possible aux États-Unis, le désir de démêler à l’international), mais il annonce en fait le début de la fin. En lisant les paroles de Serge Fiori, inconfortables dans son rôle de leader, ou celles du pianiste Serge Locat, qui quitte le “bus” métaphorique du groupe tout en limitant son chauffeur en passant, nous comprenons que les fissures commençaient déjà à apparaître. «Lorsque les membres de Harmonium étaient sur scène, tout est devenu collectif et uni, mais le reste du temps, c’était difficile à gérer. C’était un grand gang», explique Nathalie Petrowski.
Quelques mois après la publication de l’article, les fissures deviennent des fossés insurmontables, les doutes de Serge Fiori se transforment en tourments et l’aventure de l’harmonium se termine. La publication en mai 1978 de Deux cents nuits à l’heureUn album que Serge Fiori a créé avec Richard Séguin, marque le début de sa carrière en solo, mais aussi une longue période loin des planches et des projecteurs, à quelques exceptions près.
Harmonium et son chef ne seront donc passés sur la scène culturelle du Québec, mais ils l’auront marqué pour toujours. Comme Nathalie Petrowski aime le dire, ce groupe était “la bande originale d’une génération”, comme nous le fera les Cowboys stupides des années plus tard.
Serge Fiori rejoint Karl Tremblay, deux artistes devant qui nous voulions nous émerveiller plus longtemps. Deux étoiles de tournage.
Bonne lecture!
Karl Rettino-Parazelli, journaliste à Nouvelles
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