Au Québec, comme ailleurs, la pandémie CoVVI-19 provoque un état d’urgence sans précédent. Fait rassurant: nous observons une multiplication des gestes de solidarité et une aide mutuelle représentant une réponse collective aux défis posés par l’apparition du coronavirus.
La population, les entreprises, les organisations et les institutions, à la fois canadien et québécois, se mobilisent rapidement avant la menace posée par le CoVVI-19. Parmi eux se trouvent des organismes de bienfaisance, qui réunissent des œuvres caritatives ainsi que des fondations publiques, privées et communautaires.
La robustesse et la résilience de la philanthropie face à des questions internationales à grande échelle sont un phénomène que notre groupe de recherche a déjà mentionné en janvier dernier lors des incendies australiens. Nous sommes d’avis que pour répondre pleinement à la crise, les organismes de bienfaisance peuvent rassembler leurs actions autour de quatre stratégies.
1. Adapter les méthodes d’intervention
Le principal effet de la crise du coronavirus est de nous forcer à configurer afin de générer une distanciation sociale. Cependant, les besoins d’aide des gens n’ont pas disparu et de nouveaux besoins sont apparus.
Pendant Covid-19, il est essentiel de maintenir les services aux personnes les plus vulnérables. Différentes actions sont nécessaires, telles que le renouvellement des banques volontaires, pour mobiliser des personnes de moins de 60 ans ou l’adoption de nouvelles façons d’aider les personnes isolées, y compris les sans-abri ou “sans chèques”, car non éligible à différentes mesures de sécurité sociale.
Nous observons un mouvement d’adaptation important dans les manières de donner du temps, de l’argent ou d’offrir à la population différents services. Il existe de nombreux exemples et multipliés de jour en jour. Pensons à la formation de groupes de soutien dans les districts grâce aux plates-formes virtuelles ou à l’utilisation de la socio-financement pour mobiliser des dons d’argent.
Les fondations canadiennes sont également regroupées pour mettre en commun leurs ressources financières afin d’aider directement ou des organisations communautaires. Les fonds d’urgence sont également mis en place par des organisations philanthropiques pour intervenir rapidement avec les populations les plus vulnérables. L’appel du Premier ministre ajouté, François Legault, qui a demandé aux travailleurs licenciés pour se porter volontaires pour surmonter les besoins des organisations communautaires.
Enfin, l’action adaptative a également une dimension cognitive. Les organisations philanthropiques doivent avoir accès à des informations crédibles et à des données fiables pour pouvoir décider entre la vraie des fausses et ainsi prendre des décisions éclairées. Pour ce faire, il est nécessaire de compter sur des médias robustes et sur un bon niveau de communication avec les cercles scientifiques. La bonne information n’est pas seulement des informations crédibles, mais aussi des informations qui regardent la réalité.
2. Faites votre bonne partie dans l’effort global
À l’échelle internationale, des actions majeures sont actuellement en cours. Tout d’abord, l’alliance entre la Fondation des Nations Unies, la Fondation Swiss Philanthropy et l’Organisation mondiale de la santé (OMS) afin de créer le fonds de solidarité pour la lutte contre la maladie de Coronavirus (Covid-19) le 13 mars.
L’objectif de ce fonds est de collecter des dons en argent auprès des particuliers, des entreprises et des institutions dans le monde afin de soutenir le travail de l’OMS, qui intervient dans le monde entier pour lutter contre la propagation du virus.
Selon des données datées du 28 mars, le fonds avait collecté un peu plus de 112 millions de dollars contre 205 000 donateurs individuels et d’entreprise. L’ONU a également lancé le “plan de réponse humanitaire” qui vise à lever deux milliards de dollars. Les instruments financiers deviennent donc disponibles pour soutenir le travail des grandes organisations à l’échelle internationale.
https://www.youtube.com/watch?v=jw4rttlfj4w
3. Préparez la sortie de la crise
Il est nécessaire de planifier après que Covid-19 ait pris en compte les inégalités sociales.
Rappelons que la pandémie a des impacts différents d’un groupe à l’autre. À cet égard, l’Observatoire du Québec sur les inégalités a produit une analyse très éclairante qui explique comment certains groupes socio-démographiques sont particulièrement affectés par la crise. Ainsi, nous sommes tous concernés pour le moment, mais nous ne sommes pas de la même manière.
Alors que les gens bénéficient de conditions favorables, ont des revenus garantis et peuvent faire du télétravail, d’autres personnes, moins privilégiées, sont à l’avant: les travailleurs des services essentiels, y compris les “Guardian Angels”, qui travaillent pour le bien commun. Cependant, le risque pour la santé n’est pas le même pour les concierges, les professionnels de la santé, les commis ou les chauffeurs d’autobus que pour les gestionnaires ou les universitaires – que nous sommes – qui peuvent effectuer leurs tâches à la maison.
Certes, il est important de reconnaître actuellement l’importance de leur travail, mais cette reconnaissance symbolique devra se traduire de manière tangible par des améliorations dans leurs conditions de travail. [NDLR : les mesures du gouvernement Legault n’avaient pas été annoncées au moment d’écrire ces lignes.]
La crise actuelle relève des défis de la justice sociale, car les dynamiques inégales déjà présentes dans la société se font sentir plus d’acuité. Cette réalité est à retenir. Elle remet en question l’écosystème philanthropique sur les actions à prendre pour trouver des moyens innovants pour lutter contre les injustices sociales.
4. Soutenir une économie locale et durable
Le temps actuel de l’arrêt est l’occasion de réfléchir à la grande fragilité de notre système économique, qui est basé sur le marché libre et l’interdépendance généralisée des économies nationales.
Par conséquent, l’idée d’un «retour à la normale» ne devrait pas constituer notre vision de l’avenir. Aujourd’hui, nous observons la grande fragilité induite par l’hyperconnectivité des sociétés. En plus d’avoir favorisé une propagation extrêmement rapide du virus sur tous les continents, il menace les chaînes d’approvisionnement et nous rappelle les avantages d’avoir une économie de santé locale.
Sur ce point, les fondations de subventions peuvent agir grâce aux stratégies d’investissement en matière d’impact de solidarité et de financement pour assurer la viabilité des entreprises locales qui offrent des services essentiels aux communautés.
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