Il n’y a pas que les frères Lebrun dans le tennis de table français. Il y a aussi Simon Gauzy. Simon qui ? Simon Gauzy, alias Zigaille, 29 ans, père de deux enfants, un revers fouetté, un coup droit qui ne l’est pas moins, et une tête qui commence à reculer. Un brave type, ce Gauzy.
Pensez-y : après toute une carrière passée à tourmenter une petite balle blanche dans la solitude d’une discipline peu médiatisée, le pongiste toulousain a vu arriver, il y a deux ans, deux jeunes météorites au talent incroyable et aux looks improbables, Félix et Alexis Lebrun. Combien se seraient découragés ? Combien auraient râlé sans fin contre cette concurrence déloyale, au vu de son propre palmarès ? Pas Simon Gauzy, ou très peu. Rien que pour ça, il méritait une médaille.
C’est fait. Les mains posées sur la tête en signe d’incrédulité, le droitier a fondu en larmes à l’issue du match décisif de la “petite finale” du tournoi par équipes, vendredi 9 août, à l’Arena Paris Sud. Cette victoire sur le Japon – par 3 matches à 2 – offre à la France sa deuxième médaille de bronze des Jeux, après celle décrochée en simple messieurs, cinq jours plus tôt, par Félix Lebrun.
Dans le hall surchauffé de la Porte de Versailles (Paris 15et), le moins connu des pongistes français, n’a pas ménagé ses efforts. Associé à Alexis Lebrun, Simon Gauzy s’est montré décisif dans les doubles de cette compétition de cinq matches (4 simples et 1 double). Il s’est ensuite incliné face au 9et joueur mondial, Tomokazu Harimoto, non sans lui donner du fil à retordre.
Sans le mental d’acier de Félix Lebrun – vainqueur de ses deux simples – les Bleus auraient vu leur rêve de podium s’envoler. Et Simon Gauzy aurait pleuré lui aussi. De désespoir. Ce dénouement heureux cautérise une blessure profonde chez le joueur professionnel, qui a été « au plus bas depuis un an et demi »comme il l’a rappelé vendredi.
Une forme de consentement
Une dépression majeure l’a ensuite éloigné des tableaux pendant plusieurs semaines, en raison de plusieurs facteurs : une succession de mauvais résultats, la pression liée à la perspective des Jeux de Paris, les décompensations successives à ceux de Tokyo, en 2021 (où il a été éliminé en 8es de finale).fr (final)… Et l’ascension irrésistible d’Alexis et Félix Lebrun. « J’ai eu une très mauvaise expérience avec l’arrivée des deux frères, il confie à la Monde, ce vendredi. Cela a coïncidé avec une période où j’étais mauvais, alors que j’avais dominé tout le monde jusque-là.” Et d’insister sans qu’on le lui demande : « Oui, je l’ai mal pris. »
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