Le secret était bien gardé et la surprise totale. Après des mois de recul face aux assauts de l’armée russe pour s’emparer des territoires de l’est de l’Ukraine, les forces armées de Kiev ont ouvert un nouveau front sur le territoire même de la Fédération de Russie dans ce qui semble être une tentative de changer le cours de la guerre. En quelques jours, les Ukrainiens se sont emparés d’un territoire comparable à ce que la Russie a conquis en Ukraine depuis le début de l’année 2023. Un revers de taille pour le Kremlin, visiblement pris par surprise. Samedi 10 août à l’aube, cinq jours après le déclenchement de cette audacieuse incursion, les combats faisaient toujours rage dans la région russe de Koursk.
La situation sur le terrain reste entourée de nombreuses zones d’ombre. Des experts militaires ont fait état d’avancées rapides des forces armées ukrainiennes, qui ont réussi à s’emparer de plusieurs localités. Les chaînes Telegram de blogueurs militaires russes rapportent qu’elles ont pénétré sur une quinzaine de kilomètres en territoire russe. Les objectifs de cette offensive, hautement risquée pour Kiev compte tenu de la situation sur le reste de la ligne de front qui ravage l’Ukraine, sont également flous. Depuis son lancement, les autorités du pays refusent de commenter spécifiquement l’opération qui se déroule à environ 500 kilomètres de Moscou.
Vendredi, après avoir assuré à plusieurs reprises ces dernières heures avoir réussi à stopper l’avancée de l’armée ukrainienne, le ministère russe de la Défense a finalement annoncé l’envoi de renforts militaires dans la région, où l’état d’urgence a été décrété. « Les colonnes se dirigeant vers les zones opérationnelles sont équipées de lance-roquettes multiples BM-21 Grad, de pièces d’artillerie tractées, de chars (…), matériel lourd à chenilles, véhicules Ural et Kamaz »Le ministère a indiqué, selon des agences de presse, que des combats se déroulaient dans la banlieue ouest de la petite ville de Soudja, à environ 10 kilomètres de la frontière, connue pour être un important centre de transit du gaz naturel russe.

Pendant ce temps, les évacuations d’urgence de milliers de Russes fuyant les combats et l’avancée des forces armées ukrainiennes se poursuivaient vendredi après-midi. Anticipant une intensification des frappes russes sur la région limitrophe de Soumy, d’où sont partis les combattants de Kiev, la police ukrainienne a annoncé, de son côté, vouloir évacuer environ 20.000 personnes des localités proches du territoire voisin. Dans la région de Donetsk, vendredi, quatorze personnes ont été tuées et des dizaines blessées dans un attentat à la bombe contre un supermarché de la ville de Kostiantynivka, à la mi-journée.
Il vous reste 66.63% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.