Ce texte rassemble les capsules contenues dans notre newsletter politique, publiée le jeudi à 17h. Vous y retrouverez un regard en quatre points sur l’actualité politique de la semaine.
Certains se demandaient, lorsque Sophie Brochu a quitté Hydro-Québec, si le gouvernement Legault allait chercher un nouveau PDG qui serait un «homme à tout faire» et qui se contenterait d’appliquer à la société d’État la vision souhaitée par le gouvernement. Si, sur ce point, des doutes subsistaient concernant Michael Sabia, ils ont été dissipés avec fracas cette semaine.
Dès le début de la première journée de la très attendue commission parlementaire qui étudie le projet de loi 69 sur les ressources énergétiques, Michael Sabia a remis en question la logique de la politique gouvernementale d’allocation des blocs énergétiques. Il s’agissait d’exprimer un désaccord avec la vision de Pierre Fitzgibbon et de François Legault sur cet enjeu.
« Avons-nous actuellement l’équilibre dont nous avons besoin pour l’avenir entre la décarbonisation et la croissance économique ? », s’interroge-t-il. « Cet équilibre se reflète-t-il dans toutes les décisions prises jusqu’à maintenant sur l’allocation des mégawatts ? Ce n’est pas tout à fait clair pour moi. » En substance, Michael Sabia reproche au gouvernement d’utiliser l’énergie disponible pour attirer des entreprises étrangères (bonjour Northvolt !), au détriment des entreprises québécoises qui auraient pu utiliser cette électricité pour décarboner leurs activités.
La remarque fait mauvaise figure à François Legault, car elle écorche son discours sur le nationalisme économique. Son principal argument pour justifier l’octroi d’énergie à des entreprises étrangères – elles offrent des salaires de 50 $ l’heure – tombe un peu à plat lorsqu’on apprend qu’une entreprise québécoise de Sorel s’est vu refuser des mégawatts, alors qu’elle paie précisément les salaires vantés par François Legault… On comprend par la vive réaction du premier ministre qu’il ne regrette aucun des choix qui ont été faits (d’autant plus qu’il s’agit de choix politiques qui relèvent du ministre), mais il sera intéressant de voir comment la nouvelle ministre Fréchette naviguera dans ce délicat débat.
Le nombre
47%
Un sondage Léger publié cette semaine révèle que 47 % des Canadiens souhaitent la tenue d’élections — contre 34 % qui ne le souhaitent pas et 19 % qui n’ont pas d’opinion sur la question. La question a été posée dans la foulée de la fin de l’entente qui assurait l’appui du NPD au gouvernement Trudeau. Cela dit, le « quand » reste sujet à débat : 38 % des répondants au sondage souhaiteraient une élection cet automne, 9 % à l’hiver et 13 % au printemps (ce qui semble la fenêtre la plus probable, politiquement parlant). Sinon, 37 % espèrent le vote en octobre 2025, comme prévu. Le reste du sondage a dû faire tiquer les libéraux, qui se retrouvent 20 points derrière les conservateurs à l’échelle nationale…
Le baromêtre
👍 À la hausse
Peu importe sa lecture de ce que devrait être la gestion des finances publiques du Québec, ou sa compréhension de ce qu’est le projet de la CAQ, Youri Chassin a eu le mérite de faire les choses correctement en claquant la porte du caucus ce jeudi. Il s’est rendu compte qu’il ne pouvait plus défendre de bonne foi les choix du gouvernement auprès de ses électeurs. Et il ne croit plus à la grande promesse de changement de la CAQ. Il s’en va donc en justifiant pourquoi, contrairement à Pierre Fitzgibbon la semaine dernière, qui avait tout simplement mis tout cela sur le compte d’un manque de motivation assez vague. Et surtout : il ne s’en va pas. Youri Chassin siégera comme indépendant jusqu’à la fin de son mandat et n’adhérera pas au Parti conservateur du Québec (ni au Parti conservateur du Canada, contrairement à son ancien collègue Éric Lefebvre). C’est parce qu’il a été élu comme député de la CAQ et qu’il y a une différence entre devenir indépendant et défendre les couleurs d’un autre parti. C’est tout à son honneur de le reconnaître. Pour le reste, ce sera à lui de démontrer qu’il peut mieux faire avancer ce qu’il appelle « l’agenda de la CAQ » de l’extérieur du caucus, plutôt que de l’intérieur…
👎 Vers le bas
Deux dossiers ont illustré cette semaine les craintes concernant l’avenir du transport en commun au Québec. D’un côté, l’ARTM (Autorité régionale de transport métropolitain) étudie l’option d’une « fermeture complète de lignes » de trains de banlieue, soit celles de Mascouche, Candiac et Mont-Saint-Hilaire, afin d’économiser quelque 21 millions $ par année. Un service d’autobus serait plutôt proposé. Au même moment, sept maires de la Rive-Nord (Montréal) se sont rendus à l’Assemblée nationale pour dire à quel point les services de transport en commun sont « inefficaces », voire « absents » sur leur territoire, ce qui signifie que « des milliers de familles » s’ajoutent au trafic, faute d’autres options. La réponse de la ministre des Transports, Geneviève Guilbault, a consisté essentiellement à dire que les caisses sont vides à Québec et qu’une solution possible réside dans la contribution du secteur privé au développement des réseaux. Ce qui ne rassurera pas ceux qui ont l’impression persistante que ce dossier n’est pas une priorité pour le gouvernement…