Adolescente, elle se croit ratée et souhaite fuir la France. Aujourd’hui, à 36 ans, Nina Métayer, pâtissière, cumule les distinctions et représente la France dans le monde. En 2023, elle devient la première femme choisie par l’Union internationale des boulangers-pâtissiers pour être l’ambassadrice de la profession et, en 2024, elle est élue meilleure pâtissière du monde par The World’s Best Restaurants. Elle a réalisé les desserts du dîner d’État de Xi Jinping à l’Elysée en mai.
Je ne serais pas arrivé ici si…
Si je n’étais pas partie vivre seule au Mexique pendant un an quand j’étais adolescente. Ce petit moment de folie a tout déclenché. J’avais rencontré une fille qui avait passé quelque temps aux États-Unis après le lycée. Quand elle est revenue, elle parlait anglais, elle avait beaucoup appris et était tellement impressionnante quand elle parlait de tout ce qu’elle avait vécu. Je pensais que j’étais très inintéressante et pas très intelligente, et je rêvais d’être cette fille, d’être intéressante pour les autres. Alors un soir, à 10 h 30,ème Après avoir obtenu mon bac, je suis rentrée à La Rochelle et j’ai dit à mes parents que je voulais partir à l’étranger l’année suivante. J’avais 15 ans et, en réalité, je n’y croyais pas vraiment. Mais j’avais soif d’aventure et je voulais être fière de moi.
Aviez-vous une image très négative de vous-même ?
Je me sentais comme une perdante. À l’école, on se moquait de moi parce que je bégayais. J’étais très timide, dyslexique et je n’arrivais pas à suivre le rythme en musique. Du coup, j’ai fait 15 ans de théâtre, toujours coincée dans des petits rôles dont j’avais du mal à me souvenir, et 12 ans de piano, mais toujours dans le groupe des débutants. J’étais hyperactive, donc rester assise me demandait beaucoup d’efforts. Je n’étais pas faite pour l’école. Je m’inquiétais pour l’avenir. Je n’étais pas très bonne en français, en histoire, en géographie ou en sciences. Qu’allais-je faire ? Je n’en avais aucune idée.
Comment vos parents ont-ils réagi à votre demande ?
Mon père était réticent, mais ma mère, qui avait voyagé en Californie quand elle était jeune, ne s’opposait pas à cette idée. J’avais un atout : depuis deux ou trois ans, je travaillais au marché tous les week-ends et pendant les vacances. Tout a commencé parce que j’étais tombée amoureuse d’un garçon. Après l’avoir appelé si souvent, ma facture de téléphone est devenue énorme et ma mère m’a demandé comment je comptais la payer…
Dès le lendemain, j’ai trouvé un travail au marché. J’ai adoré ça et j’ai ainsi acquis très tôt une forme d’indépendance financière qui m’a donné une certaine liberté. Je pouvais acheter les vêtements que je voulais, payer mon tour si j’en avais envie, etc. Cela m’a donné une certaine légitimité pour planifier un voyage lointain. Finalement, mes parents m’ont fait confiance.
Il vous reste 77.48% de cet article à lire. Le reste est réservé aux abonnés.