À qui s’adressent les grands magasins parisiens ? À leur apparition au 19ème siècle, elles ont joué un rôle essentiel dans la démocratisation de la mode, comme le montre l’exposition qui leur est consacrée au Musée des Arts Décoratifs de Paris (ouverte jusqu’au 13 octobre) Cet objectif était devenu quelque peu flou avant la pandémie de Covid-19, lorsque ces institutions parisiennes semblaient principalement cibler les touristes chinois, qui arrivaient en grands groupes avec de longues listes de courses de produits de luxe.
Mais nous pourrions assister à un retour à la stratégie initiale. Le nombre de clients asiatiques étant en baisse depuis la période pré-pandémie, les grands magasins adaptent désormais leur offre de mode pour séduire à nouveau les acheteurs locaux, en devenant à la fois plus accessibles et plus ciblés.
Le changement le plus marquant est l’importance donnée aux marques dirigées par des designers. Il s’agit de labels incarnés par leur fondateur ou leur directeur artistique, avec une identité forte. et des prix situés entre le milieu de gamme et le luxe. Avec des T-shirts vendus autour de 100 € et des manteaux allant jusqu’à 1 000 €, et la plupart des gammes entre 300 et 400 €, les prix peuvent encore être élevés, mais ces marques, dont les produits sont généralement fabriqués en Europe, ont pour objectif de promouvoir l’idée d’un bon rapport qualité-prix.
D’un grand magasin à l’autre, le mix produit est assez similaire et esthétiquement complémentaire : Jacquemus et son look ensoleillé d’ajouré robes et hauts à volants ; Ami, qui revisite le vestiaire parisien avec des basiques ornés de son logo cœur ; Lemaire, avec son ligne chic et sobre aux tons neutres ; Zimmermann dont les robes fleuries s’adaptent à toutes les morphologies ; Courrèges dont le directeur artistique Nicolas Di Felice a réinterprété les formes géométriques signatures de la marque, et Rabanne où Julien Dossena a insufflé un nouveau souffle à la griffe avec des imprimés mixtes et décalés. bling-bling.
Ces marques sont omniprésentes au Printemps Haussmann, au Bon Marché ou à la Samaritaine. Le deuxième étage des Galeries Lafayette Haussmann, entièrement rénové, leur est désormais dédié. Les espaces qui leur sont dédiés sont vastes : des boutiques d’une centaine de mètres carrés qui reprennent le mobilier et les codes de la maison. La grotte beige de Jacquemus côtoie l’esthétique laboratoire immaculée de Courrèges.
La plupart des ventes de ces marques étant réalisées en ligne, les points de vente physiques sont conçus pour attirer les clients désireux de toucher ou d’essayer les pièces. L’investissement du grand magasin vient également de la sélection de produits, qui n’est plus une simple liste des best-sellers de la marque. “Le choix « L’offre est comparable à celle des boutiques de centre-ville », explique Arthur Lemoine, directeur de l’offre des Galeries Lafayette. « Cela comprend des pièces de défilé, des collections capsules, des nouveautés, des avant-premières. »
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