« Comment se passe ta première année de collège ? », ai-je demandé à Charlot, un ami de mon fils qui était allé en primaire avec lui l’année précédente. « Ah, c’est super ! Mais il m’a fallu attendre les vacances de Noël pour me sentir bien. Je n’étais pas habituée aux examens et avec toutes ces révisions, je n’ai pas eu de bonnes notes pendant longtemps. Mais maintenant, ça va mieux ! »
“C’est vraiment dur cette année, ma fille ne se fait pas de copains dans sa classe, elle trouve la prof stricte, elle pleure tous les soirs et ne veut plus aller à l’école, elle qui était habituellement motivée et enthousiaste”, me confiait un papa de l’école de mes filles, deux mois après la rentrée.
L’adaptation à la nouvelle année scolaire peut prendre un certain temps, de plusieurs semaines à plusieurs mois. Ce temps d’adaptation est normal et varie d’un enfant à l’autre, en fonction notamment des difficultés personnelles de chacun, du contexte scolaire et familial, des facteurs de stress rencontrés et des ressources auxquelles l’enfant a accès pour l’accompagner. Pour certains, la rentrée scolaire se passera bien au début, mais les séquelles du stress initialement vécu pourraient se faire sentir plus tard. Chacun a son propre parcours. Comment accompagner notre enfant dans son processus d’adaptation ?
Recréer une routine équilibrée
Le rythme de la rentrée scolaire est très différent de celui des vacances. Bonjour les réveils plus tôt, la frénésie matinale et les devoirs à faire au retour à la maison. Pour que cette transition se passe bien, il est très utile de rétablir le rythme dès septembre, voire quelques jours avant. D’abord, retrouver un rythme de sommeil sain. Comment ? En couchant les enfants à une heure qui permet un sommeil réparateur en fonction de leur heure de réveil (au moins neuf heures de sommeil en primaire et huit heures au collège).
Essayez également de rationaliser la routine pour qu’elle se déroule plus facilement. Vous pouvez par exemple préparer le déjeuner, le cartable et les vêtements pour le lendemain la veille au soir. Moins de décisions à prendre le matin signifie moins d’énergie dépensée et moins de conflits potentiels au début de la journée, lorsque tout le monde court dans la maison.
Établissez une routine pour le retour à la maison : quand faire ses devoirs, quand jouer sur la tablette, etc. Cela évitera à votre enfant de poser les mêmes questions tous les jours. En prime, vous éviterez les disputes : « Va faire tes devoirs ! » — « Non, pas tout de suite ! » Pour aider à établir cette routine, vous pouvez déterminer avec votre enfant les activités qu’il souhaite prioriser. D’ailleurs, pourquoi ne pas prévoir des moments de « rien » ! Certains enfants n’ont pas de temps dans leur quotidien pour se poser, se détendre et s’ennuyer. Ces moments de « rien » sont très bénéfiques et leur permettent de se ressourcer.
Il en va de même pour les activités amusantes et agréables : prévoyez-les. Savoir qu’il aura du temps pour écouter de la musique, jouer au foot ou voir un ami aidera votre enfant à ressentir les bienfaits d’une journée bien équilibrée.
La routine devra probablement être modifiée en cours d’année pour intégrer de nouvelles activités, comme un cours parascolaire en hiver, pour répondre à certains besoins d’autonomie ressentis par l’enfant, par exemple l’envie de préparer lui-même ses lunchs ou de rentrer seul de l’école, ou encore pour s’ajuster aux contraintes de la réalité, comme des journées plus courtes.
Promouvoir les liens
« Se connecter » aux autres est essentiel au bon développement et au bien-être de l’enfant. Un enfant qui se sent connecté aux autres et apprécié se sentira mieux, aura une meilleure estime de lui-même, plus confiance en lui et sera plus motivé pour aller à l’école ! Votre enfant semble avoir du mal à se faire des amis ? Est-il toujours seul quelques semaines après la rentrée ? En tant que parent, vous pouvez lui donner quelques conseils : faire quelque chose de gentil avec un ami, lui parler de quelque chose qu’il vient de vivre en classe, lui poser des questions, etc. Vous pouvez aussi favoriser les liens en discutant avec d’autres parents autour de l’école. Une discussion entre parents permet aux enfants de se retrouver, même si ce n’est que pour quelques minutes de plus. Enfin, en plus d’être riches en stimulations et en apprentissages, les activités parascolaires représentent un environnement idéal pour faciliter les contacts entre les enfants.
Apprivoiser son stress
On sait que le stress fait partie de la vie scolaire. Et il n’est pas négatif en soi. Le stress peut même être utile pour se préparer à affronter certaines situations. Par exemple, il peut mobiliser notre énergie pour nous amener à étudier suffisamment en prévision d’un examen ou soutenir notre concentration lors d’un événement sportif ou d’une présentation orale. Mais si le stress devient envahissant, des stratégies éprouvées peuvent aider à le réduire et à améliorer le bien-être du jeune. Parmi ces stratégies : faire de l’exercice régulièrement, créer des moments apaisants (écouter de la musique, se détendre à l’extérieur, faire du vélo, etc.) ou pratiquer une activité que l’on apprécie.
Nommer le stress — et les émotions vécues — permet de mieux l’apprivoiser, de le réduire et d’en faire un état utile plutôt qu’un état handicapant. Vous pouvez d’abord encourager votre enfant à parler de lui. Il ne s’agit pas de mener un interrogatoire serré sur le déroulement de sa journée ! Essayez plutôt de créer un espace pour accueillir votre enfant s’il souhaite partager avec vous certains événements qu’il a vécus. Il peut aussi dessiner ou écrire ses pensées ou ce qui le dérange. En écrivant, il pourra mieux identifier les sources de son stress et trouver des solutions si nécessaire.
Mettre l’accent sur l’autonomie
Laissez à votre enfant le temps de découvrir et d’expérimenter sa nouvelle réalité. Vous ne pourrez pas — et ce n’est pas souhaitable non plus — surmonter tous les obstacles qui se dresseront sur son chemin. Par exemple, si les informations sur un devoir ne sont pas claires, vous pouvez favoriser l’autonomie de votre enfant en l’incitant à poser lui-même la question à l’enseignant. En soutenant son autonomie, en le laissant faire des erreurs, vous lui faites savoir que vous avez confiance en ses capacités, ce qui lui permet de construire ses ressources personnelles et de croire davantage en lui-même !
Accompagner l’enfant
Soutenir l’autonomie de votre enfant ne signifie pas se désengager. Soutenir votre enfant, c’est accueillir ce qu’il ressent, s’impliquer dans son quotidien et tolérer qu’il fasse des erreurs et des faux pas non seulement pendant les premières semaines d’école, mais tout au long de l’année scolaire. N’oubliez jamais que les erreurs et les maladresses représentent de formidables occasions d’apprentissage. Votre enfant fait une erreur ou connaît un échec ? Mettez en avant les efforts qu’il a fournis, expliquez-lui qu’il est en cours d’apprentissage et réfléchissez ensemble à des solutions pour tenter d’éviter que la situation ne se reproduise. Placez un pense-bête à côté de son sac à dos ou à un endroit stratégique de l’entrée pour qu’il choisisse les bons cahiers avant de partir à l’école, par exemple ; ajoutez une étagère amovible dans son casier pour qu’il puisse trier ses cahiers ; déterminez un « chiffre magique » qui représente le nombre d’objets qu’il doit absolument avoir en sa possession avant de partir à l’école le matin. Le chiffre 3, par exemple, correspond à la boîte à lunch, aux clés et à la bouteille d’eau.
De nouvelles sources de stress surgiront bien sûr tout au long de l’année, qu’il s’agisse d’une nouvelle matière plus difficile, d’un changement d’enseignant ou d’un conflit avec un ami, et votre enfant devra apprendre à s’y adapter au fur et à mesure. Encouragez-le à informer les enseignants et le personnel de l’école des difficultés d’adaptation auxquelles il fait face, afin qu’ils puissent mieux l’accompagner. Pour les plus jeunes, vous pouvez leur parler directement pour faciliter la communication. Et surtout, gardez en tête que pour vous aussi, l’adaptation de votre enfant à l’école comporte son lot de stress. Soyez indulgent avec vous-même et avec votre enfant, et accordez-vous du temps pour vous adapter, une journée à la fois.
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