
Une étape décisive a été franchie, mercredi 23 octobre au soir, avec l’adoption par les sénateurs de la proposition de loi organique réformant le financement de l’audiovisuel public. Inscrite à l’ordre du jour à la demande du président du Sénat, Gérard Larcher (Les Républicains, LR), la proposition – votée par 339 pour et 1 contre – fait l’objet d’une procédure accélérée à la demande du gouvernement. Son examen est déjà prévu le 19 novembre à l’Assemblée nationale.
Il y a urgence car, en l’absence d’un vote des deux chambres, l’audiovisuel public – France Télévisions, Radio France, France Médias Monde, TV5Monde, Arte France et l’Institut National de l’Audiovisuel (INA) – risque de dépendre directement du budget de l’État à partir de 2025. Une telle connexion “n’offrirait aucune garantie d’indépendance”a alerté le Syndicat national des journalistes, vendredi 18 octobre.
Au Sénat, la suggestion d’un système basé sur un prélèvement sur les recettes a finalement disparu, les élus du Palais du Luxembourg ayant opté pour un “montant de la taxe d’État” sur la taxe sur la valeur ajoutée (TVA). Le système provisoire adopté en 2022, lorsque la contribution à l’audiovisuel public (ex-redevance) a été supprimée par Emmanuel Macron, concernait une fraction de la TVA, mais celle-ci étant sujette à des variations, les sénateurs ont préféré l’option d’un montant fixe.
« Cela ne suffira pas »
Pour Jean-Raymond Hugonet (LR), le rapporteur de la proposition de loi organique déposée par Cédric Vial (LR, Savoie), Catherine Morin-Desailly (Les centristes, Seine-Maritime), Roger Karoutchi (LR, Hauts-de-Seine) , et Laurent Lafon (Union des Démocrates et Indépendants, Val-de-Marne), si l’audiovisuel public doit bénéficier d’un financement indépendant et pérenne, “il n’y a aucune raison pour qu’il ait un statut particulier” ce qui le protégerait de l’effort demandé à tous les Français. « Il faut tenir compte des finances du pays »insiste M. Hugonet, pour qui les 4 milliards d’euros prévus dans le projet de loi de finances pour 2025 représentent “une somme” – implicitement conséquent – qui aurait dû être précédé d’une redéfinition « missions et portée » radiodiffusion publique.
Une manière de pousser à un retour en grâce du projet de réforme de la gouvernance, porté par la ministre de la Culture, Rachida Dati, avant que la dissolution de l’Assemblée nationale, le 9 juin, n’y mette un coup d’arrêt. Si le ministre de la Culture a voulu aller jusqu’à la fusion de France Télévisions avec Radio France et l’INA (voire France Médias Monde), le projet de loi du sénateur Laurent Lafon sur lequel le ministre entendait s’appuyer s’est arrêté à la création d’un holding société pour superviser les différentes sociétés. « Sauvegarder le mode de financement ne suffira pas, il faut aussi réformer l’audiovisuel public »A prévenu une nouvelle fois Rachida Dati, mercredi, au Sénat, sans en dire plus ni fixer de calendrier pour l’instant.
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