La ministre de la Santé Geneviève Darrieussecq a annoncé mardi au Parisien que les sachets de nicotine seront interdits via un texte publié “dans les prochaines semaines”. Appelés aussi « pochettes », ils présentent un risque pour les jeunes, selon le ministre.
Après les bouffées, les pochettes. La ministre de la Santé, Geneviève Darrieussecq, a annoncé ce mardi 29 octobre l’interdiction prochaine des sachets de nicotine, aussi appelés « pochettes ».
« Un texte d’interdiction sera publié dans les prochaines semaines », a-t-elle indiqué au Parisien. Depuis plusieurs mois, certaines autorités alertent sur ces produits prisés par les jeunes.
Petits sachets de nicotine
Les pochettes sont des sachets de nicotine sans tabac. Ils contiennent, dans un tissu perméable, des fibres polymères imprégnées de nicotine et d’arômes. Ces sachets, qui se glissent entre la lèvre et la gencive, diffusent de la nicotine pendant plusieurs dizaines de minutes.
Les vendeurs de sachets les présentent comme une alternative plus saine à la cigarette puisqu’ils ne contiennent pas de tabac et ne provoquent pas de combustion, ce qui provoque la formation de substances toxiques pour l’organisme. “En interdisant les sachets de nicotine, le gouvernement favorise indirectement les acteurs du tabac traditionnel”, a dénoncé ce mercredi dans un communiqué la plateforme d’information Nicotine World, fondée par des vendeurs de sachets.
Risques pour la santé
Mais en novembre 2023, l’Anses alerte sur les risques sanitaires des sachets, qui peuvent conduire à des « intoxications aiguës » à la nicotine. Selon le site de l’Assurance maladie, une surdose de nicotine se manifeste par des maux de tête, des nausées, des vomissements, une vision floue, des douleurs abdominales, des diarrhées, des sueurs froides, des tremblements et parfois une faiblesse générale. “A fortes doses”, des convulsions peuvent survenir, ajoute l’Assurance maladie.
Ces dernières années, les centres antipoison français ont signalé à l’Anses quelques cas d’intoxication liés à la consommation de sachets de nicotine, dont le nombre est probablement sous-estimé. “Ce sont des produits dangereux car ils contiennent de fortes doses de nicotine”, a jugé la ministre Geneviève Darrieussecq.
Une initiation au tabac ?
Le ministre de la Santé a également alerté sur la possibilité « d’induire une dépendance à la nicotine puis une entrée dans le tabagisme » via la consommation de sachets. Une préoccupation similaire à celle concernant les cigarettes électroniques depuis plusieurs années.
Le Haut Conseil de la Santé Publique estimait ainsi en 2021 que la littérature scientifique tend à démontrer que la cigarette électronique peut initier les adolescents à la consommation de tabac. Cet organisme chargé de conseiller les pouvoirs publics en matière de santé recommande de retarder l’initiation et l’usage de l’e-cigarette chez les adolescents non consommateurs de tabac par « principe de précaution ».
Geneviève Darrieussecq a également souligné que la commercialisation des pochettes « s’adresse directement aux jeunes ». “J’aimerais que nous puissions protéger notre jeunesse”, a-t-elle déclaré au Parisien.
Un constat déjà formulé par le Comité national contre le tabagisme (CNCT) en mai. Cette association a relevé 239 publicités pour des sachets de nicotine sur Instagram en 2023, alors qu’« aucune vérification rigoureuse de l’âge n’est effectuée sur les sites » qui les vendent.
« Ces publicités font notamment état de la diversité des saveurs disponibles, et de la possibilité de consommer ces produits dans des lieux où il est interdit de fumer », décrivait la CNCT dans un communiqué en mai. Le président de l’organisme, le professeur Yves Martinet, a affirmé que “l’importance des doses de nicotine caractérise le caractère addictif du produit et par conséquent une apparition très rapide de dépendance, notamment chez les jeunes”.
Autres produits dans le viseur du gouvernement
Face au risque d’une interdiction, les industriels plaident pour des “mesures de bon sens” : “une interdiction de vente aux mineurs, un encadrement de la distribution et un contrôle de la teneur en nicotine” pourraient “protéger les populations les plus vulnérables tout en accompagnant les fumeurs dans leur démarche d’arrêt du tabac”. », assure Nicotine World.
Jusqu’alors, les sachets de nicotine n’étaient soumis à “aucune réglementation particulière en France ou en Europe”, selon l’Anses. Cela devrait changer prochainement, selon les annonces du gouvernement, qui envisage également d’interdire des produits similaires comme les perles aromatiques.
Geneviève Darrieussecq a également indiqué que le projet de loi transpartisan adopté au Parlement en début d’année pour interdire les puffs, ces cigarettes électroniques à usage unique également appréciées des jeunes, devrait être promulgué “dans les prochaines semaines”. “Mon objectif est d’arrêter leur commercialisation avant la fin de l’année”, a-t-elle déclaré.