Chaque dimanche, le‘équipe de Nouvelles vous invite à lire (ou relire) dans sa newsletter Miroir l’un des reportages les plus marquants de la riche histoire du magazine. Vous pourrez ainsi replonger au cœur de certaines problématiques du passé, avec la perspective d’aujourd’hui.
Ce n’est pas l’algorithme de Spotify ni celui d’Amazon Prime qui vous apprendront cela, mais sachez que le Gala de l’ADISQ a lieu ce soir, à la télévision fédérale. Il n’y a pas si longtemps, alors que Louis-José Houde était déjà un habitué de cette cérémonie, la soirée de Félix était un événement majeur dans la vie collective des Québécois. On a beaucoup discuté le lendemain autour de la machine à café sur les choix de l’académie ! Il n’y a pratiquement pas eu de bagarres dans les bus à ce sujet.
Ne surinterprètez pas mes propos : le Gala de l’ADISQ est encore loin de la sublimation qu’a connue la cérémonie de remise des prix du cinéma québécois et continue d’attirer un public nombreux et fidèle. Néanmoins, il semble qu’aujourd’hui, le ambiance n’est pas là mêmecomme le murmurait Charlotte Cardin. Les artistes primés semblent résonner moins fort dans notre chambre d’écho. Et cela reflète ce qui sort des écouteurs des Québécois.
Selon l’Institut de la statistique du Québec, en 2023, sur les 28 milliards (oui, milliards) de flux provenant des plateformes de musique en streaming au Québec, seulement 7,5 % étaient consacrés aux artistes locaux. , qu’ils chantent en français, en anglais, en innu ou qu’ils reprennent Metallica en inuktitut. Pour la seule musique francophone, la part est plutôt de 5 %.
Cela fait quand même deux milliards d’écoutes, pourrait-on dire. Certes, mais cela rapporte peu aux artistes : selon la Société canadienne des auteurs, compositeurs et éditeurs de musique, chargée de la gestion collective des droits d’auteur, les redevances moyennes perçues par les artistes canadiens grâce au streaming étaient d’un peu plus de 67 $ en 2022. Et cela inclut ceux reçus par Drake, The Weeknd, Nickelback et d’autres stars du Canada anglais. Difficile d’imaginer ce qui reste à une artiste comme Viviane Audet, par exemple, nominée dans la catégorie Album de l’année – Adulte contemporain lors du gala de ce soir.
Bref, on est loin de l’époque où Daniel Bélanger gagnait en moyenne 25 Félix par année (bon, j’exagère un peu). L’année 2003, au cours de laquelle est écrit Rearview de cette semaine, a été une exception, car le chanteur qui arrête de pleurer n’avait alors pas d’album à présenter. Il a quand même reçu le Félix du clip de l’année, avec Dans un Spoutnik. Sa protégée Ariane Moffatt est élue Révélation de l’année, tandis que Les Cowboys Fringants commencent à s’imposer comme un groupe sérieux. Et deux semaines avant faire la fête annuel, Richard Desjardins a lancé son colossal Kanasutasur lequel on retrouve le monologue “Le Gala”, qui lui permet de se moquer de la foule des remises de prix. Preuve suprême que tout est dans tout, l’année suivante, Desjardins remporte trois Félix pour cet opus. Ce qui a donné lieu à l’un des plus gros incidents diplomatiques de l’histoire des galas québécois, l’artiste ne pouvant être présent à la soirée et étant repoussé par l’animateur Guy A. Lepage (oui, c’est tout). était le gala des lancers Félix).
Tout ce préambule donc pour vous présenter une pièce d’orfèvrerie journalistique qui constitue le Rétroviseur de la semaine. En juillet 2003, Nouvelles avait publié un dossier intitulé « Le Québec en chansons », dans lequel de grands écrivains racontaient leur Québec inspiré par une chanson. Dans ce dossier, feu Georges-Hébert Germain avait choisi …et j’ai dormi dans mon tankde Desjardins. Il embarque ainsi à bord d’une grande Oldsmobile comme un bateau, prend la 117 en direction du nord et donne naissance à ce formidable hymne à l’Abitibi de Desjardins.
Bonne lecture et bon Gala de l’ADISQ !
Éric Grenier, rédacteur en chef
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