Le tendon calcanéen, également appelé tendon d’Achille, est bien connu des sportifs, car il est facilement sujet aux blessures. Chez les coureurs récréatifs, la tendinopathie d’Achille est également la principale blessure, selon une méta-analyse publiée en 2021.
Mais cela peut aussi survenir chez des personnes qui ne sont généralement pas très actives et qui, par exemple, partent en voyage et marchent soudainement quelques kilomètres par jour. La guérir demande toujours de la patience et de la persévérance.
Tendinite, tendinose ou tendinopathie d’Achille ?
Le tendon d’Achille est un tissu fibreux qui relie le muscle principal du mollet au gros os du talon derrière la jambe, à hauteur de cheville.
« Le terme « tendinite » fait référence à une inflammation, et « tendinose », à une dégénérescence, mais on s’est rendu compte que les deux pouvaient coexister », explique le Dr.r Martin Lamontagne, physiatre et médecin du sport au CHUM et à la Clinique de physiothérapie et médecine du sport de l’Université de Montréal. « On parle donc désormais davantage de tendinopathie. »
Les tendinopathies peuvent toucher divers tendons, n’importe où dans le corps – pensez à l’épicondylite (la fameuse tennis elbow), qui touche les tendons de l’avant-bras près du coude. Le tendon d’Achille est fortement sollicité par les mouvements liés à la marche, à la course ou au saut. Cela explique pourquoi la tendinopathie est fréquente chez les coureurs, mais aussi chez les joueurs de tennis, de football, de basket-ball et de volley-ball.
Plusieurs facteurs peuvent provoquer une dégénérescence du tendon d’Achille. La surutilisation en est un, mais la génétique et l’âge peuvent également jouer un rôle.
Généralement, le principal symptôme sera une douleur limitée au tendon lui-même lors de l’exercice, qui disparaîtra souvent après quelques minutes d’exercice, mais réapparaîtra une fois celui-ci terminé, décrit le physiothérapeute Jean-Sébastien Roy. Les jours suivants peuvent également être difficiles : le tendon semble raccourci et raide à la marche. Au repos, la douleur disparaît.
Quelles sont les causes de la tendinopathie d’Achille ?
Un tendon relie le muscle et l’os. Quand on contracte le muscle, il tire sur le tendon, ce qui fait bouger l’articulation, explique Jean-Sébastien Roy.
Idéalement, il faudrait conditionner progressivement le tendon d’Achille à être davantage sollicité, poursuit le spécialiste. Il va s’adapter, devenir plus fort et plus résistant. Le problème survient généralement lorsque nous augmentons les efforts trop rapidement. Une erreur courante que commettent les coureurs est de recommencer à courir au printemps au rythme qu’ils avaient l’automne précédent. « La douleur augmente progressivement. On a un peu de douleur, mais on court dessus, et puis on traîne pendant plusieurs semaines», illustre le kiné. Résultat : le tendon s’enflamme, se détériore et une tendinopathie s’installe.
Pour les sportifs, une réduction de l’effort demandé peut en soi favoriser la guérison. Pour d’autres, lorsque la tendinopathie fait suite à une activité ponctuelle et exceptionnelle, par exemple une longue randonnée, le repos suffit généralement.
Dans tous les cas, si la douleur ne disparaît pas ou s’aggrave, il vaut mieux consulter au préalable un kinésithérapeute. Si la blessure est associée à un sport en particulier, Jean-Sébastien Roy suggère de rechercher un physiothérapeute spécialisé dans cette discipline. Si la tendinopathie s’avère récalcitrante, vous pouvez vous tourner vers un médecin du sport ou un physiatre.
Le diagnostic repose dans un premier temps sur les observations du patient. Le spécialiste tentera d’identifier le contexte de surmenage qui a causé la blessure, précise Jean-Sébastien Roy : « Avons-nous commis des erreurs d’entraînement ? Vous avez changé de chaussures, de surface ? » S’il faut pousser plus loin, le praticien pourra recourir à l’imagerie médicale.
Comment guérit-on une tendinopathie ?
La première ligne de traitement des tendinopathies liées au sport n’est pas de maintenir le tendon au repos, mais au contraire de le remettre en mouvement le plus rapidement possible, explique Martin Lamontagne, qui soigne également les Carabins de l’Université de Montréal et le Athlètes de Tennis Canada. « Les tissus tendineux sont mal vascularisés et leur renouvellement cellulaire est lent. Ils guérissent donc très lentement. Des exercices bien conçus peuvent améliorer la guérison. » On cherchera un équilibre entre l’effort demandé et la capacité du tendon à le tolérer.
L’implication des patients sera donc cruciale pour mesurer l’évolution, souligne Jean-Sébastien Roy. « Nous voulons responsabiliser la personne, prendre soin de sa blessure. » La solution consiste parfois simplement à réduire l’intensité de l’entraînement et à en augmenter la fréquence. « Vous ne voulez pas que la douleur dépasse environ 2 sur 10 pendant l’entraînement, et vous observez ce qui se passe après. Nous modulerons l’effort demandé en fonction des symptômes. » Des exercices de renforcement peuvent également être prescrits, adaptés à chaque cas particulier.
Pour le soutien, le spécialiste peut également recommander des orthèses temporaires, pour réduire la tension sur le tendon et l’aider à récupérer. Pour les tendinopathies récalcitrantes, Dr Martin Lamontagne a aussi parfois recours au traitement extracorporel par ondes de choc. Il s’agit d’un appareil qui délivre de douces ondes de choc au tendon blessé. Ceux-ci peuvent provoquer une réaction inflammatoire et stimuler la guérison.
Les anti-inflammatoires sont utilisés avec parcimonie, car ils neutralisent la réaction inflammatoire, ce qui est bénéfique à la cicatrisation. Ils seront donc réservés au soulagement des douleurs aiguës voire chroniques, provoquées plutôt par une dégénérescence.
Les patchs de nitroglycérine, placés directement sur le tendon, sont devenus populaires ces dernières années. En théorie, ils faciliteraient la guérison en provoquant la dilatation des vaisseaux sanguins. Cependant, souligne le Dr Lamontagne, des études récentes rapportent des résultats mitigés, pas meilleurs que ceux obtenus avec un placebo.
Il préconise en revanche, pour les tendinopathies récalcitrantes, des injections d’acide hyaluronique, qui ont un effet analgésique et stimulent la cicatrisation. « Nous avons besoin de plus d’études, mais pour l’instant les données sont concluantes, elles semblent intéressantes. »
Comment prévenir les tendinopathies ?
Pour éviter les tendinopathies, le Dr Lamontagne recommande de s’équiper adéquatement, notamment en choisissant soigneusement ses chaussures, pour débuter un nouveau sport ou augmenter son niveau d’activité physique, et apprendre à mesurer la progression de l’effort. Il suggère aux coureurs d’essayer la règle d’augmentation hebdomadaire de la distance de 10 %.
Quelle que soit l’activité pratiquée, à chaque progression, il faut rester attentif aux signaux de douleur, qui indiquent qu’il vaut mieux revenir au niveau précédent. « Chaque corps est différent, il faut rester attentif. Il ne faut pas dire : « Ça fait mal, c’est normal, je vais continuer, je serre les dents et je prends de l’Advil », prévient le médecin. Un programme de renforcement musculaire peut également réduire les risques de blessures. Si malgré tout des douleurs s’installent, Jean-Sébastien Roy recommande de consulter sans tarder. « Si nous intervenons rapidement, nous améliorons vraiment les chances de guérison. »
Pour ceux qui se préparent à marcher plus que d’habitude, par exemple en voyage, il peut être judicieux de conditionner progressivement le tendon et le pied d’Achille en marchant de plus en plus dans les semaines précédant l’activité. Si vous possédez une nouvelle paire de chaussures en prévision de cette activité, vous pouvez également vous y habituer progressivement.
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