Prenez-vous régulièrement des médicaments sur ordonnance ? Sachez que vous pouvez les magasiner, en comparant leur prix de vente dans différentes pharmacies. Oui oui, car on compare le prix du bœuf haché et des mangues entre les épiceries. Et les économies potentielles sont loin d’être négligeables. Un exemple parmi d’autres : Symbicort, un médicament contre l’asthme inhalé, peut coûter 73 $ dans une pharmacie et 94 $ dans une autre, soit près de 30 % de plus !
Si, comme quelque 3,6 millions de Québécois, vous bénéficiez d’une assurance médicaments de la Régie de l’assurance santé du Québec (RAMQ), ces conseils ne sont pas pour vous, car les prix des médicaments sur ordonnance sont les mêmes chez Jean Coutu de Sept-Îles. , chez Brunet à Amos ou chez Pharmaprix à Montréal.
En revanche, si vous avez une assurance collective privée – comme environ 4,5 millions de Québécois – c’est une autre histoire. Cela vaut la peine de suivre les conseils ci-dessous.
Gardez un œil sur les frais
Il faut d’abord savoir qu’au Québec (comme ailleurs au Canada), le prix des médicaments est le résultat d’une négociation entre toutes les provinces et les fabricants. Une fois que les deux parties se sont mises d’accord sur un prix, celui-ci devient le prix de vente unique du médicament dans tout le pays. Ce qui varie, ce sont les honoraires du pharmacien qui s’ajoutent à la facture.
Ces honoraires incluent le service professionnel fourni par le pharmacien, tel que la préparation de l’ordonnance et tout suivi offert pendant la prise du médicament. Ils tiennent également compte, entre autres, du prix du loyer, des salaires du personnel et de la fréquentation des pharmacies. «Les honoraires sont un calcul d’entrepreneur», explique Marilie Beaulieu-Gravel, conseillère principale aux affaires publiques et gouvernementales à l’Association des pharmaciens propriétaires du Québec (AQPP). Ces frais peuvent varier non seulement d’une enseigne à l’autre, mais également entre établissements d’une même enseigne.
Comme expliqué ci-dessus, il n’y a pas lieu de s’inquiéter si vous êtes couvert par l’assurance médicaments publique. Dans ce cas, non seulement le prix du médicament est le même partout, mais les honoraires du pharmacien ne varient pas non plus. La RAMQ et l’AQPP ont convenu de fixer ces frais à un prix maximum de 10,82 $ (pour une nouvelle ordonnance de 30 jours).
Utiliser un comparateur de prix
Plusieurs assureurs privés, comme Beneva et Manuvie, mettent à disposition de leurs clients un comparateur de prix sur leur site internet ou dans leur application. Il suffit généralement d’inscrire le nom d’un médicament, ainsi que la distance que vous êtes prêt à parcourir pour l’obtenir, et les prix fixés par les différentes pharmacies du secteur s’affichent en un coup d’œil. .
S’éparpiller entre plusieurs pharmacies peut toutefois nuire au lien professionnel avec le pharmacien, prévient l’AQPP. «Votre pharmacien vous connaît, il peut suivre votre dossier, renouveler vos ordonnances et prévenir certains problèmes comme les interactions entre médicaments», explique Marilie Beaulieu-Gravel.
Évitez donc d’éparpiller vos achats, surtout si vous prenez plusieurs médicaments de façon régulière, conseille Éric Trudel, vice-président exécutif et leader, Assurance collective chez Beneva. Et ce, « même s’il peut y avoir des économies à réaliser » sur certains produits, précise-t-il. « Si vous magasinez, faites-le en tenant compte du coût de l’ensemble de votre panier de médicaments », suggère-t-il.
Regardez Costco et Walmart
Les différences de prix facturées aux clients bénéficiant d’une assurance privée ont incité le magazine Protégez-vous pour enquêter sur le sujet il y a quelques années. «On soupçonnait une grande variation des prix, mais pas à ce point», affirme Catherine Crépeau, la journaliste qui a mené l’enquête (aujourd’hui rédactrice en chef de Verdict sanitaireune publication liée à Protégez-vous). Le dossier révèle des différences de prix allant du simple au double d’un établissement à l’autre… « Ça vaut le coup de téléphoner », ajoute-t-elle. Et si on vous dit que la loi interdit aux pharmaciens de donner les prix par téléphone, sachez que c’est faux. »
Les pharmacies gagnantes, selon ce rapport ? Ceux de la chaîne Costco. «Les pharmacies de Walmart vendent aussi moins cher», explique Éric Trudel, de Beneva. « Mais dans les deux cas, la relation avec le pharmacien pourrait être moins bonne, car il y a beaucoup de turnover du personnel. On voit que nos assurés sont réticents à s’y rendre. »
Faire affaire avec une pharmacie postale
Il existe au Québec des pharmacies postales — ou en ligne — qui n’ont généralement pas pignon sur rue et qui offrent un service par courrier ou par messagerie. C’est le cas de la pharmacie en ligne Picard & Desjardins, où 99 % de ses clients se font livrer leurs médicaments.
Non seulement cette pharmacie n’accueille presque aucun client dans ses locaux, situés dans un quartier industriel de Montréal, mais elle n’est associée à aucune marque (ce qui veut dire qu’elle n’a aucun rabais à payer). « Ne pas être une franchise nous permet de vendre à meilleur prix », affirme Karl Desjardins, copropriétaire.
Son collègue Benoît Picard ajoute que leur clientèle vient de partout au Québec; Ce grand volume de clientèle se traduit par des prix plus avantageux que ceux d’une pharmacie de quartier dont la fréquentation est souvent limitée aux résidents avoisinants.
Acheter pour plus de trois mois… si possible
Les honoraires calculés par les pharmaciens — visibles sur la facture détaillée qui nous est remise lors de l’achat d’un médicament sur ordonnance — couvrent un mois. Vous pensez être intelligent et décidez d’acheter vos médicaments tous les trois mois pour économiser de l’argent ? Après tout, le pharmacien ne compte que 90 comprimés au lieu de 30… Et bien non. Sauf exception, il vous facturera trois fois les honoraires. «Le pharmacien reste quand même disponible pour vous donner des conseils et répondre à vos questions durant ces trois mois», note Marilie Beaulieu-Gravel de l’AQPP.
Toutefois, un pharmacien n’a pas le droit de percevoir plus de trois mois d’honoraires sur une facture. Il suffirait donc d’acheter ses médicaments pour quatre mois ou plus, comme certains les snowbirds faites-le chaque automne… Notez cependant que votre pharmacien vous posera sûrement des questions sur le motif de cette demande et pourra refuser, puisque sa responsabilité professionnelle sera engagée. Pour certains produits, comme les stupéfiants, c’est un « non » catégorique.
Assurez-vous d’obtenir les crédits
Rappelons qu’il existe des versions génériques d’une multitude de médicaments brevetés (appelés « originaux » ou « de marque »). Et ils sont en moyenne 50 à 70 % moins chers. Certains assureurs n’acceptent de rembourser que les médicaments génériques, sauf si le médecin précise que le patient a besoin du médicament original.
Si votre assureur n’impose pas ce genre de conditions, prenez la peine de vérifier vous-même ce que le pharmacien prépare pour vous servir.
Une simple recherche sur le comparateur de prix de Beneva montre que le médicament contre le cholestérol Lipitor est plus de 300 % plus cher que l’Atorvastatine, sa version générique. Ou que 30 comprimés de l’anticoagulant Eliquis vous coûteront 118,80 $, alors que son équivalent générique, Apixaban, coûtera plutôt 45 $. Presque trois fois moins.
Bien entendu, c’est l’assureur privé qui assume la majorité de ces frais, mais en tant qu’assuré, vous avez quand même une franchise à payer (composée d’un montant fixe et d’un pourcentage du prix du médicament qui vous est facturé), d’où l’intérêt d’opter pour le générique lorsque cela est possible. Cela peut même avoir un effet sur votre prime. «Car si tous les assurés paient moins leurs médicaments, la prime pourrait moins augmenter l’année suivante», souligne Éric Trudel. Bref, vous finissez par économiser aussi. Il faut savoir que la hausse des primes d’assurance suit généralement celle des prix des médicaments, qui augmentent d’environ 8 % chaque année, précise le vice-président exécutif de Beneva.
« Acheter ses médicaments sur ordonnance est un moyen d’économiser de l’argent, mais opter pour le générique est beaucoup plus efficace si l’on veut réduire les coûts », ajoute-t-il.
Alors, vaut-il mieux privilégier la petite pharmacie de quartier où le pharmacien vous connaît par votre nom ou la grande où l’on trouve du beurre de cacahuète, des peluches, des romans… et un ami ? Sortez votre calculatrice, puis faites votre choix en tenant compte de vos besoins.
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