Un patient français âgé d’une soixantaine d’années pourrait potentiellement guérir du VIH après une greffe de moelle osseuse. Elle souhaite garder l’anonymat mais a transmis son témoignage à l’équipe soignante.
De l’espoir et de grandes précautions. Pour la première fois, un patient français est “potentiellement guéri du VIH”, comme l’ont annoncé avec enthousiasme et prudence les services de l’AP-HM, les hôpitaux de Marseille.
Le patient est resté anonyme. Mais des informations le concernant ont été partagées, notamment ses antécédents médicaux. Agée d’une soixantaine d’années, elle a vécu « plus de 26 ans » avec la maladie incurable. Depuis octobre 2023, elle vit sans traitement rétroviral.
“Un tel message d’espoir”
La résidente de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur a été diagnostiquée séropositive en 1999. Elle a bénéficié d’une greffe de moelle osseuse en juillet 2020 après avoir déclaré leucémie aiguë, ce qui pourrait expliquer sa rémission. Pour quoi? Car le donneur était probablement porteur d’une mutation, transmise au patient, qui protège de la maladie.
« Lorsque nous administrons une chimiothérapie, nous détruisons toutes les cellules de la personne infectée par le VIH. Et nous leur annonçons qu’ils sont immunisés contre le VIH», a expliqué au média Olivia Zaegel-Faucher, chef de service du Centre d’information et de soins sur l’immunodéficience humaine et les hépatites virales.
« Dans cette situation, elle pourrait potentiellement guérir du VIH », a-t-elle expliqué.
“C’est un tel soulagement.”
Bien qu’anonyme, le patient français a partagé un message d’espoir et de soulagement par l’intermédiaire des soignants, comme le rapporte France 3 :
“Après 26 ans de maladie, je n’aurais jamais pensé pouvoir un jour entendre une telle nouvelle, c’est un tel soulagement et un tel message d’espoir pour toutes les personnes qui sont dans la même situation”, a-t-elle déclaré avant d’ajouter :
“J’ai une pensée toute particulière pour la personne qui a fait ce don de moelle osseuse, qui a permis non seulement de guérir totalement la leucémie, mais plus encore de réaliser ce que je pensais impossible, vaincre le VIH”.
En guise de message aux autres patients, elle assure que “le chemin est long et semé d’embûches”, mais qu’avec de bons soins, “on peut encore y croire, voir poindre la guérison”.
Un cas quasiment impossible à reproduire
J’espère, oui. Mais les précautions aussi. La Française est potentiellement la 8ème personne séropositive au monde à avoir un espoir de guérison. Sept autres patients ayant bénéficié d’une greffe de moelle osseuse sont dans cette situation. Un patient en Suisse, trois patients en Allemagne, deux patients aux États-Unis et un patient en Angleterre.
Serait-ce un espoir de traitement ? Bien que pleine d’espoir, cette nouvelle n’ouvre pas la porte à une solution à grande échelle. “L’idée est de savoir comment, à partir de ce constat, on peut l’étendre à d’autres patients”, explique Raynier Devillier, chef du service d’hématologie et de greffe de moelle osseuse à l’Institut Paoli-Calmettes.
“Aujourd’hui, la greffe de moelle n’est pas un traitement que l’on pourra assigner à d’autres patients infectés par le VIH, non sans d’autres indications que le VIH”, a-t-il ajouté.
Statistiquement, cette situation est également improbable. La chance de trouver un donneur 100 % compatible pour un don de moelle osseuse est d’une sur un million. Alors que la mutation protégeant contre le VIH concerne 1% de la population mondiale. Un petit miracle.