Lorsque les incendies ont ravagé Los Angeles début janvier, nous avons tous été horrifiés de la catastrophe. Les morts, les déplacés, les lieux de vie rasés, c’était terrible.
Mais mon cœur a également été resserré pour quelque chose de plus superficiel en ce qui concerne tant de drames: des œuvres d’art avalées par des flammes.
Les rapports se sont joints au sort du fabuleux musée Getty – finalement conservé par une architecture au test du feu et des tremblements de terre. Mais d’excellents journaux quotidiens – Thé New York Times,, Le monde,, Le Figaro, Le gardien… – également préoccupé par ce qui se trouvait dans les galeries d’art, les ateliers d’artistes et les résidences privées.
L’observation était claire: nous étions devant “l’une des plus grandes pertes d’œuvres d’art que les États-Unis connaissaient”, comme un assureur a résumé. Pensé à leur valeur pécuniaire, mais pour une centaine d’artistes, des années de travail en prévision des ventes et des expositions ont littéralement volé en fumée. Un choc!
Cependant, j’avoue que j’étais encore plus touché par l’émotion d’un grand collectionneur. Il a été complètement effondré pour avoir vu les cendres aller non seulement sa maison, mais aussi les innombrables peintures qu’elle contenait. Interviewé par Le mondeIl était sans mots pour dire sa phrase: “C’est trop brut, le personnel …”
Que je l’ai compris! Ce sont maintenant des décennies maintenant que j’ai apporté des peintures dans ma propre maison et que je suis profondément attaché à eux – plus que je ne l’aurais pensé quand j’ai osé faire le pas du premier achat.
Une peinture, une sculpture, est d’abord le rappel que quelqu’un, un jour, a travaillé sur un objet à des fins autres que la consommation, comme l’a décrit brillamment la philosophe Hannah Arendt.
Cette étape, je le dois à Lise Bissonnette! Nommé directeur de Devoir Dans les années 1990, cet amoureux des arts avait établi une pratique inhabituelle: offrir les tables publiques à vendre dans les bureaux quotidiens. Les expositions ont duré des semaines, ce qui nous a permis par Ricochet, pour nous les employés, pour nous familiariser avec les tissus, comme s’ils étaient dans notre salon.
En fait, l’idée a fait son chemin: pourrait-il être que ce que j’admirais tant dans les musées pourrait être sur mes murs? Précisément, une peinture a suspendu mon œil …
Mon conjoint et moi avons donc osé contacter l’artiste pour prendre un arrangement: lui payer progressivement les quelques centaines de dollars nécessaires à l’achat. Des mois après mois, la peinture est devenue tranquillement “notre” toile, comme l’a dit le peintre sympathique.
C’est ainsi que je pensais que l’inexaction est devenu concrète. Pas besoin d’être millionnaire pour obtenir une œuvre d’art! Et quelle grande façon d’encourager les artistes du Québec et dont nous parlons peu.
J’ai rapidement vu dans ce geste un devoir civique envers tous ceux qui, souvent difficiles, donnent vie à cette culture que nous aimons tant se vanter en tant que communauté. Cela vaut bien ce que tant de gens investissent dans des équipements électroniques ou sportifs, ou des voyages …
Mais ce “devoir” m’a placé devant quelque chose de déraisonnable: le lien inébranlable que le fait de vivre avec Une œuvre d’art. Comme le grand collecteur (et riche!) De Los Angeles, j’aurais un profond sentiment de vide face à la disparition de “mes” peintures modestes – plus que pour tous mes autres biens, y compris mes précieux livres.
J’avoue que j’ai eu la même impression lors de l’explosion qui a détruit le centre-ville de Lac-Mégantic, en juillet 2013.
Quelques années plus tôt, nous étions allés à un notaire de la ville pour régler les derniers détails de l’achat de la maison de mes grands-parents décédés. Les murs de l’armoire étaient bordés de toiles de Normand Hudon, le célèbre caricaturiste qui est devenu peintre. Nous avons été séduits, admirant.
Le bureau du notaire était dans le centre-ville. À l’été 2013, tout l’a brûlé. J’avais moins peur par la perte de documents notariaux que celui de la collection de peintures … un symbole suprême de la catastrophe qui a laissé 47 morts.
L’art peut être réduit à sa marchandisation. Les prix délirants affectés dans les enchères en témoignent, ce qui renforce l’idée qu’elle est réservée à l’élite.
Mais une peinture, une sculpture, est d’abord le rappel que quelqu’un, un jour, a travaillé sur un objet à des fins autres que la consommation, comme l’a décrit brillamment la philosophe Hannah Arendt. Dans leur inutilité, les œuvres d’art “ne sont pas fabriquées pour les hommes, mais pour le monde” – pour la perpétuer et réconforter une solidité qui nous transcende.
Ainsi, quand ils disparaissent, ce n’est pas seulement la perte d’une part du génie humain que nous pleurons, mais aussi notre propre but. D’où le cœur serré.