Confronté à la détérioration de la santé mentale des jeunes en France, plusieurs professionnels alertent un manque de moyens consacrés aux joueurs du secteur, dans les écoles comme dans le système de santé.
Que faire pour améliorer définitivement la santé mentale des jeunes? Le gouvernement évoque régulièrement son désir d’agir pour la santé mentale, a décrété une grande cause nationale de 2025. Un sujet a de nouveau mentionné cette semaine, tandis qu’un adolescent de 14 ans a tué un superviseur de poignard de son collège à Nogent, à Haute-Marne.
À ce stade, le procureur de Chaumont a indiqué ce mercredi 11 juin, que l’adolescent ne présente “aucun signe évoquant un éventuel trouble mental”. Néanmoins quelques heures après les faits, la question s’est posée compte tenu de la gravité des faits et des jeunes de l’auteur. Interrogé sur cette affaireFrançois Bayrou avait de nouveau dit qu’il voulait “travailler sur la question de la santé mentale des plus jeunes”.
Il souhaite: “À la première alerte, afin qu’il puisse y avoir un examen, un diagnostic et une proposition de traitement, ou du moins prendre le contrôle de ces jeunes”, sans préciser comment cette mesure pourrait être mise en œuvre.
Indicateurs inquiétants
Pendant plusieurs années, les indicateurs ont alerté la santé mentale dégradée des jeunes en France. Réalisée par Public Health France, une étude a montré qu’en 2021, 20,8% des 18-24 ans avaient connu un épisode déprimé au cours des 12 derniers mois, contre 11,7% en 2017.
Depuis, L’enquête Enclass 2022 Le bien-être des adolescents a montré que 14% des étudiants et 15% des élèves du secondaire présentaient “un risque important de dépression”. Un quart des élèves du secondaire (24%) ont déclaré qu’ils avaient des pensées suicidaires au cours des 12 derniers mois, les filles sont beaucoup plus préoccupées que les garçons (31% contre 17%). Les indicateurs montrent également une “dégradation claire” par rapport à celles mesurées en 2018.
Dans le domaine, les professionnels du secteur de la santé mentale confirment cette détérioration. Et déplorer les publicités peu suivies des effets du gouvernement. Plusieurs organisations ont mentionné leurs avenues en béton de BFMTV.com pour vraiment améliorer la santé mentale des jeunes.
Établissements en première ligne
Ils soutiennent tous la nécessité d’améliorer la prévention. Pour ce faire, l’environnement scolaire semble très clair: “Les jeunes passent presque plus de temps à l’école qu’à la maison, l’école est un endroit crucial pour eux et cela ne se passe pas bien”, a déclaré Bruno Falissard, président de la Société française de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent et des disciplines associées (Sfpeada).
“Les enseignants voient de nombreux élèves, dès qu’il y en a un qui ne va pas bien, ils le voient. Beaucoup de nos consultations proviennent de conseils pédagogiques aux parents. S’ils sont mieux formés, qu’ils ont plus de temps, ils ont une carte à jouer et la même chose pour la médecine scolaire”, ajoute-t-il.
D’où la nécessité, pour le professeur de santé publique de l’Université de Paris-Saclay et un psychiatre d’enfants, d’investir réellement dans l’éducation nationale.
L’Union nationale des psychologues demande à sa part de “augmenter largement” le nombre de postes de psychologues nationaux de l’éducation, un organisme particulier recruté par la compétition.
“Il y en a très peu aujourd’hui et lorsqu’ils existent, ils sont dans d’énormes circonscriptions et n’ont pas le temps de voir tous les étudiants que ce serait”, déplore Florent Simon, secrétaire général de l’Union. Ils sont environ 4 400, selon un rapport de l’inspection générale de l’éducation, du sport et de la recherche (IGESR) datant de mars 2024. Pour plus de 12 millions d’écoliers, des élèves du collège et du secondaire.
Une autre possibilité d’améliorer la prévention: une formation dans des signes qui doivent alarmer. C’est l’objectif du PSSM France (premiers soins en santé mentale), une association qui offre une formation en santé mentale à tous les citoyens qui souhaitent apprendre à aider. Son directeur, Caroline Jeanpierre, explique que “environ 4 000 sauveteurs dans l’éducation nationale” (infirmières, médecins scolaires, CPE, enseignants, etc.) ont déjà suivi la formation du PSSM dédiée à la santé mentale des jeunes.
L’association veut le déployer dans plus d’écoles, mais aussi dans des structures qui accueillent les jeunes, comme les clubs sportifs. Avant de pouvoir sensibiliser les adolescents, pour “leur donner des clés et leur enseigner quand ils doivent prendre le relais”.
Le ministère de la Santé a révélé son plan ce mercredi 11 juin pour améliorer la gestion des troubles psychiatriques en France le mercredi 11 juin, avec une partie des jeunes. Parmi les mesures annoncées, l’établissement des “points de repère” 2025-2026 “responsables de l’identification des signes” précoces “de troubles de la santé mentale.
Un soin qui peut s’attendre à des mois
Une fois ces alertes transmises, des structures existent déjà pour s’occuper des jeunes sur des problèmes de santé mentale. Les centres médico-psychologiques (CMP) sont des structures publiques qui accueillent les gens dans une situation de souffrance psychologique et s’en occupent de manière multidisciplinaire, avec des psychiatres, des psychologues, des travailleurs sociaux, des psychomotriciens … mais ils sont confrontés à une demande importante et à un manque de moyens.
Dans les CMPP, spécialisés dans la gestion des enfants et des adolescents, le temps d’attente avant une première consultation était alors de six mois en moyenne en 2022 et avait doublé par rapport à 2010, selon une étude de Drees. “Qu’est-ce que cela signifie, lorsque nous n’allons pas bien, d’attendre jusqu’à des mois avant d’être pris en charge?”, Égardant Florent Simon.
“Avant d’aller à réinventer les systèmes, il serait déjà nécessaire de renforcer ce qui existe”, a ajouté le secrétaire général de l’Union nationale des psychologues, qui plaide pour des investissements importants dans le CMP et le CMPP.
Beaucoup d’appareils mais pas le même accès
Pour contourner l’engortement de ces centres, le SFPEADA suggère pour sa part une réorganisation des circuits de première ligne. “Il est nécessaire que, par sous le CMP, il y ait un autre accès aux soins, qui n’est pas organisé en France. Actuellement, il mélange la médecine scolaire, le médecin généraliste,” mon soutien psychique “… selon que vous vivez à Paris, dans le crése, que vous ayez de l’argent ou non, vous n’avez pas le même accès”, déplore Bruno Falissard.
Lucas Fugeard, président de Nightline France, une association qui offre un service d’écoute de nuit pour les jeunes tous les soirs de 21 h à 2 h 30, croit également que si elle est importante, dans le domaine de la santé mentale, pour “multiplier les portes d’entrée”. Mais il reconnaît que “en tant que personne concernée, nous pouvons être perdus” devant la “multitude d’appareils existants”. Nombres verts, associations, CMPS, projets de santé mentale territoriaux … difficile de savoir qui se tourner en premier. “Il y a vraiment une urgence pour unir toute la chaîne des acteurs de la santé mentale, de la prévention primaire au secteur social pour prendre soin des joueurs”, alerte Lucas Fugeard, qui nécessite une “carte” claire de ce qui existe.
Un manque d’enfants psychiatres
Et en aval, comme l’éducation nationale, le système de santé n’est pas en mesure de répondre à la détérioration de la santé mentale des jeunes, par manque de moyens suffisants. “Le problème numéro un aujourd’hui est le manque de soignants. En psychiatrie, nous traitons avec la psychothérapie, les drogues et les hospitalisations. Cependant, il y a un manque de médecins pour faire de la psychothérapie”, explique Bruno Falissard. En 2023, un rapport de la Cour des auditeurs, responsable du contrôle des dépenses publiques, a souligné que le nombre d’enfants psychiatres en France diminuait de 34% entre 2010 et 2022.
Tous les joueurs du secteur soulignent que la détérioration de la santé mentale des jeunes a de nombreuses causes. “La pandémie de Covid-19, les conflits armés, les attaques, la crise climatique, la pression scolaire, les risques liés à Internet et l’utilisation des médias sociaux …”, répertorie également la France. “Ce sont des choses que nous avons sur notre ligne d’écoute”, confirme Lucas Fugeard De Nightline, qui cite également “la précarité des étudiants, l’insécurité alimentaire”, “en plus des thèmes habituels du stress romantique, familial et académique”.
Le président de l’association souligne que “on ne peut pas prendre soin des conséquences, sans s’occuper des problèmes de santé mentale à la racine”. “Il est donc important d’agir sur la précarité, l’éducation, les conditions de vie en général”, soutient-il.