Le premier semestre 2024 a été marqué par deux périodes distinctes. Au cours des premiers mois de l’année, l’économie américaine n’a montré que peu de signes de faiblesse. La consommation avait même réaccéléré. La tendance baissière de l’inflation avait également été interrompue en début d’année. Puis, à partir d’avril, les données économiques ont montré un net affaiblissement de la consommation, et les indicateurs de prix ont signalé que le phénomène de désinflation était toujours bien vivant. L’attention s’est de plus en plus portée sur la santé des consommateurs au vu des rapports de ventes au détail décevants en avril et mai et des nombreux avertissements des entreprises sur les défis auxquels sont confrontés les consommateurs.
Le scénario d’un « atterrissage en douceur »
À ce jour, l’idée d’un « atterrissage en douceur » de l’économie américaine continue d’être largement acceptée par les prévisionnistes. Il s’agit d’une situation où la croissance économique décélère mais ne devient pas négative, où l’inflation poursuit sa tendance à la baisse et où la Réserve fédérale abaisse progressivement ses taux. Dans cette situation, il n’est plus nécessaire pour la Fed de poursuivre une politique monétaire restrictive visant à ralentir l’économie afin de ramener l’inflation vers l’objectif de 2 %. Plus la banque centrale américaine maintient ses taux à ces niveaux restrictifs pour l’économie, plus le risque qu’elle cause plus de dommages économiques que nécessaire est grand. Récemment, la Fed a réorienté son attention vers son deuxième mandat, qui est la poursuite du plein emploi.
Ces dernières semaines, les données économiques publiées ont continué de signaler un affaiblissement de la croissance économique. On peut citer notamment la baisse des indicateurs de confiance des entreprises du secteur des services, la hausse des demandes d’allocations chômage et la baisse de la confiance des consommateurs. L’augmentation des taux de défaut de paiement des ménages sur tous les types de prêts et le taux d’épargne négatif des personnes à faibles revenus sont deux signes qui méritent une attention particulière, indiquant qu’une partie de la population américaine commence à avoir des difficultés à joindre les deux bouts.
Vers des baisses de taux modérées
Cela étant dit, rien ne prouve à ce jour que le ralentissement économique actuel va se transformer en récession. D’autres données mesurant la santé des consommateurs montrent qu’en fin de compte, le consommateur américain se maintient à flot. La croissance des revenus après inflation reste le principal moteur des dépenses des ménages. Et ces dernières continuent de croître à un rythme de 1 à 2 % par an. De plus, l’endettement des ménages reste tout à fait gérable et se situe à un niveau proche de son plus bas niveau depuis 50 ans. Au total, les Américains ne consacrent que 10 % de leur revenu disponible à leurs paiements mensuels. À cela s’ajoute un marché de l’emploi qui reste globalement robuste malgré son léger affaiblissement récent.
Sauf choc brutal, la consommation américaine, et donc l’économie américaine, devraient rester dans une phase expansionniste au cours des prochains trimestres, ce qui conforte la thèse d’un atterrissage en douceur de l’économie et ouvrira la voie à des baisses de taux modérées de la Fed dans les prochains mois, à condition que l’inflation continue de se normaliser.