L’auteur est professeur de sciences politiques au Royal Military College et à l’Université Queen’s à Kingston en Ontario. La recherche de ce spécialiste des politiques canadien se concentre sur les langues officielles, le fédéralisme et la politique judiciaire.
Le sommet du G7 tenue plus tôt cette semaine en Alberta a été l’occasion pour le Premier ministre Carney de montrer ses forces dans la diplomatie, malgré un contexte difficile. Le départ précipité de Donald Trump n’avait rien à voir avec la réunion ou son hôte, contrairement à la bibliothèque que nous avions connue à Charlevoix en 2018. C’est déjà ça.
Malgré l’absence d’un communiqué de presse conjoint, plusieurs fichiers ont progressé et la réunion a permis au Canada de nettoyer ses relations avec le Mexique, a subi depuis le début de la crise tarifaire, ainsi qu’avec l’Inde. Elle a également donné à Mark Carney la possibilité de poursuivre les discussions avec Donald Trump concernant la question des tarifs. Vous pouvez dire que, dans son contexte, le Canada y a trouvé son compte.
Cependant, le retour de Mark Carney à Ottawa sera moins rose. Le gouvernement libéral semble vouloir se comporter comme s’il avait une majorité qu’il n’a pas dans la salle. Pour preuve, l’écart imposé au projet de loi C-5 aux principaux projets nationaux, qui a causé beaucoup d’encre depuis son dépôt.
Ce projet de loi, qui vise à apporter les temps d’approbation des grands projets de cinq à deux ans, entre autres, en allant au-delà des processus de consultation habituels, sera probablement adopté aux municipalités d’ici la fin de la semaine avec le soutien des conservateurs. Cependant, les autres partis d’opposition et de nombreux groupes de la société civile, y compris les chefs de trois communautés autochtones, les dirigeants de l’environnement et même la Société canadienne du cancer, ont publié de solides réserves sur ce projet de loi.
Le député de Toronto, Nate Erskine-Smith, qui s’est souvent comporté dans un électron libre avant d’être nommé au poste de ministre du Logement, puis de retirer, a repris ses habitudes de moutons noirs, s’opposant ouvertement à cette décision de son parti qui, selon lui, “sape la démocratie parlementaire”.
Les libéraux continuent de défendre leur projet de loi en faisant valoir que c’était ce que le parti avait promis aux Canadiens lors des dernières élections. Ce sera certainement le dernier de juger de la portée de ce projet de loi, une fois que ces «grands projets» – et leur impact économique, environnemental et autres – seront enfin connus.
La fin des travaux parlementaires de cette semaine ne signifie pas le début des vacances pour le Premier ministre et son équipe. Tout d’abord, l’arrivée en juillet Marc-André Blanchard en tant que chef de cabinet du Premier ministre et Michael Sabia en tant que greffier du bureau du Conseil privé signifie qu’une période de transition est à prévoir. Ces nominations, chaleureusement accueillies des deux côtés du spectre politique, suggèrent également des perturbations – non seulement en ce qui concerne la composition de la fonction publique élevée, mais aussi les relations que l’État maintient avec des entreprises privées – et celle-ci, l’automne prochain. Bien que cette nouvelle semble ravir le monde des entreprises, pour certains employés de la fonction publique, l’arrivée de la Sabia à la tête de la fonction publique fédérale fait craindre une tentative de mise en œuvre de compressions importantes, voire disproportionnées, dans la sauce Elon Musk.
L’autre grand dossier qui maintiendra le Premier ministre en suspense, à tout le moins pour les semaines à venir, sera la poursuite des négociations avec les États-Unis. Le G7 a été l’occasion pour Mark Carney et Donald Trump d’annoncer que les deux pays s’étaient donné un horaire de 30 jours pour trouver un nouveau terrain commercial et de sécurité. Mais pour juger par les paroles de Trump lorsqu’il a quitté le sommet des Kananaskis, le président qui a suggéré pour la énième fois que le Canada devrait devenir 51e État pour éviter le projet de loi de 71 milliards de dollars (10 milliards de plus qu’annoncé précédemment!) Pour rejoindre l’initiative du “Dome Dome”, nous sommes encore loin de la tasse de lèvres …
Pendant ce temps, la question du contre-train reste sans réponse. Le Mark Carney qui avait fait campagne sur des promesses de réactions rapides et bienfaisées à toute mesure de prix des États-Unis semble s’être adoucie depuis son élection. Les Canadiens s’en occuperont-ils? Le nouveau Premier ministre est toujours populaire auprès des électeurs (et encore plus qu’avant auprès des conservateurs), mais l’échec d’un accord avec les Américains selon le nouveau calendrier établi pourrait mettre en évidence cette question.
À moins que les Canadiens, au cœur de l’été, aient la tête ailleurs.