“D rill, bébé, foret ! Cette expression de la protétrole pourrait bientôt devenir le slogan de la transition énergétique. Dans l’Ouest canadien, les jeunes pousses récupèrent les techniques de forage de l’industrie du pétrole pour produire de l’électricité par l’énergie géothermique, une source d’énergie verte.
Le principe est simple: creuser quelques mètres sous le sol, et vous trouverez une température pour chauffer un bâtiment en hiver. Allez en profondeur de quelques kilomètres et vous aurez suffisamment de chaleur pour produire de la vapeur pour faire fonctionner une turbine 24 heures par jour, explique Lisa Mueller, PDG de la Albertaine Futera Power Company.
Ce jeune tournage exploite la première centrale géothermique au Canada pendant deux ans, avec une puissance de 4,5 mégawatts (MW). À la fin de 2026, ce sera le tournant de la Deep Earth Energy Company de commander une usine de 30 MW en Saskatchewan. En outre, il y a au moins quatre autres projets en Alberta et en Colombie-Britannique, dont un ayant un potentiel de plus de 100 MW, un peu moins que le Sarcelle Central du complexe La Grande au Québec.
Et ce n’est que le début, car le potentiel de l’énergie géothermique est gigantesque. Selon un récent rapport de l’Agence internationale de l’énergie, il y a suffisamment de chaleur dans les intestins de la planète pour produire 4 000 Petawatts-électricité par an avec des technologies existantes, 150 fois la demande mondiale. Le défi est de trouver un moyen économique de l’extraire.
La profondeur à laquelle une température suffisante est pour produire de l’énergie, 120 ℃, varie d’une région à l’autre. Dans les secteurs volcaniques, un forage d’un kilomètre ou deux suffit souvent. Mais s’il est nécessaire de creuser davantage, la facture grimpe rapidement – dans le sud du Québec, il serait nécessaire de passer sous les quatre kilomètres, qui ne serait pas viable compte tenu du faible coût de notre électricité, explique Jasmin Raymond, professeur titulaire de la chaise de recherche sur le potentiel géothermique du nord, à INRS.
En plus d’une température élevée, l’énergie géothermique nécessite également la présence de roches perméables, comme le calcaire, afin de permettre l’eau froide qui baisse et l’eau chaude qui monte. C’est pourquoi, historiquement, cette technologie s’est principalement développée dans certaines régions du monde, y compris l’Islande.
Les techniques de forage développées par l’industrie pétrolière au cours des deux dernières décennies changent cependant la situation. La fracturation hydraulique et le forage horizontal, en particulier, créent des boucles souterraines où l’eau peut circuler quel que soit le type de roche, ce qui rend l’énergie géothermique économiquement viable dans plus de régions, y compris une partie des Meadows et du Nord-Canadien.
La contribution de l’industrie pétrolière au secteur vert pourrait être encore plus grande. Avec Fuera, Lisa Mueller souhaite convertir les puits de gaz en fin de vie pour fabriquer l’énergie géothermique, ce qui éliminerait la nécessité de forer et réduirait donc considérablement le coût initial d’une centrale électrique. L’entrepreneur espère avoir créé des installations en 10 ans pour fournir «des centaines de mégawatts» de pouvoir géothermique au Canada.
Malgré l’ébullition du secteur, le professeur Jasmin Raymond invite les gens “à la prudence”. Les coûts de l’énergie géothermique restent élevés – bien plus que pour l’énergie solaire et éolienne. De sorte qu’à long terme, il voit cette technologie compléter d’autres sources d’énergie, sans les remplacer.