Les astronautes de la NASA Butch Wilmore (à gauche) et Suni Williams, avant leur décollage lors de la première mission habitée du vaisseau spatial Starliner de Boeing, à Cap Canaveral le 5 juin 2024 (AFP / Miguel J. Rodriguez Carrillo)
Ce qui devait être un séjour d’une semaine à bord de la Station spatiale internationale pourrait bien durer jusqu’en 2025 : les deux premiers astronautes transportés par le nouveau vaisseau spatial Starliner de Boeing pourraient bien devoir attendre le retour sur Terre d’une capsule de SpaceX.
Un tel scénario, que la NASA a dit envisager mercredi en raison des problèmes du Starliner, serait une humiliation pour Boeing.
Le géant de l’aéronautique a été chargé par la NASA il y a 10 ans de développer une nouvelle capsule – la même année que son concurrent SpaceX. Mais la société d’Elon Musk opère déjà depuis quatre ans des missions vers la Station spatiale (ISS).
Starliner a décollé début juin avec à son bord ses premiers astronautes, Butch Wilmore et Suni Williams, pour une dernière mission de test avant le début des opérations régulières.
Mais au cours du vol, Starliner a rencontré des problèmes avec son système de propulsion et des fuites d’hélium. Il a néanmoins réussi à rejoindre l’ISS, où il ne devait initialement rester amarré qu’un peu plus d’une semaine avant de revenir avec son équipage.
Mais la Nasa a voulu procéder à de nombreux tests pour comprendre les causes des problèmes rencontrés. Et les résultats n’ont pour l’instant pas réussi à rassurer l’agence spatiale.
La possibilité de laisser Starliner revenir vide sur Terre et de ramener les deux astronautes dans un vaisseau SpaceX est désormais étudiée, a expliqué mercredi un responsable de la NASA, Steve Stich.
– Décision d’ici la mi-août –
Concrètement, l’idée est de profiter de la prochaine mission habitée de SpaceX, baptisée Crew-9. Il s’agit d’une mission de rotation régulière de l’équipage de l’ISS, qui devait comprendre quatre astronautes.
Ce dernier pourrait finalement décoller avec seulement deux astronautes, afin de pouvoir ramener les deux naufragés de l’espace de Boeing à son retour. Ces derniers resteraient donc à bord de l’ISS jusqu’en février, date du retour prévu de Crew-9.
“Nous n’avons pas approuvé ce plan”, a prévenu Steve Stich lors d’une conférence de presse. Mais “nous avons fait tout ce qu’il fallait” pour le rendre possible, a-t-il ajouté.
« Notre option privilégiée est de ramener Butch et Suni à bord du Starliner », a-t-il répété, expliquant que des tests supplémentaires devraient permettre aux équipes d’ingénierie de mieux comprendre les risques posés par les problèmes rencontrés sur le vaisseau.
Il a déclaré que la NASA devrait décider entre les deux options d’ici « la mi-août ».
La date de lancement de Crew-9 a été repoussée d’août à fin septembre pour donner à la NASA plus de temps pour prendre sa décision.
– Désaccords –
Vendredi, Boeing a assuré dans un communiqué rester “confiant” dans la capacité du Starliner “à revenir en toute sécurité avec l’équipage”.
“Nous continuons de répondre aux demandes de la NASA pour des tests, des données et des analyses supplémentaires”, a ajouté l’entreprise, qui n’a pas participé à la conférence de presse de mercredi comme d’habitude.
Steve Stich a reconnu qu’il y avait des “désaccords”. Avant d’approuver le retour des astronautes, les responsables de la NASA “aimeraient mieux comprendre les causes et les mécanismes physiques” qui ont conduit aux problèmes de propulsion, a-t-il déclaré.
Plusieurs propulseurs sont tombés en panne lors de l’amarrage du vaisseau spatial à l’ISS, mais ceux-ci devront être utilisés lors de la descente vertigineuse vers la Terre.
Mais quoi qu’il arrive, « Starliner a un bel avenir », a assuré Steve Stich, estimant que les problèmes rencontrés pourraient à l’avenir « être réparés ».
Le programme de développement de Starliner a déjà subi de nombreux revers, notamment l’échec du premier vol sans équipage en 2019. Cette première mission habitée arrive avec des années de retard.
L’agence spatiale américaine persiste néanmoins à vouloir disposer d’un deuxième moyen de transport vers l’ISS en plus de SpaceX, afin de pouvoir mieux faire face à d’éventuelles situations d’urgence.