Bien que les autorités japonaises ne le disent pas clairement dans leur communication, cette catégorie de « mégaséisme » créée par le Japon fait probablement référence à un séisme d’une magnitude supérieure à huit, et en tout cas à un événement majeur affectant une très grande région du pays, similaire au séisme de 9,1 de 2011, analyse le sismologue Thomas Lecocq.Le Japon utilise le terme de méga-séisme pour attirer l’attention de la population et montrer qu’il ne s’agit pas d’un événement normal mais d’un événement extraordinaire.f. Ce terme s’adresse au grand public : on parle ici d’un très gros tremblement de terre (en bon français) qui pourrait se produire, un peu comme en 2011” . “
Un tremblement de terre peut en suivre un autre
L’alerte actuelle a deux objectifs principaux, selon le scientifique de l’Observatoire royal de Belgique : «La première est de rappeler à tout le monde au Japon qu’un gros tremblement de terre peut suivre un autre tremblement de terre. Ce fut le cas en 2011 : un tremblement de terre de magnitude 7 a précédé le tremblement de terre de magnitude 9. Mais à l’époque, ils n’ont pas émis d’alerte après le 7, car cela n’était pas jugé nécessaire. Je pense qu’aujourd’hui, c’est aussi une réaction à cela, pour mieux se préparer et mieux communiquer avec la population. »
Un deuxième objectif est en effet de rappeler à la population de se rappeler quels sont les bons gestes à adopter. “Après le séisme de magnitude 7 de ce jeudi, il y a eu relativement peu de dégâts si l’on en croit les médias, mais c’est l’occasion de se demander : est-ce que je sais où sont les abris, les voies d’évacuation en cas d’alerte tsunami, quelles sont les bonnes actions à mener, tant au niveau des individus que pour les autorités régionales et locales. C’est aussi un rappel aux structures étatiques impliquées dans la sécurité des personnes.”
La Belgique est-elle un pays sujet aux tremblements de terre ?
Zone sensible
Concrètement, existe-t-il des signes géologiques annonçant un tel méga-séisme sur place ? Mécaniquement, un événement comme celui de jeudi peut provoquer des répliques, des tremblements de terre qui surviennent après et à proximité d’un séisme majeur de plus grande magnitude.Des collègues japonais étudient actuellement ces répliques pour vérifier qu’elles suivent un schéma habituel : diminution de l’intensité et du nombre d’occurrences au fil du temps. Si ce n’est pas le cas, cela signifie que quelque chose pourrait se préparer. Mais l’alerte n’a pas été envoyée à la suite de tels signes mais parce qu’un événement majeur s’est produit dans une zone d’une taille connue pour générer de gros tremblements de terre.
La zone concernée est en effet sensible : «Il s’agit d’une zone au sud du Japon qui est géologiquement beaucoup plus complexe que celle où s’est produit l’évènement de 2011. Elle est composée de plusieurs morceaux de plaques coincés entre la plaque Pacifique et la plaque Philippines, qui ont des géométries relativement variables en profondeur et qui interagissent entre elles et génèrent des possibilités de frottements et de collisions. Historiquement et préhistoriquement pour cette zone, il existe des traces de grands tremblements de terre qui ont généré des tsunamis dans la région.
Il est cependant impossible de dire quand ce fameux méga-séisme pourrait se produire.Que sur cette zone de faille se produise un séisme de très grande ampleur – lié ou non au séisme de magnitude 7, d’ailleurs – est tout à fait probable, compte tenu du type de structure. Cette probabilité s’accompagne néanmoins d’une incertitude dans le temps : que ce soit demain ou dans 30 ans, il est difficile de le savoir.
En tout cas, le Japon, qui se trouve dans la zone sismique la plus active de la planète (celle qui entoure la plaque Pacifique), est considéré comme l’un des pays au monde les mieux préparés aux tremblements de terre : “constructions parasismiques relativement efficaces, murs anti-tsunami qui ont été encore surélevés après 2011, préparation de la population”…