Chaque dimanche, le rédacteur en chef adjoint de Les nouvellesÉric Grenier, vous invite à lire (ou relire) dans sa newsletter Miroir l’un des dossiers les plus marquants de la riche histoire du magazine. Vous pourrez replonger au cœur de certains sujets du passé, avec le regard d’aujourd’hui.
En moins de temps qu’il n’en faut à Pierre Fitzgibbon pour retourner à la chasse au faisan et à la motivation sur l’île de la Province, en plein Memphrémagog, à 12 coups de la frontière américaine, PSPP jouait déjà au vautour à Terrebonne. Paul St-Pierre Plamondon — Paul pour ses amis, PSPP pour les amateurs d’acronymes — peut désormais légitimement espérer arracher le siège laissé vacant par le superministre. Dans le portrait que lui a consacré notre chef du bureau politique, Guillaume Bourgault-Côté, la confiance nouvelle des souverainistes envers leur chef est évidente.
Mais ce n’était pas le cas il y a trois ans quand Alec Castonguay, le prédécesseur de Guillaume, était allé le rencontrer pour lui demander comment se déroulait sa vie mortuaire au Parti québécois. « Je sais dans quoi je m’embarque », soutenait-il dans le titre de l’article. PSPP avait été élu quelques mois plus tôt, presque confidentiellement, chef du parti de René Lévesque. La course, dépouillée de ses éléments festifs par les restrictions sanitaires, il faut le souligner, avait suscité moins d’intérêt qu’une émission de télé communautaire. Le contraste entre le portrait qui fait la couverture de notre numéro en kiosque et cette entrevue à l’hiver 2021 est saisissant. En fait, on le retrouve presque charmant, PSPP, avec la naïveté et les espoirs qu’il exprime. C’est à la limite de la grandiloquence optimiste. Ses souvenirs d’enfance sont émaillés de réflexions du calibre des cartes Hallmark. Des citations comme « Les projets dont on rêve sont souvent les plus durs à réaliser, mais aussi les seuls qui comptent vraiment » ou « Mon père m’a appris qu’il ne fallait pas faire les choses en fonction de ce que les gens disent, mais en fonction de nos valeurs et du projet que l’on veut servir » sont disséminées tout au long de l’interview d’Alec. Elles ont dû faire sourire à l’époque, quand le parti n’intéressait que 14 % des électeurs (cela a empiré par la suite, avec 8 % avant l’élection de 2022). En tout cas, mon souvenir est que j’ai pensé, après avoir lu cette interview, que ce type allait se faire dévorer par des lions. J’espérais que lui et sa famille n’en sortiraient pas trop abîmés sur le plan personnel.
Et le voilà cette semaine, volant comme un oiseau de proie, planant en rond, ailes déployées, au-dessus de Terrebonne. Cette entrevue nous permet de constater que la politique des convictions, comme je le soulignais dans mon plus récent éditorial, persuade mieux à long terme que celle de la division. Et aussi que le plan PSPP a fonctionné : il ne pensait pas devenir premier ministre avec, mais au moins pouvoir sauver le PQ. Cela a fonctionné jusqu’à maintenant.
Bonne lecture,
Éric Grenier, rédacteur en chef
PS – Vous avez aimé cet article ? Pour ne pas manquer les prochains, il vous suffit de vous abonner à notre newsletter quotidienne en indiquant votre adresse mail ci-dessous. 👇