Des milliers de personnes sont descendues dans les rues de plusieurs villes françaises, samedi 14 septembre, pour exiger la fin des viols et soutenir la principale plaignante dans un procès pour agression sexuelle de masse qui a choqué le pays.
Gisèle Pelicot, qui utilise son nom de femme mariée, a demandé que le procès de son ex-mari et de 50 coaccusés depuis le 2 septembre soit rendu public pour sensibiliser l’opinion publique sur l’usage de drogues pour commettre des abus.
Dominique Pelicot, son partenaire depuis une cinquantaine d’années, a admis l’avoir droguée pendant des années pour la violer ou la regarder se faire violer alors qu’elle était inconsciente par des dizaines d’inconnus qu’il avait recrutés en ligne.
L’affaire a horrifié la France, d’autant plus que nombre des coaccusés sont des hommes apparemment ordinaires exerçant un métier ordinaire, et que plusieurs des suspects sont toujours en liberté.
« Nous sommes tous Gisèle », scandait une foule nombreuse dans la capitale parisienne. « Violeur on te voit, victime on te croit. »
À Marseille, dans le sud du pays, des militants ont déployé une banderole sur le palais de justice de la ville, appelant à ce que les auteurs présumés – et non les victimes – aient honte. « La honte doit changer de camp », pouvait-on y lire, faisant écho aux propres mots de Gisèle Pelicot, par l’intermédiaire de l’un de ses avocats.
Justine Imbert, 34 ans, était venue avec sa fille de six ans. “Il a fallu un courage énorme, mais c’était essentiel” pour Gisèle Pelicot de demander que le procès soit public, a-t-elle déclaré. “Cela permet de voir le visage de son mari et de tous les autres, de voir qu’ils ne sont pas des parias mais de ‘bons pères’.”
Martine Ragon, 74 ans, retraitée, a expliqué qu’elle était là aussi pour « dénoncer la culture du viol », un environnement dans lequel les violences sexuelles sont normalisées. « La couverture médiatique du procès va nous permettre de nous exprimer », a-t-elle ajouté.
À Rennes, une jeune femme brandissait une pancarte sur laquelle était barrée la phrase “Protégez vos filles”. “Éduquez votre fils”, pouvait-on lire.
A Clermont-Ferrand, Stéphane Boufferet, 26 ans, ouvrier agricole, espère que Gisèle Pelicot obtiendra justice. “Quand j’ai lu l’histoire, j’ai été dégoûté, dégoûté même d’être un homme”, a-t-il dit.
Le cinéma français a été secoué ces dernières années par des accusations d’agressions sexuelles, notamment contre le légendaire Gérard Depardieu. Mais le procès qui s’est tenu à Avignon a attiré l’attention sur le viol dans la société.
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Parmi les manifestants à Paris se trouvait Charlotte Arnould, une actrice qui avait accusé Depardieu de l’avoir violée en 2018 alors qu’elle avait 22 ans et était anorexique. L’acteur de 75 ans est accusé de viol dans cette affaire depuis 2020 et les procureurs ont demandé le mois dernier qu’il soit jugé.
Parmi les manifestants présents dans la capitale figuraient également l’auteur d’un livre dénonçant l’inceste, Camille Kouchner, et la députée Sandrine Josso, qui avait accusé l’an dernier un sénateur de l’avoir droguée dans le but de l’agresser.