Selon une enquête rendue publique mardi 17 septembre par le Samu Urgences de France, de nombreux services « ont subi d’importantes difficultés de fonctionnement durant l’été, liées au manque de personnel soignant ».
Le mois dernier, le ministre de la Santé Frédéric Valletoux avait assuré que les choses allaient “un peu mieux que l’an dernier” dans les services d’urgences cet été par rapport à la saison estivale 2023. Le bilan dressé pour les mois de juillet et août par Samu Urgences de France dresse un tableau moins rassurant de la situation.
Selon le principal syndicat des médecins urgentistes, et ce “pour la troisième année consécutive”, de nombreux services ont subi “des difficultés opérationnelles majeures, liées au manque de personnel soignant et à une disponibilité de lits d’hôpitaux qui a de nouveau diminué”.
Selon les chiffres du Samu Urgences de France, qui regroupe 331 établissements hospitaliers, soit environ la moitié des structures d’urgence en France, 202 déclarent avoir dû fermer au moins une ligne médicale (équipe de soins). Cela représente 61% des répondants, alors que ce chiffre était de 57% l’an dernier.
Ces fermetures, concernant 84 départements, étaient le plus souvent « continues » (41% des cas) quand elles n’étaient pas « fréquentes » (37%) ou « ponctuelles » (21%).
L’hôpital de Laval, symbole d’une situation tendue
Symbole de cette situation, l’hôpital de Laval, en Mayenne, fait face depuis plusieurs mois à une pénurie de personnel. Durant l’été, l’établissement a été contraint de restreindre son accès aux urgences vitales la nuit. Entre 18h30 et 8h du matin, les patients devaient contacter le Samu pour savoir s’ils pouvaient accéder à l’hôpital.
Interrogée lundi après une garde de 24 heures, Carole Bremaud, médecin urgentiste à Laval, a déclaré à BFMTV que “l’été a été difficile” et qu’il lui a “mis du temps à se remettre de ses gardes”.
Les fermetures de lignes enregistrées par le Samu Urgences de France ont également été en hausse cet été par rapport à 2023 du côté des Smur, les structures mobiles d’urgence et de réanimation. Au total, 174 fermetures de lignes ont été enregistrées, contre 166 l’an dernier. Selon le syndicat, le secteur couvert s’est même “laissé sans aucune réponse du Smur pour répondre à l’urgence vitale” dans une dizaine de cas.
“D’année en année, on constate toujours la même chose : des services dégradés, une mauvaise qualité de prise en charge aux urgences alors qu’on est dans une situation dégradée”, dénonce Marc Noizet, président du Samu Urgences de France, sur BFMTV. “Et évidemment, la sécurité à domicile ou sur la voie publique n’est plus garantie quand on n’a plus de Smur.”
Selon l’étude du Samu Urgences de France, les services d’urgence ont également de plus en plus de difficultés à trouver des lits en aval pour hospitaliser leurs patients. Selon elle, 23 % des établissements étudiés ont fermé plus de lits en réanimation que d’habitude cet été, et 65 % des établissements ont fermé plus de lits en médecine ou en chirurgie que les étés précédents.
« Revoir le maillage territorial » des urgences
Pour le syndicat, compte tenu de la rareté des médecins urgentistes et parce qu'”il n’est plus viable de maintenir tous les services d’urgences actuels”, il est nécessaire de “réviser le maillage territorial” des urgences.
Certains services existants aujourd’hui pourraient évoluer en “unités de médecine d’urgence” (ouvertes 12 heures par jour seulement), et d’autres pourraient être “regroupés”, “pour regrouper les équipes sur des sites facilement accessibles à la population”, propose Samu Urgences de France.
Le syndicat estime toutefois qu’il faut maintenir un réseau suffisant d’équipes Smur afin que les urgences vitales puissent être traitées à temps sur l’ensemble du territoire.