L’objectif du centre de référence sur les attentats facilités par les substances est de recueillir, d’informer et de soutenir les victimes potentielles. De plus, il vise à mieux former les professionnels sur ce type d’agression.
Le centre d’addictovigilance de Paris lance une plateforme nationale de lutte contre la soumission chimique. Le CRAFS, le centre de référence des agressions facilitées par des substances, se veut une « plateforme de téléconseil dédiée à l’accompagnement des victimes de soumission chimique et de vulnérabilité chimique, ainsi qu’à l’accompagnement des professionnels ».
Situé sur le site de l’hôpital Fernand Widal à Paris, le CRAFS est joignable Du lundi au vendredi de 9h à 13h et de 14h à 18h par téléphone au 01.40.05.42.70 ou via le formulaire de contact.
Des pharmacologues, spécialisés dans l’usage criminel de substances et formés aux violences sexistes et sexuelles, sont chargés de répondre aux questions relatives aux agressions facilitées par les substances et d’apporter un accompagnement.
« Un angle mort » des violences faites aux femmes
L’objectif est de limiter « les dégâts provoqués notamment par l’errance thérapeutique (isolement de la victime, rumination anxieuse, syndrome de stress post-traumatique, tentative de suicide…) ».
Comme le rappelle la députée Sandrine Josso, qui a elle-même accusé une sénatrice de l’avoir droguée en vue de l’agresser sexuellement, la soumission chimique “est peu connue du grand public”. Elle estime néanmoins que le procès pour viol de Mazan met en lumière « un angle mort » des violences faites aux femmes.
Le CRAFS veut également « favoriser à court, moyen ou long terme la judiciarisation des dossiers par un accompagnement personnalisé prenant en compte la course contre la montre pour préserver les preuves ».
En effet, cette nouvelle plateforme souligne le fait qu’il peut être crucial d’agir rapidement en cas d’attaque facilitée par des substances. Il y a d’abord l’urgence juridique (élimination rapide des substances en cause, disparition d’éventuelles lésions, destruction de l’ADN étranger…) mais aussi une course contre la montre sanitaire (évaluation médicale, mise en place d’une prophylaxie anti-inflammatoire). -IST et/ou contraception d’urgence et surveillance infectieuse dans le cadre d’un viol, soutien psychologique, etc.).
Principe de « non-jugement »
Le CRAFS se veut rassurant et indique que l’équipe de téléconseillers est formée « à l’écoute ainsi qu’aux violences et harcèlements sexistes et sexuels (VHSS) ». Ils « recueillent des témoignages avec considération et respect en appliquant le principe de ‘non-jugement’ ».
Les entretiens sont confidentiels et permettent « d’échanger sur les substances utilisées, leur durée de détection et de fournir toute information utile à la révélation des preuves, notamment des recommandations d’analyses capillaires ».
« L’agression subie est systématiquement repositionnée au centre des échanges pour déconstruire le sentiment de culpabilité inhérent aux victimes », assure le CRAFS.
Formation des professionnels
Cette nouvelle plateforme vise également à servir directement les professionnels afin « d’assurer une meilleure formation et coordination des acteurs impliqués dans la prise en charge des victimes ».
Le CRAFS propose donc des formations pour différents secteurs d’activité comme la santé mais aussi les forces de l’ordre, la justice, les établissements de nuit, etc. Le centre organise également des interventions auprès des écoles et des étudiants.
Facteurs aggravants
La structure précise que ces attaques facilitées par des substances comprennent la soumission chimique, donc l’administration d’une substance à l’insu des victimes (ou sous la menace) à des fins criminelles ou délictuelles, mais aussi la vulnérabilité chimique qui est « un état de fragilité induit par la volonté volontaire ». la consommation d’une substance psychoactive rendant la personne plus vulnérable aux agressions. Dans les deux cas, elles constituent une circonstance aggravante au nom de la loi.
Le CRAFS rappelle les signes qui doivent alerter : « amnésie totale (évanouissement) ou partielle (éclairs), comportements inhabituels, somnolence, vertiges, perte d’équilibre, troubles de la vision, bouffées de chaleur, palpitations, nausées, vomissements, etc. sont autant d’évocateurs. symptômes qui doivent vous alerter s’ils sont associés à d’éventuels actes criminels ou délictueux (vêtements en désordre, traces de violences physiques, vol d’effets personnels, opérations inhabituelles sur le compte bancaire, saccage de l’appartement, modification de testament, etc.)”.