Ce texte rassemble les capsules contenues dans notre newsletter politique, publiée le jeudi à 17h00. Vous y trouverez un regard en quatre points sur les événements politiques de la semaine. Vous pouvez vous inscrire ici.
Nouvelles a rappelé dans un long rapport publié l’an dernier que la Coalition Avenir Québec avait été le premier parti à proposer une réduction du nombre d’immigrants permanents accueillis chaque année au Québec. C’était en 2012… et François Legault trouverait probablement la situation actuelle plus simple s’il s’en était tenu à cette intention initiale !
La question de l’immigration a évidemment beaucoup évolué depuis. La composition de l’immigration a complètement changé avec l’arrivée de centaines de milliers d’immigrants temporaires sur le territoire québécois. La planification de l’immigration est ainsi devenue d’une grande complexité : auparavant une opération comptable assez simple et passée sous le radar des médias, elle est devenue une question politique très délicate qui se répercute sur la crise du logement, la question de la francisation, la capacité de l’État à offrir des services publics, etc.
Que le gouvernement Legault doive ajuster son discours et ses ambitions pour s’adapter à la situation est normal. Sauf que les multiples discours et contre-discours finissent par créer de la confusion. La CAQ a remporté les élections de 2018 en promettant une réduction des objectifs en matière d’immigration – ce qu’elle a fait avant de revenir rapidement aux niveaux qu’elle avait dénoncés précédemment. Elle a remporté les élections de 2022 en arguant qu’avoir plus de 60 000 immigrants permanents serait « suicidaire » pour la nation québécoise, mais les données de Plan d’immigration du Québec 2025 a publié ce jeudi un projet d’accueil de 67 000 personnes l’année prochaine. Québec reproche au gouvernement fédéral d’avoir perdu le contrôle de l’immigration temporaire et lui demande de réduire de 50 % le nombre de travailleurs temporaires présents au Québec, mais ne peut lui-même réduire de 2 % le nombre qu’il gère. . Et côté inquiétudes concernant la langue française, on vient de passer une semaine à parler des classes de francisation qui ferment…
On peut ajouter à cette liste l’annonce faite l’an dernier concernant le Programme de l’expérience québécoise (PEQ). Le gouvernement a promis d’admettre « de façon continue » les diplômés du PEQ, qui n’étaient donc pas inclus dans le seuil d’immigration de 50 000 admissions. « Le profil des diplômés du PEQ correspond en tout point aux orientations du plan gouvernemental », a expliqué le gouvernement. Ces personnes qualifiées parlent français et sont titulaires d’un diplôme québécois, ce qui élimine toute question de reconnaissance des compétences. De plus, du fait de leurs années d’études au Québec, ils sont déjà intégrés à notre société et occupent déjà un logement. »
Or, un an plus tard, le ministre Roberge doit déjà mettre le kiboh à ces intentions – ce qui démolit l’argumentaire déployé à la fin de 2023. C’est que Québec n’avait pas prévu que le programme serait aussi populaire (près de 19 000 personnes auraient pu être admis en 2025 si le gouvernement n’avait pas décrété un moratoire). En soi, la décision est probablement la bonne sur le plan mathématique, mais il ne faut pas oublier que l’immigration concerne des personnes qui fondent leurs espoirs sur les politiques en vigueur et qui aimeraient certainement savoir qu’elles peuvent faire confiance aux promesses du gouvernement. …
Le numéro
1est
L’ancien maire de Gatineau, Maxime Pedneaud-Jobin, a été nommé mercredi directeur général du Musée national de l’histoire du Québec — le tout premier du nom de ce nouveau musée qui doit ouvrir ses portes en juin 2026. Il a été contacté directement par le ministre de la Culture, Mathieu Lacombe (également responsable de la région de l’Outaouais), qui n’a étudié aucune autre candidature. Sans formation ni expertise en histoire (sujet qui le passionne, cela dit), Maxime Pedneaud-Jobin a surtout été décrit comme un « grand nationaliste » par le ministre Lacombe, qui aurait aussi pu parler d’un séparatiste convaincu… En mai, l’ancien maire avait écrit une chronique dans La presse où il a présenté sa vision du futur musée, tout à fait en adéquation avec celle du premier ministre Legault, qui l’envisage comme un lieu de mise en valeur de l’histoire de la nation québécoise, visant à susciter un sentiment de fierté par rapport à celle-ci. L’annonce de la création de ce musée a soulevé une petite polémique au printemps, car François Legault lui-même avait fixé des balises quant à ce qui fait, ou ne fait pas, partie de l’histoire nationale du Québec. La balle est désormais dans le camp du PDG et de son équipe…
Le barêtre
👍 Soulèvement
Le scandale qui gangrène la Direction de la protection de la jeunesse (DPJ) semble être alimenté chaque jour par un nouvel épisode : relations sexuelles entre travailleurs et mineurs ici, trafic de drogue là, enfants placés trop vite à la banque. adoption ailleurs, etc. Le dossier fragilise grandement le ministre responsable du dossier, Lionel Carmant, en qui les partis d’opposition n’ont plus confiance. Mais il a tout de même trouvé cette semaine une nouvelle directrice nationale de la protection de la jeunesse, Lesley Hill, dont la nomination a été largement saluée. L’arrivée à ce poste clé de l’ancienne commissaire de la commission Laurent ne résoudra évidemment pas les problèmes par magie, mais sa longue expérience, son expertise et sa volonté affichée de s’attaquer aux racines du problème sont rassurantes. Sa première conférence de presse, jeudi, a été concluante : c’est bien sûr la partie facile du mandat qui commence…
👎 En déclin
Quel gouvernement a adopté la Loi visant à augmenter le nombre de véhicules automobiles zéro émission (VZE) au Québec ? Le libéral de Philippe Couillard. C’était en 2016. Dans sa définition officielle, la norme ZEV « soutient les objectifs gouvernementaux d’électrification des transports » et « prépare le terrain pour l’interdiction de la vente de véhicules légers à essence en 2035 ». Quel parti a voté il y a quelques semaines à peine une motion disant que « l’Assemblée nationale soutient une interdiction de la vente de véhicules de tourisme neufs à essence à partir de 2035 » ? Le Parti libéral du Québec, jusqu’ici cohérent dans sa pensée. Mais qui – c’est la dernière question de la capsule, promis – vient de changer de position, décrétant que le gouvernement Legault “va trop vite” avec l’objectif 2035 et qu’il faut “être réaliste”, car il y a des “enjeux” concernant la perception » ? Ces mêmes libéraux. Cependant, la seule chose qui a changé depuis la motion de septembre est l’apparition d’un sondage qui affirme que 54 % des gens ne sont pas d’accord avec l’interdiction de la vente de véhicules neufs à essence à partir de 2035.