En 2024, trois greffes de rein par don croisé ont été réalisées simultanément en France. Jusqu’alors, seuls les dons croisés avec deux couples donneurs et receveurs étaient autorisés par la loi.
C’est une première en France. En 2024, trois greffes de rein impliquant six couples donneurs/receveurs ont été réalisées simultanément entre les hôpitaux de Reims et de Bordeaux, indique l’Agence de la biomédecine dans un communiqué.
Ce premier « triplet » rendu possible grâce à des dons croisés marque une étape importante pour l’appariement des patients souffrant d’insuffisance rénale chronique terminale.
Le don croisé, autorisé en France par la loi de bioéthique du 7 juillet 2011, intervient lorsqu’un donneur vivant volontaire est incompatible avec son receveur proche. Dans ce cas, la loi autorise le croisement du greffon avec un autre couple donneur/receveur compatible se trouvant dans la même situation d’incompatibilité mutuelle.
Depuis le 2 août 2021, la nouvelle loi relative à la bioéthique autorise désormais jusqu’à six couples donneurs/receveurs, augmentant ainsi l’accès à la transplantation pour des milliers de patients.
Six opérations dans un délai maximum de 24 heures
La transplantation rénale, lorsqu’elle est possible, représente le traitement de choix de l’insuffisance rénale terminale. Il permet d’assurer normalement toutes les fonctions rénales, améliorant ainsi l’espérance de vie et la qualité de vie du patient.
Si la transplantation d’organes est une opération complexe, la transplantation simultanée de trois reins a représenté « un défi organisationnel et médical considérable » pour les équipes des CHU de Reims et de Bordeaux.
« Ainsi au total, six opérations liées les unes aux autres ont eu lieu, dans le délai maximum de 24 heures fixé par la loi », indique le communiqué.
« Cette prouesse témoigne de l’expertise et de la coordination exceptionnelles des équipes médicales et soignantes des deux centres hospitaliers universitaires sous l’égide de l’Agence de la Biomédecine. »
Le CHU de Reims est engagé depuis plusieurs années dans le développement de la transplantation rénale à partir de donneurs vivants. En 2022, l’établissement avait déjà réalisé sa première greffe par don croisé.
Un deuxième triplet prévu pour fin 2024
L’exploit réalisé par les équipes médicales s’inscrit dans le cadre du programme de don d’organes de l’Agence de la biomédecine. Chaque mois, l’établissement recherche d’éventuelles correspondances entre des patients en attente d’une greffe de rein qui ont un proche incompatible, mais qui se portent volontaires pour faire un don.
« Plus le nombre de couples donneurs-bénéficiaires enregistrés est élevé, plus grandes sont les chances d’identifier des couples compatibles entre eux au niveau national », indique l’Agence.
Pour parvenir à une compatibilité croisée entre les différents donneurs/receveurs, l’Agence déploie des algorithmes mathématiques capables de trouver la compatibilité sanguine et immunologique entre donneur et receveur. Elle participe ensuite à la synchronisation des interventions chirurgicales entre les différents établissements de santé aux côtés des équipes hospitalières.
Un deuxième triplet de greffes de reins provenant de donneurs vivants aura lieu d’ici la fin de l’année. Selon l’Agence de biomédecine, la transplantation à partir d’un donneur vivant s’est avérée plus efficace que celle réalisée à partir d’un donneur mort.
« Dix ans après la greffe, la survie des greffons issus de donneurs vivants est de 76,3 % contre 61,4 % pour les greffons issus de donneurs décédés », explique-t-elle.