Après avoir remporté 72 % des sièges aux dernières élections, la Coalition Avenir Québec (CAQ) se retrouve aujourd’hui face à la perspective d’un revers historique : un nouveau Pallas-Nouvelles-Qc125 donne au Parti Québécois (PQ) une avance de 15 points sur la CAQ. Si des élections avaient eu lieu cet automne, le parti de François Legault aurait pu se retrouver le quatrième parti d’opposition à l’Assemblée nationale, comme le démontre notre modèle électoral.
La deuxième partie du sondage Pallas réalisé le 26 novembre accorde au Parti québécois la faveur de 35 % des électeurs à l’échelle nationale, loin devant la CAQ (20 %). L’écart est similaire à celui mesuré par l’institut de sondage Léger deux semaines plus tôt (14 points). Le déclin de la CAQ est tel que les troupes de François Legault doivent désormais regarder dans le rétroviseur : le Parti libéral du Québec (PLQ), avec 18 % des appuis, est à égalité statistique.

Le Parti conservateur du Québec (PCQ) et Québec solidaire (QS) ferment la marche avec respectivement 13 % et 12 %.
L’impact de l’évolution des intentions de vote au Québec au cours des derniers mois se mesure mieux en observant l’effet sur la répartition des sièges au Québec. Selon le modèle électoral Qc125, si des élections avaient lieu actuellement, le PQ serait favorisé pour remporter la majorité à l’Assemblée nationale, avec une récolte (projection moyenne) de 75 sièges — 63 sont nécessaires pour former un gouvernement majoritaire.
À l’autre extrémité du spectre, le scénario actuel le plus probable n’accorde à la CAQ qu’une moyenne de cinq sièges, avec des intervalles de confiance allant de 15 sièges (dans l’hypothèse la plus optimiste) à… 0. Avec cinq députés, le parti passerait de statut de gouvernement supermajoritaire à celui du cinquième parti en importance au Québec — le modèle de projection donne actuellement six circonscriptions au Parti conservateur du Québec, dirigé par Éric Duhaime. Si tel était le cas, seuls François Legault, Sonia LeBel, Christian Dubé, Mathieu Lacombe et Mathieu Lévesque conserveraient leur place…

Le Parti libéral du Québec (toujours sans chef permanent) formerait toujours l’opposition officielle, avec une projection moyenne de 31 sièges. Le « plafond » du PLQ (37 sièges) demeure bas, principalement parce que le PLQ se classe toujours au dernier rang de la majorité francophone. Ainsi, si la projection de sièges du PLQ a augmenté au cours de l’année 2024, il s’agit d’un mouvement principalement attribuable à la fonte des soutiens à la CAQ.
Loin derrière, avec une moyenne de 8 sièges, se trouve Québec solidaire (qui compte actuellement 12 députés). Pour le Parti conservateur (six sièges, avec une fourchette de 1 à 10 députés), toute circonscription constituera un gain net, le parti n’étant pas représenté à l’Assemblée nationale.
Ces chiffres font-ils sourciller ? Tu n’es pas seul. Les distorsions de notre système électoral récompensent de manière disproportionnée les partis dont le vote est à la fois élevé et distribuémais punir sévèrement les partis qui votent faible et distribué. Rappelons qu’en 2022, le PLQ (14,4%), le QS (15,4%) et le PQ (14,6%) avaient chacun récolté des parts de voix similaires, mais la répartition des voix faisait que le PLQ avait remporté 21 sièges, contre 11 pour QS et seulement 3 pour le PQ. Et les conservateurs ? Même avec 12,9 % des voix, le parti d’Éric Duhaime est sorti bredouille de ces élections.
Rappelons également que François Legault s’était engagé à réformer le mode de vote en 2018, avant d’abandonner cette promesse fin 2021.
Cette projection n’est pas une prédiction pour l’élection d’octobre 2026, mais simplement un portrait du paysage politique québécois à la fin de 2024. Toutefois, si François Legault et la CAQ ne parviennent pas à inverser la tendance d’ici les élections, la CAQ pourrait battre le record du nombre de sièges perdus lors d’élections consécutives au siècle dernier au Québec. En 1976, le PLQ n’a remporté que 26 sièges, alors qu’il en avait remporté 102 en 1973, soit une perte nette de 76 sièges. Pour le moment, le modèle de projection prévoit une perte nette de 85 circonscriptions pour la CAQ, soit 94 % des sièges obtenus en 2022…
Le reste du sondage Pallas (dévoilé lundi, le premier volet concernait l’avenir de François Legault et évaluait la popularité des possibles prétendants à la direction de la CAQ) confirme donc que le Parti québécois termine l’année 2024 là où il a commencé — au sommet. des intentions de vote au Québec. Mais les troupes de Paul St-Pierre Plamondon ont réussi à creuser l’écart qui les sépare de la Coalition Avenir Québec et à consolider leurs appuis partout.
Les répartitions régionales de l’enquête s’alignent généralement sur les tendances observées ces derniers mois. Grâce à un soutien dominant dans les régions métropolitaines, le Parti Québécois arrive premier dans la grande région de Montréal avec 32 %, soit six points d’avance sur le PLQ (26 %) et 14 points d’avance sur la CAQ (18 %).
Dans la région de la Capitale-Nationale, où la montée du PQ a débuté en 2023, le parti souverainiste demeure en tête avec 33 % d’appuis. Le Parti conservateur du Québec se maintient avec 25 %, alors que la CAQ n’en récolte que 18 %.
Ailleurs au Québec, le PQ détient une avance de 15 points sur la CAQ, soit 41 % à 26 %. Les autres formations sont loin derrière : 13 % pour le PCQ, 11 % pour le QS et seulement 7 % pour le PLQ.
Au fond, la CAQ n’a plus d’assise régionale. Elle est à la traîne partout, ce qui, dans notre système électoral, peut faire pencher la balance dans un nombre disproportionné de circonscriptions.
Selon les analyses démographiques de Pallas, l’avancée du PQ est généralisée. Même s’il faut être prudent avec les sous-échantillons (car ils contiennent plus d’incertitude), les données nous montrent que le PQ recueille des pluralités d’appuis tant chez les hommes que chez les femmes, ainsi que dans chacune des tranches d’âge.
Parmi la majorité francophone, le PQ arrive en tête avec 42 % d’appui, soit une avance considérable de 19 points sur la CAQ.
Aucun parti politique, aussi dominant soit-il, ne peut espérer rester au sommet (ou même près du sommet) s’il perd – littéralement – la moitié de son soutien. C’est le cas ici. En octobre 2022, la CAQ avait obtenu 41 % des voix. Les deux derniers sondages sur le terrain, en novembre 2024, mesuraient un soutien de 21 % (Léger) et 20 % (Pallas) pour la CAQ à l’échelle nationale (voir la liste complète des sondages au Québec ici). Ces points perdus par la CAQ n’ont pas été dispersés un peu partout, ils ont migré presque entièrement au PQ.
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Cette enquête Pallas Data a été réalisée le 26 novembre 2024 auprès d’un échantillon aléatoire de 1 093 répondants québécois âgés de 18 ans et plus. Les données ont été collectées par réponse vocale interactive utilisant des appels téléphoniques fixes et cellulaires. L’enquête a été commandée par Qc125. La marge d’erreur sur l’échantillon complet est de ±3 %, 19 fois sur 20. Vous pouvez trouver le rapport de l’enquête ici. Les détails de cette projection de sièges sont sur la page Web du Qc125.