Près de deux ans après la levée de l’état d’urgence mondial décidée par l’OMS, le gouvernement souhaite revoir les conditions de remboursement des tests de dépistage du Covid-19. Une annonce qui pose problème aux pharmaciens alors qu’une épidémie de grippe sévit en France.
« Une décision incompréhensible en pleine épidémie ». L’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO) a dénoncé dans un communiqué ce mercredi 15 janvier un projet de décret visant à mettre fin au remboursement des tests antigéniques contre le Covid-19 alors que la France traverse une période d’épidémies hivernales.
“Ces mesures interviennent à un moment critique, en pleine épidémie de grippe et de bronchiolite en France, où les hôpitaux sont déjà saturés, les plans blancs se multiplient, et les cabinets médicaux ont encore du mal à absorber la demande des patients”, souligne le communiqué.
“S’il faut faire payer les tests aux patients, ils ne le feront plus et beaucoup d’infections seront perdues”, déplore Pierre-Olivier Variot, président du Syndicat des syndicats de pharmaciens d’officine, sur BFMTV. .
Faire entrer la stratégie contre le Covid-19 « dans le droit commun »
La volonté du ministère de la Santé ? Porter “la stratégie nationale de prévention et de prise en charge relative aux infections respiratoires aiguës d’origine virale (IRA), dont le Covid-19, (…) dans le droit commun”, indique à BFMTV la Direction générale de la santé.
Actuellement, les tests antigéniques Covid-19 sont les seuls tests rapides – qui détectent les infections respiratoires aiguës – à être en partie remboursés par l’Assurance maladie à hauteur de 16,5 euros. Tout comme les tests combinés qui permettent de détecter à la fois le Covid-19 et la grippe et parfois aussi la bronchiolite. Pour ces derniers, le patient doit actuellement s’acquitter d’un surcoût lié au dispositif médical de 3 euros.
Ainsi, le ministère de la Santé souhaite mettre fin au remboursement des tests antigéniques et de ces tests combinés, tous deux appelés TROD, tests rapides d’orientation diagnostique. “Les pharmaciens pourront continuer à réaliser des TROD Covid en pharmacie, ainsi qu’à proposer des autotests, à la demande des patients, mais ces derniers ne seront plus pris en charge par l’Assurance maladie”, a déclaré la Direction générale de la Santé sur BFMTV. .
Pour les tests combinés, “si l’aide est supprimée, les patients devront débourser 19,5 euros de leur poche”, déplore Guillaume Racle, économiste conseiller de l’Uspo, auprès de l’AFP.
Pour le syndicat des pharmaciens, “le déremboursement des tests antigéniques va priver les patients d’un outil indispensable pour détecter précocement et efficacement les infections respiratoires”.
L’Upso, qui appelle “le gouvernement à revenir au plus vite sur ce projet de décret”, perçoit cette décision comme “un véritable coup dans le dos des professionnels de santé”, “alors que le ministère appelle à une mobilisation renforcée autour de la vaccination contre la grippe en face”. de l’épidémie”.
Tests PCR remboursés sur prescription médicale
Concernant les tests virologiques RT-PCR, le décret prévoit que leur remboursement par l’Assurance maladie soit conditionné à la possession d’une prescription médicale, y compris pour les personnes à risque.
« Concernant les personnes vulnérables risquant de développer une forme grave, le recours à un test RT-PCR Covid-19 est recommandé, pour confirmer le virus en cause et adapter le traitement, si nécessaire. Une prescription médicale est dans ce cas nécessaire pour permettre le remboursement”, explique la DGS.
Ces nouvelles règles “n’entreront en vigueur qu’après la période épidémique dans laquelle nous nous trouvons actuellement”, précise le ministère, affirmant qu’il n’y a pas encore de date fixée.
Attention, aucun changement n’est prévu pour les tests rapides permettant de vérifier le caractère bactérien ou viral de l’amygdalite, effectués en pharmacie. Ils « sont accompagnés depuis juin 2024 et le restent », ajoute la DGS.
Et pour cause : “contrairement aux tests de dépistage du Covid-19, ils permettent d’indiquer à la pharmacie la prescription d’un antibiotique et contribuent à ce titre aux mesures de bon usage des antibiotiques et de lutte contre la résistance aux antibiotiques”.
Une dissonance avec les propos de François Bayrou ?
Le président de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine juge ce projet « incompréhensible » au vu des propos tenus par le Premier ministre dans son discours de politique générale de ce mardi. François Bayrou a annoncé qu’il revoyait les dépenses d’assurance maladie à hauteur d'”un milliard d’euros” et supprimait le remboursement partiel des médicaments et des consultations médicales.
“On ne peut pas dire aux patients partout en France qu’il n’y aura pas de remboursement et que ces tests seront remboursés, c’est complètement absurde”, estime Pierre-Olivier Variot. “Je ne vois pas l’objectif sur le plan médical et je ne vois pas l’objectif sur le plan politique.”
De son côté, la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France ne s’étonne pas que la pandémie de Covid soit officiellement derrière nous, mais elle plaide pour un traitement alternatif plus ciblé.
« Il serait utile, lors des épidémies hivernales de syndromes respiratoires, de maintenir le remboursement des tests combinant détection de la grippe, du Covid et du virus de la bronchiolite pour la population fragile, c’est-à-dire les plus de 65 ans et les patients et personnes atteintes de maladies de longue durée. “, a déclaré à l’AFP son président Philippe Besset.