Un patient de l’hôpital Sainte-Marguerite de Marseille (Bouches-du-Rhône) est le premier cas de guérison fonctionnelle du VIH après allogreffe de moelle osseuse en France et le huitième dans le monde.
C’est une première en France : à Marseille, une femme séropositive est désormais potentiellement guérie du VIH. Le patient, âgé d’une soixantaine d’années et suivi à l’hôpital Sainte-Marguerite, a été diagnostiqué séropositif en 1999. Traité pour cette infection par le VIH avec des antirétroviraux – comme c’est le cas pour toutes les infections de ce type. , sa charge virale était devenue « indétectable », ou contrôlée par un traitement, à partir de 2010.
Le docteur Sylvie Bregigeon, qui dirige le Centre d’information et de soins sur l’immunodéficience humaine et les hépatites virales (CISIH) de l’hôpital Sainte-Marguerite, rappelle sur le site Internet de l’établissement “qu’une charge virale indétectable n’est pas forcément synonyme de guérison”.
“En effet, il reste toujours des traces ou des fragments de virus latents capables de se réactiver, de se répliquer à nouveau et de réintégrer la circulation générale. C’est la raison pour laquelle le VIH est une infection chronique persistante nécessitant normalement un traitement à vie”, ajoute-t-elle.
Le patient transplanté pour une leucémie
Dix ans plus tard, en 2020, les médecins lui ont diagnostiqué une leucémie myéloïde aiguë, un cancer du sang. En juin de la même année, le patient reçoit une allogreffe de moelle osseuse à l’Institut Paoli-Calmettes de Marseille. Une allogreffe est une greffe de cellules souches de moelle osseuse provenant d’un donneur compatible avec le patient atteint d’une maladie maligne.
Les médecins sont parvenus à trouver un donneur compatible avec le patient, mais présentant également “une caractéristique recherchée” en cas de séropositivité. Cette particularité est génétique : une mutation « appelée Delta32 dans le gène CCR5 », qui protège naturellement contre l’infection par le VIH.

“En effet, les rares personnes dans le monde présentant cette mutation génétique sur les deux allèles du gène CCR5 ne peuvent pas être contaminées par le VIH”, souligne le Docteur Sylvie Bregigeon.
Le succès d’une greffe similaire avait été observé dans 6 des 7 cas de guérison fonctionnelle du VIH rapportés dans le monde. Forts de cet espoir, les médecins se réjouissent désormais du même résultat chez le patient marseillais.
“Notre patient est visiblement ravi”
Après sa greffe, elle a continué pendant trois ans à suivre son traitement antirétroviral habituel contre le VIH, sous la surveillance très étroite des équipes médicales. Depuis, tous les tests de présence du virus se sont révélés négatifs. « La patiente a arrêté son traitement en octobre 2023 », ajoute le docteur Sylvie Bregigeon.
« Jusqu’à aujourd’hui, tous les résultats sont restés négatifs ! Notre patiente est visiblement ravie», se réjouit-elle.
Et de conclure : “Un plus grand recul est cependant nécessaire pour consolider ces résultats, mais on peut déjà parler de rémission de l’infection au VIH et d’un cas potentiel de guérison, le premier en France et le huitième dans le monde.”
Même si elle ne peut actuellement être généralisée à tous les patients atteints du VIH en raison de la lourdeur thérapeutique associée à l’allogreffe, cette avancée ouvre de nouvelles perspectives pour la recherche sur le virus. Et pour ses patients.