Depuis 2020, des dizaines de femmes ont porté plainte pour signaler des effets secondaires graves liés à l’insertion de dispositifs médicaux par voie vaginale ou abdominale. Une enquête avait été ouverte pour tromperie aggravée et blessures involontaires.
Le parquet de Paris a classé sans suite l’enquête pour tromperie aggravée et blessures involontaires sur les conséquences de la mise en place fin décembre de dispositifs médicaux censés traiter la descente d’organes ou l’incontinence urinaire chez la femme, a appris l’AFP vendredi 17 janvier de source proche du matière.
“Il n’y a eu aucune infraction à la réglementation en vigueur, que ce soit de la part des fabricants ou de la part des organismes notifiés chargés de certifier lesdits appareils”, peut-on lire dans le raisonnement du parquet consulté par l’AFP.
Le parquet souligne que “l’utilisation de la notice a démontré que chez la plupart des fabricants, la question des effets secondaires et de la quasi-irréversibilité des dispositifs n’était pas passée sous silence”.
Le ministère public fait également valoir que “dans la grande majorité des cas, ces dispositifs sont bien supportés et que la pertinence de leur installation ne peut être remise en cause”.
Quant aux autorités sanitaires, chargées du contrôle a posteriori des dispositifs médicaux, qui ont mené une étude de matériovigilance en 2005, elles se sont montrées « proactives » notamment à partir de 2018.
Incontinence, saignements, etc.
Depuis 2020, ces dizaines de patientes ont porté plainte à Paris, dénonçant des effets secondaires graves liés à la pose entre 1999 et 2023, par différents chirurgiens, de bandelettes sous-urétrales et de prothèses de renforcement pelvien de différentes marques, installées par voie vaginale. ou abdominale.
Une enquête préliminaire a été ouverte en avril 2021, pour tromperie aggravée et blessures involontaires, au service de santé publique du tribunal judiciaire de Paris, confiée à l’Office de lutte contre les atteintes à la santé publique (Oclaesp).
Ces dispositifs médicaux, développés depuis la fin des années 1990, sont destinés au traitement de l’incontinence urinaire et du prolapsus (descente) des organes pelviens.
Les plaignants soutiennent que les laboratoires ont sciemment minimisé, voire dissimulé, les risques de leurs dispositifs contenant du polypropylène, notamment les difficultés, voire l’impossibilité, de les retirer. Parmi les effets indésirables : incontinence, infections, saignements, lésions, douleurs chroniques.
Une « vie brisée » par les prothèses
“Nous apprenons le rejet des 111 plaintes déposées par des femmes dont la vie a été bouleversée par la pose de prothèses vaginales sans qu’aucune information ne leur ait été donnée sur les conséquences possibles sur leur santé”, ont confirmé à l’AFP les avocats des plaignantes, Hélène Patte, Amandine Sbidian, Dorothée Bisaccia et Laure Heinich.
“Certains d’entre eux se sont retrouvés très gravement handicapés”, ont-ils souligné, rappelant que “la pose de ces prothèses a fait l’objet de condamnations partout ailleurs dans le monde pour le scandale sanitaire qu’elles représentent”.
Ils comptent faire « un recours auprès du parquet pour qu’il nomme un juge d’instruction du pôle santé du tribunal judiciaire de Paris ».
Les plaignants pourraient également se tourner vers la justice civile, pour obtenir réparation des dommages causés par ces appareils à leur santé.
Une plaignante dit qu’elle « tombe des nuages »
Anne-Laure Castelli, plaignante qui a lancé le collectif « Balance ta bandelette », se dit « en difficulté » par ce classement. “Il y avait des raisons de poursuivre l’enquête.”
Aux États-Unis, les prothèses posées par voie vaginale ont été classées « à haut risque » en 2016 et interdites en 2019. Des procédures ont été réalisées dans le monde anglo-saxon et plusieurs laboratoires ont payé de lourdes amendes, notamment aux États-Unis. United, pour régler les procès.
En France, la pose d’implants pour prolapsus par voie vaginale est suspendue depuis 2019. Ceux posés par voie abdominale et certaines bandelettes sous-urétrales sont toujours autorisées et leur pose est désormais réglementée.