Avec un encours total plus élevé que jamais, conjugué à un taux d’intérêt élevé, le record de l’année précédente ne pouvait que tomber : les intérêts versés sur le Livret A et le Livret de développement durable et solidaire (LDDS) au cours de l’année 2024 ont atteint 16,80 milliards d’euros, a annoncé mercredi 22 janvier la Caisse des dépôts (CDC). A ces intérêts records s’ajoutent les dépôts des épargnants français qui ont dépassé les retraits de 21,42 milliards d’euros.
Cela porte l’encours total des deux livrets d’épargne défiscalisés également à son plus haut, à 603,1 milliards d’euros au 31 décembre 2024, en hausse de 38,2 milliards d’euros par rapport à fin 2023, soit + 6,8 %.
Pour atteindre le même niveau de performance l’an prochain, l’augmentation de l’encours total devra compenser la baisse de 3% à 2,4% du taux des deux livrets d’épargne prévu au 1euh Février 2025.
L’épargne est en hausse depuis le confinement de 2020
Après un automne morose, le mois de décembre a été bien meilleur pour le Livret A comme pour le LDDS, avec 3,93 milliards d’euros collectés, et a permis à la collecte nette de ces deux livrets de franchir la barre des 20 milliards d’euros sur l’année. Pour le Livret A, il s’agit même de la plus grosse collecte pour un mois de décembre depuis 2009, année de généralisation de sa distribution dans toutes les banques. C’est cette dernière et la Caisse des Dépôts elle-même qui rémunèrent les intérêts du Livret A et du LDDS.
L’épargne réglementée est toujours en hausse depuis le confinement de 2020 – lorsque les Français ont été contraints de consommer moins – même si une forme de normalisation a été observée en 2024 par rapport à 2023, année où les encours totaux ont augmenté. de plus de 10 %.
Conjugué à la baisse de l’inflation tout au long de l’année 2024, le maintien du taux à 3 % a permis au Livret A de retrouver un rendement réel positif : lorsque le taux de ce dernier est supérieur à l’inflation, les épargnants gagnent mécaniquement de l’argent.
« On aurait pu penser que la baisse de l’inflation aurait pu inciter les ménages à dépenser davantage. Mais l’incertitude générale encourage les économies. »» déclare Eric Dor, directeur des études économiques à l’IESEG School of Management. Les valses gouvernementales, le flou qui entoure l’avenir économique, l’instabilité géopolitique sont autant de facteurs qui encouragent « épargne de précaution »il explique.
Le livret d’épargne populaire atteint son apogée
La baisse du taux du Livret A, sans précédent par son ampleur depuis 2009, pourrait le soumettre à la concurrence des contrats d’assurance-vie, notamment des fonds en euros, à capital garanti.
Les Livrets A et LDDS « Rester attractif »juge néanmoins Eric Dor, notamment parce que “sauf une énorme surprise”le taux, même en baisse, devrait « Rester au-dessus du niveau d’inflation ». Mais il ne l’est pas “pas exclu” que nous voyons « certains épargnants actifs » transférer leur épargne vers l’assurance-vie.
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Le président du Cercle de l’Épargne, Philippe Crevel, estime dans une note que « la persistance d’un contexte politique et économique incertain pourrait conduire les ménages à maintenir leurs versements à un niveau élevé sur le Livret A ou le LDDS ».
De son côté, le Livret d’épargne populaire (LEP), réservé aux épargnants modestes, a connu une année 2024 moins performante que l’année précédente : son encours atteint 82,2 milliards d’euros, en hausse de 14,3%, bien loin des 50% saut qu’il a vécu en 2023.
« La capacité d’épargne de cette catégorie de la population n’est pas très élevée »note Éric Dor. « Cela représente quand même une résurgence, puisque depuis juillet nous observons une lente baisse des collectes sur le LEP. Mais cela reste bien inférieur à décembre 2023”précise Stéphane Magnan, directeur financier du fonds d’épargne de la Caisse des Dépôts.
Le LEP verra également son taux baisser le 1er février 2025 : il passera de 4% à 3,5%. Une baisse que le gouvernement a voulu moins drastique que ce que prédisaient les calculs théoriques (2,9%). Le nombre de détenteurs de ce livret, accessible sous conditions de revenus, tend à plafonner : il s’élevait à 11,8 millions fin 2024, loin des 19 millions de foyers qui pourraient y prétendre. La Banque de France ambitionne d’en ouvrir un million de plus cette année.